Elle a, en effet, accordé un volume total autorisé de captures
(29500 tonnes dès l'an prochain et 25.000 tonnes en 2010)
équivalant au double recommandé par son propre comité scientifique
(15.000 tonnes dès l'an prochain).
L'Union Européenne, sous la pression de la France et de
l'Italie, a, tout au long des négociations de cette session 2006,
torpillé les recommandations des Etats-Unis de réguler le nombre de
prises de thon rouge chaque année.
La Commission a, de même, failli à s'accorder sur la période de
repos biologique durant la période la plus fertile et a bloqué les
propositions de créer un groupe de travail pour identifier les
responsables de pêche illégale.
«L’industrie des pêcheurs de thon rouge méditerranéen veut préserver ses privilèges comme si de rien n’était,
déclare Sébastian Losada, chargé de campagne Océans. Ils vont ratisser les stocks et détruire leur propre avenir. La Commission Européenne leur a donné carte blanche pour exterminer un des poissons méditerranéens les plus porteurs de valeur, tant économique, qu’historique et culturelle.»
Dans le soi-disant «plan de redressement» proposé par l'Union
Européenne, la pression de pêches ne diminue que dans des
proportions insignifiantes, et la protection des spécimens en cours
de reproduction n'aura aucun impact significatif.
Après avoir ignoré les recommandations scientifiques selon
lesquelles 15.000 tonnes au maximum devraient être extraites tous
les ans, la délégation européenne a également fait obstruction à la
mise en place de mesures destinées à mettre un terme à la pêche
pirate.
Le thon rouge de Méditerranée connaît un des taux de pêche
illégale les plus élevé au monde, avec 50.000 tonnes de capture
effective pour un quota légal de 32.000.
«Ce plan ne laisse aucun espoir en matière de redressement du stock,
s'insurge Stéphan Beaucher, responsable de campagne Océans pour
Greenpeace France. Il n’a d’autre objet que de soutenir la filière de la pêche industrielle et de l’engraissement, celle-ci n’ayant aucune vision à long terme. De plus, ce plan offre sur un plateau une amnistie totale pour tous les dépassements de quotas et de pêche illégale enregistrés ces dernières années, et constitue, de fait, une sentence de mort pour le thon rouge en Méditerranée.»
L'état du stock méditerranéen constitue en outre une
illustration très claire de l'échec de la gouvernance et des
Organisations Régionale des Pêcheries (ORP) pour mettre en place
des schémas durables de gestion des ressources marines, alors même
qu'elles en revendiquent la responsabilité.