La ligne Sotel n’est pas nécessaire

Communiqués de presse - juillet 6, 2011
Greenpeace a présenté ce matin, lors d’une conférence de presse en présence du Dr. Ing. Eckehard Tröster, une étude réalisée par le bureau spécialisé Energynautics, sur les réseaux de distribution d’électricité luxembourgeois qui démontre qu’une connexion avec le réseau français n’est pas nécessaire pour garantir la sécurité d’approvisionnement et ne permettra ni court, ni à moyen terme d’augmenter l’importation d’énergie renouvelable au Luxembourg.

STUDIE ZUM LUXEMBURGISCHEN IMPORT VON STROM AUS ERNEUERBAREN ENERGIEN UNTER SPEZIELLER BERÜCKSICHTIGUNG NEUER HOCHSPANNUNGSLEITUNGEN ZWISCHEN LUXEMBURG UND FRANKREICH

Dans le cadre de sa campagne contre la construction de la ligne haute tension que Sotel et Creos essayent de construire pour interconnecter le réseau luxembourgeois et le réseau français en vue d'importer de l'électricité nucléaire et dont le tracé traverse une zone Natura 2000, Greenpeace a demandé au bureau allemand Energynautics d'analyser l'intérêt d'une telle connexion pour garantir la sécurité d'approvisionnement électrique et quel serait l'impact d'une telle ligne sur l'importation d'électricité produite à partir d'énergies renouvelables.

«En effet depuis 2004, le discours relatif à l'interconnexion du Luxembourg avec la France de M. Krécké, ministre de l'Economie et du Commerce extérieur en charge des questions énergétiques, a beaucoup évolué. Si au départ, M. Krécké affirmait qu'une interconnexion supplémentaire n'était pas prioritaire, au fil du temps, son engagement en faveur de la construction de la ligne Sotel, c'est fait de plus en plus virulent. Il utilise maintenant, de façon récurrente, des arguments faux et démagogiques, comme la sécurité de l'approvisionnement électrique du pays ou l'intérêt de cette ligne pour importer des énergies renouvelables. Nous remettons les pendules à l'heure avec cette étude» dira en introduction Paul Delaunois, le directeur de Greenpeace Luxembourg.

L' étude de réseau de Greenpeace Greenpeace Netzstudie») démontre que le Luxembourg ne dispose d'aucune source d'énergie renouvelable lui permettant de devenir un pays exportateur d'énergies renouvelables (comme par exemple la Norvège). «C'est pourquoi il n'est pas nécessaire de développer un réseau basé sur l'exportation d'énergies renouvelables» développe le Dr. Eckehard Tröster.

En analysant la consommation ramenée par habitant qui est particulièrement élevée au Luxembourg, l'auteur de l'étude reconnait que le Luxembourg restera du moins à court et moyen terme, un pays importateur d'énergie électrique. Mais l'étude précise qu'en se basant sur les capacités de production en énergie renouvelable du Luxembourg, le pays pourrait réduire nettement sa dépendance vis-à-vis de l'étranger, et il critique au passage la politique énergétique du gouvernement qui ne développe pas suffisamment  le potentiel existant  au niveau du photovoltaïque et de l'éolien. «Au regard des spécificités du réseau électrique existant, des mesures d'adaptation du réseau de distribution pourraient s'avérer nécessaires, notamment en vue de renforcer l'intégration de la production décentralisée d'énergie renouvelable. Par exemple, la centrale de pompage de Vianden pourrait être utilisée pour compenser les fluctuations liées à la production d'électricité renouvelable, si celle-ci était plus développée» explique le Dr. Tröster.

Les prévisions de croissance économique ainsi que l'augmentation de la population devraient entraîner une poursuite de l'accroissement de la consommation énergétique et des pointes de charge dans les prochaines années. Or, l'estimation de ces valeurs est déterminante pour évaluer les besoins en matière de réseau. En tenant compte des différentes mesures qui interviendront nécessairement comme une amélioration de l'efficacité énergétique, une augmentation modérée de la charge, limitée à environ 1 % par an, peut être considérée comme réaliste. En vertu de quoi, les études de réseau précédentes démontrent que des mesures d'adaptation modérées du réseau, comme par exemple la fusion des réseaux Sotel et Creos, permettraient sans aucun problème d'assurer la sécurité d'alimentation électrique avec les lignes et interconnexions actuellement en place. «En d'autres termes, précise le Dr. Tröster, des lignes d'interconnexion supplémentaires ne sont pas absolument nécessaires pour assurer la sécurité d'alimentation électrique du Luxembourg».

Si la proportion des énergies renouvelables (ER) dans la consommation électrique du Luxembourg s'élevait en 2008 à 4,1 %, la part la plus importante de cette électricité provenait de l'électricité importée d'Allemagne qui contient dans son mix 15,4 % d'énergie renouvelable.

L'installation de lignes supplémentaires en direction de la France, qui contient environ les mêmes quantités d'énergie renouvelable que l'Allemagne serait donc dans un premier temps, sans influence réelle sur la proportion d'énergie renouvelable dans la consommation d'électricité au Luxembourg. Mais compte tenu des nouveaux objectifs que viennent de fixer les parlementaires allemands, on peut partir du principe que la part des énergies renouvelables présentes dans l'électricité importée d'Allemagne sera dans le futur considérablement plus importante que celle produite en France, qui reste attachée au nucléaire.

«L'étude de réseau de Greenpeace démontre que contrairement aux déclarations du Ministre de l'Economie, une connexion avec le réseau français n'est pas nécessaire pour garantir la sécurité d'approvisionnement», a déclaré Roger Spautz de Greenpeace Luxembourg. «Il s'avère clairement que le seul objectif de Sotel et de Creos, avec le support du Ministre de l'Economie, est d'importer de l'électricité produite dans des centrales nucléaires françaises moins chère grâce au forte subventions de l'Etat français».

Other contacts:

Roger Spautz, Greenpeace Luxembourg; tel: 54625227 ou 621233361
Dr.-Ing. Eckehard Tröster: tel: +49 6151 870 405 100