Haute technologie hautement toxique!

Greenpeace rappelle les leaders de l’industrie électronique à la responsabilité

Communiqués de presse - mars 9, 2006
A l’occasion du plus grand salon international de l’électronique, le CeBIT, qui s’ouvre ce jour à Hanovre, les militants de Greenpeace ont érigé, devant l’entrée principale, un robot géant fait de déchets électroniques. Il s’agit de rappeler aux acteurs de ce secteur qu’en parallèle du développement incessant d'outils toujours plus rapides, plus petits et plus intelligents, il devient criminel d’ignorer les montagnes de déchets toxiques produits par cette activité et surtout les graves conséquences sanitaires et environnementales qu’une telle situation induit.

A l’occasion du plus grand salon international de l’électronique, le CeBIT, des militants Greenpeace ont érigé un robot géant fait de déchets électroniques.

Ce n'est pas le premier appel à la responsabilité que Greenpeace envoie à l'industrie électronique en lui demandant d'éliminer de ses  produits les substances chimiques les plus dangereuses et de progresser vers la Production Propre (1). Plusieurs entreprises  commencent à relever le défi. La semaine dernière, le leader du secteur, Hewlett-Packard, longtemps cible de la campagne actuelle de Greenpeace sur les déchets électroniques, a ainsi annoncé un plan d'élimination des retardateurs de flamme bromés  et du PVC d'ici 2007 sur l'ensemble de sa gamme (2).

«Aujourd'hui, au CeBIT, Greenpeace pose la question: à qui le tour? Qui sera la prochaine entreprise à adopter la voie de la responsabilité? Qui préfère devenir la prochaine cible de notre campagne?» commente Paul Delaunois, directeur de Greenpeace  Luxembourg.

«CeBIT est la vitrine étincelante de la technologie, illustrant par ses centaines d'expositions à quel point elle sait relever les défis de l'ère de l'information, mais il est vain d'y chercher la moindre allusion aux arrières-cours toxiques de ce formidable développement; rien sur les tragédies humaines et écologiques du commerce des déchets électroniques, cachons ces honteuses décharges indiennes et chinoises que nous ne saurions voir!»  ironise Paul Delaunois.

Le «e-Robot» de Greenpeace est constitué de déchets électroniques, collectés sur les décharges d'Inde et de Chine, dont les marques renvoient à de nombreuses grandes entreprises du secteur. Il est aussi équipé d'écrans vidéos sur lesquels défilent des images des décharges asiatiques, choquantes pour les conditions précaires de travail et de protection de l'environnement.  «Il est temps d'ouvrir les yeux sur le contraste entre, d'un côté, la haute technologie déployée par ce secteur et, de l'autre, les  techniques ultra-rudimentaires de gestion des déchets dans ces pays que nous inondons sous nos déchets», déclare sur place  Martin Hojsik, coordinateur de la campagne toxique à Greenpeace International.

Les concentrations de plomb mesurées dans des échantillons de poussières collectés par Greenpeace dans des ateliers de «recyclage» chinois étaient des centaines de fois supérieures aux niveaux typiques en environnement domestique. La poussière ramassée dans les logis de deux ouvriers-recycleurs chinois montrait des niveaux plus élevés de métaux lourds, en particulier de plomb, que des poussières de logements voisins dont les occupants n'avaient aucun lien avec le e-recyclage. En Inde, les niveaux de plomb des poussières des ateliers atteignaient environ 5 à 20 fois le niveau moyen dans l'environnement (4).

Des entreprises comme Hewlett Packard, LGE, Motorola, Nokia, Samsung, Sony et Sony Ericsson ont pris des engagements visant à cesser l'usage de plusieurs substances dangereuses dans un avenir proche. D'autres comme Acer, Apple, Dell, Fujitsu-Siemens,  IBM, Lenovo, Panasonic, Siemens et Toshiba ont jusque-là refusé d'effectuer de tels engagements. Le mot d'ordre du salon CeBIT était cette année «solutions digitales pour le travail et la vie»; Greenpeace invite les organisateurs à placer la prochaine édition sous le slogan «solutions digitales sans pollution» conclut Martin Hojsik.

Other contacts:

Paul Delaunois, tél.: (+352) 54 62 52 22 ou (+ 352) 021 49 30 14

Notes:

1. L’industrie électronique utilise une grande variété de substances dangereuses sur ses lignes de production et ses gammes de produits. En juillet 2006, une Directive Européenne (RoHS – Restriction des Substances Dangereuses) entrera en vigueur pour exiger de l’industrie l’élimination de quatre types de métaux lourds (plomb, cadmium, chrome et mercure) ainsi que de deux retardateurs de flamme bromés (RFB). Greenpeace souhaite que l’industrie s’engage au-delà de la base minimaliste de cette directive et élimine tous les RFB et le PVC.

2. HP a publié dans son rapport annuel un plan">http://www.hp.com/hpinfo/globalcitizenship/gcreport/products/materialinnov.html">plan d’abandon de tous les types de RFB et du polychlorure de vinyle (PVC) de toute sa gamme de produits d’ici 2007.

3. Les compagnies électroniques génèrent avec une croissance phénomènale un nouveau flux de déchets posant des problèmes d’échelle mondiale. Le PNUE estime que 20-50 millions de tonnes de e-déchets sont produits chaque année, soit une moyenne de 4000 tonnes par heure.

4. L’été dernier Greenpeace avait publié un rapport">http://www.greenpeace.org/international/press/reports/recyclingelectronicwasteindiachinafull">rapport d’investigations scientifiques sur les substances chimiques trouvés dans les décharges où les e-déchets sont recyclés en Inde et en Chine. Les résultats portant sur l’analyse de poussières issues des ateliers ou d’échantillons d’eaux usées, de sols et de sédiments des rivières locales montrent que ces chantiers de recyclage libèrent des substances chimiques dangereuses, dont des métaux lourds, dans l’environnement de travail et l’environnement voisin, provoquant de graves dommages sanitaires et écologiques.