Principale ligne de force du plan
Greenpeace soutient pleinement l'engagement politique visant à
stimuler l'essor des énergies renouvelables. «La réalisation de
l'objectif de 20% d'énergies renouvelables (d'ici 2020),
constituera une étape cruciale vers un futur énergétique propre,
sûr et débarrassé des technologies polluantes comme le charbon et
le nucléaire», commente Roger Spautz de Greenpeace Luxembourg.
Principales faiblesses du plan
L'ensemble du plan est basé sur un objectif insuffisant de
réduction de 20% de GES d'ici 2020 (année de référence 1990).
«Beaucoup de mesures progressives sont proposées mais il est
regrettable que le plan ne s'articule pas autour d'un objectif de
réduction de 30%. En suivant l'objectif du plan (-20% de GES d'ici
2020), les états membres et l'industrie baseront leurs efforts sur
un objectif de réduction inadéquat, ne répondant pas aux
prescriptions définies par le GIEC (groupe d'experts internationaux
des Nations Unies travaillant sur le climat) et ne permettant pas
de lutter efficacement contre les changements climatiques».
Heureusement, il semble que cet objectif puisse être revu à la
hausse. L'Union européenne a prévu un mécanisme permettant de le
renforcer dès la conclusion d'un accord international sur le
climat.
Inscrite dans le cadre de l'objectif des 20% d'énergies
renouvelables à atteindre, l'obligation d'utiliser 10%
d'agrocarburants dans le secteur des Transports inquiète les
organisations de défense de l'environnement. Les normes définies
par la Commission ne suffisent pas à garantir une production
durable sans impact négatif sur l'environnement ou les droits
sociaux. «Il est plus efficace d'utiliser de la biomasse, produite
de manière durable, pour générer de l'électricité ou de la chaleur
que de la gaspiller dans des voitures énergivores», poursuit Roger
Spautz.
Le train de mesures annoncé aujourd'hui prévoit aussi de
nouvelles règles pour le marché et les quotas des émissions
réservés à l'industrie de l'UE, applicables après 2012. «La
Commission entérine ainsi quelques-uns des principaux défauts des
règles actuelles». Il est en effet essentiel de réduire le nombre
de permis carbone à distribuer gratuitement et d'imposer des règles
identiques à tous les secteurs industriels, que leurs activités
soient localisées ou non en Europe. Mais la Commission en abondant
dans le sens de l'industrie, tolère de manière consciente des
échappatoires dans sa propre proposition. «Nous allons à présent
nous adresser aux parlementaires européens et aux gouvernements de
l'UE pour éliminer toutes ces distorsions», déclare Roger
Spautz.
Greenpeace estime qu'il reste encore beaucoup trop de
possibilités pour les états membres et l'industrie, de réaliser
l'effort de réduction en dehors des territoires nationaux. Pour
Greenpeace, l'objectif à atteindre doit être une réduction de -30%
des émissions de GES (d'ici 2020, année de référence 1990) et il
doit être atteint au sein des frontières de l'Union européenne.
C'est seulement après avoir rempli ces conditions que l'on pourra
envisager de poursuivre l'effort en dehors des frontières UE.
Greenpeace est également préoccupée par la position exprimée par
la Commission en matière de capture et de séquestration du carbone
(CCS). Cette technologie onéreuse est encore loin d'avoir fait ses
preuves et pourrait encourager la construction de nouvelles
centrales au charbon, sous prétexte qu'elles seraient en mesure
d'assurer dans un avenir incertain une capture du carbone.
Le Luxembourg et l'"Energy Package"
La contribution du Luxembourg, à l'objectif de 20% d'énergies
renouvelables à atteindre au sein de l'Union européenne pour 2020,
devrait s'élever à 11%. Cette contribution à l'effort européen est
- mis à part celui de Malte - le moins élevé des pays membres. Il
ressort de l'analyse que la Commission européenne a fait une
exception pour le Luxembourg dans son calcul pour la contribution à
l'objectif européen. Greenpeace estime que cet objectif
relativement peu contraignant, même s'il est accueilli avec
soulagement par le gouvernement, va à terme défavoriser le
Luxembourg en lui faisant manquer le train de la révolution
énergétique.
En ce qui concerne l'objectif de réduction des GES, le
Luxembourg aura paradoxalement le droit de polluer plus. Dans le
cadre du protocole de Kyoto, le Luxembourg doit réduire ses
émissions de 28% pour la période 2008 - 2012 par rapport à l'année
de référence 1990, soit passer de 12,7 millions de tonnes de CO2 en
1990 à 9,01 millions de tonnes par an. D'après cet engagement, les
émissions de GES du Luxembourg ne devraient donc pas excéder 9,139
millions de tonnes. Or avec la nouvelle proposition de la
Commission européenne, qui prend comme base de calcul l'année de
référence 2005, le Luxembourg aura le droit d'émettre 10,16
millions de tonnes de GES en 2020.
«Au lieu d'imposer des réductions plus contraignantes pour la
nouvelle période, le Luxembourg aurait, en fait, le droit de
polluer plus. Si en plus on prend en compte le fait que le
Luxembourg ne devra pas faire de gros efforts dans le domaine des
énergies renouvelables, il faut bien reconnaître que les nouvelles
règles édictées par la Commission ne sont pas logiques pour le
Luxembourg», conclut Roger Spautz.
Greenpeace est d'avis que le Luxembourg brade son avenir en
n'adoptant pas une position très offensive en matière de protection
du climat et que les mesures proposées par la Commission ne
l'encouragent certainement pas à aller de l'avant.
L'organisation va analyser les possibilités pour intervenir
auprès de la Commission européenne, afin que l'objectif de
réduction des GES pour 2020 du Luxembourg soit révisé.
Other contacts:
Roger Spautz; tel: 54625227 ou 621233361
Notes:
Un document présentant l’analyse de l’Energy Package par Greenpeace est disponible en anglais via le lien:
http://www.greenpeace.org/raw/content/eu-unit/press-centre/policy-papers-briefings/briefing-on-commission-energy-package.pdf
Greenpeace préconise une réduction de 30% des émissions de GES de l’Union, à l’horizon 2020 (par rapport à 1990) car cet objectif renvoie à la nécessité de maintenir l’augmentation des températures planétaires sous les 2° Celsius (par rapport à la période pré-industrielle). Par ailleurs, l’objectif de réduction de 20% défendu par la Commission européenne semble peu ambitieux si on le compare avec l’objectif accepté à Bali qui imposerait aux pays industrialisés des réductions de GES de 25 à 40%, d’ici 2020.