La preuve par le sang

La pollution par les produits chimiques
se retrouve dans notre sang

Communiqués de presse - mai 27, 2005
Le sang de Lucien Lux, ministre de l'Environnement, de Claude Turmes, parlementaire européen, de Paul Delaunois, directeur de Greenpeace et du docteur Claude Weber, contient des substances chimiques préoccupantes pour la santé. De 6 à 10 substances chimiques potentiellement toxiques ont été retrouvées dans les échantillons de sang analysés. La pollution par les produits chimiques est donc généralisée et il faut prendre des mesures urgentes pour enrailler ce phénomène inquiétant.(Lire le rapport complet)

Notre organisme aussi est contaminé.

Les substances retrouvées sont similaires à celles précédemment trouvées dans l'analyse des poussières domestiques (1). Ces molécules étant par ailleurs régulièrement détectées dans des biens de consommation courante, cette étude apporte une preuve supplémentaire de l'ampleur du problème: nous avons perdu le contrôle des quelque 100.000 substances chimiques actuellement sur le marché (2). Greenpeace attend, dès lors, du gouvernement et des parlementaires européens luxembourgeois qu'ils oeuvrent au renforcement de la réforme, actuellement en cours, du processus législatif européen sur les substances chimiques: REACH (3). La Présidence luxembourgeoise aura d'ailleurs l'occasion d'afficher toute sa détermination lors des prochains Conseils "Compétitivité" et "Environnement" qui ont retenu ce sujet sur leur agenda. Pour Greenpeace, cette réforme doit promouvoir l'utilisation de molécules alternatives plus sûres, protéger l'Europe de produits d'importation non contrôlés tout en renforçant la transparence du secteur chimique.

Les 30 et 31 mars derniers, Greenpeace avait procédé au prélèvement de quatre échantillons de sang, dont celui du ministre l'Environnement, d'un parlementaire européen et du directeur de Greenpeace. Quatre groupes de substances chimiques ont été recherchés par le laboratoire TNO (Pays-Bas) (4).  Ce choix a été guidé par l'importance de l'impact négatif de ces substances sur la santé et leur présence dans nos poussières domestiques et nos biens de consommation.

"De 6 à 10 substances chimiques dangereuses ont été détectées dans le sang analysé, à des concentrations comparables à celles trouvées dans un panel plus large (5)", commente Paul Delaunois, directeur de Greenpeace Luxembourg. "La contamination déjà établie pour nos habitations atteint donc nos organismes. Au vu des propriétés des molécules analysées, nous pouvons craindre d'être confrontés à de sérieux problèmes de santé publique. Ces molécules étant bioaccumulables et peu dégradables, leur concentration dans le sang devrait augmenter avec le temps."

"Je ne savais pas que mon sang contenait des substances qui peuvent modifier à mon insu certaines de mes fonctions vitales", poursuit Paul Delaunois. "Des perturbateurs potentiels des systèmes endocriniens et nerveux ainsi que d'autres substances toxiques pour la reproduction ont été trouvées dans mon sang. D'autres citoyens européens ont également été placés devant le même fait accompli."

REACH, le processus législatif en cours à l'échelon européen constitue une occasion unique de répondre à cette préoccupation.

"Messieurs Lucien Lux et Claude Turmes ont pu prendre personnellement conscience de l'ampleur du problème", a ajouté Paul Delaunois. "Nous espérons qu'ils mettront tout en œuvre pour que le Luxembourg adopte une position ferme en ce qui concerne certaines dispositions de REACH. Sans quoi ce texte de loi ne sera jamais efficace."

REACH au Conseil des ministres européens

Lundi 6 juin 2005, dans un premier temps, pour les ministres européens de l'Economie et le 24 juin, ensuite, pour ceux de l'Environnement, il faudra faire des choix qui conditionneront les règles que devra suivre l'industrie chimique européenne. Une loi favorisant le recours à des molécules alternatives plus sûres devrait nous permet de capitaliser les bénéfices de la réforme législative.

"Tout ce qui sera aujourd'hui mis en oeuvre pour enrayer le développement de la contamination chimique que nous dénonçons, se traduira par de considérables économies en soins de santé", argumente Paul Delaunois. "Il est capital que la présidence luxembourgeoise représentée par Messieurs Lucien Lux et Jeannot Krecké oeuvrent au renforcement de REACH".

Outre l'inclusion du principe de substitution (remplacement systématique des substances chimiques dangereuses par des alternatives moins nocives, quand elles existent) dans REACH, il est aussi essentiel d'étendre la portée de cette législation aux produits importés afin de nous prémunir des substances chimiques dangereuses provenant des pays non-européens. Ce qui devrait éviter la délocalisation des entreprises chimiques installées sur le territoire de l'Union européenne. Greenpeace estime par ailleurs que, lors du futur enregistrement des substances chimiques, la priorité doit être accordée aux substances les plus utilisées et à celles dont la toxicité est particulièrement préoccupante notamment en raison des propriétés bioaccumulatives et persistantes de ces dernières.

Other contacts:

Paul Delaunois (+352)021493014

Notes:

1) Analyse des poussières domestiques en Belgique: rapport complet disponible">http://www.greenpeace.org/belgium_fr/multimedia/download/1/572219/0/HazChemBel.pdf">disponible ici.

2) L'Union européenne constitue le plus important marché mondial de substances chimiques: plus de 100.000 substances chimiques y sont commercialisées. Or, nous ne savons presque rien des dangers qu'elles risquent d'engendrer. Leur toxicité et leurs effets sur la santé humaine sont encore largement inconnus. Plus de 90 % des molécules couramment utilisées ont été commercialisées avant 1981, à une époque où la réglementation européenne n'exigeait pas de données sur la nocivité des produits chimiques pour la santé et l'environnement. Nous vivons donc toujours dans l'ignorance de leurs impacts potentiels.

3) Processus législatif en cours au sein de l'Union européenne, REACH: enRegistrement, Evaluation, Autorisation des substances CHimiques.

4) Les groupes recherchés sont: les retardateurs de flamme bromés, les phtalates, les organoétains, les phénols. Ces groupes sont dangereux entre autres pour les systèmes hormonaux, immunitaires et nerveux, pour le développement et la reproduction.

5) Etudes réalisées par Greenpeace aux Pays-Bas à partir de 91 échantillons sanguins (http://www.greenpeace.nl/campaigns/intro?campaign_id=446584) et par Greenpeace en Belgique à partir de 4 échantillons sanguins
(http://www.greenpeace.org/raw/content/belgium/fr/press/reports/d-eacute-tection-de-la-pr-eacu.pdf)