Notre organisme aussi est contaminé.
Les substances retrouvées sont similaires à celles précédemment
trouvées dans l'analyse des poussières domestiques (1). Ces
molécules étant par ailleurs régulièrement détectées dans des biens
de consommation courante, cette étude apporte une preuve
supplémentaire de l'ampleur du problème: nous avons perdu le
contrôle des quelque 100.000 substances chimiques actuellement sur
le marché (2). Greenpeace attend, dès lors, du gouvernement et des
parlementaires européens luxembourgeois qu'ils oeuvrent au
renforcement de la réforme, actuellement en cours, du processus
législatif européen sur les substances chimiques: REACH (3). La
Présidence luxembourgeoise aura d'ailleurs l'occasion d'afficher
toute sa détermination lors des prochains Conseils "Compétitivité"
et "Environnement" qui ont retenu ce sujet sur leur agenda. Pour
Greenpeace, cette réforme doit promouvoir l'utilisation de
molécules alternatives plus sûres, protéger l'Europe de produits
d'importation non contrôlés tout en renforçant la transparence du
secteur chimique.
Les 30 et 31 mars derniers, Greenpeace avait procédé au
prélèvement de quatre échantillons de sang, dont celui du ministre
l'Environnement, d'un parlementaire européen et du directeur de
Greenpeace. Quatre groupes de substances chimiques ont été
recherchés par le laboratoire TNO (Pays-Bas) (4). Ce choix a été
guidé par l'importance de l'impact négatif de ces substances sur la
santé et leur présence dans nos poussières domestiques et nos biens
de consommation.
"De 6 à 10 substances chimiques dangereuses ont été détectées
dans le sang analysé, à des concentrations comparables à celles
trouvées dans un panel plus large (5)", commente Paul Delaunois,
directeur de Greenpeace Luxembourg. "La contamination déjà établie
pour nos habitations atteint donc nos organismes. Au vu des
propriétés des molécules analysées, nous pouvons craindre d'être
confrontés à de sérieux problèmes de santé publique. Ces molécules
étant bioaccumulables et peu dégradables, leur concentration dans
le sang devrait augmenter avec le temps."
"Je ne savais pas que mon sang contenait des substances qui
peuvent modifier à mon insu certaines de mes fonctions vitales",
poursuit Paul Delaunois. "Des perturbateurs potentiels des systèmes
endocriniens et nerveux ainsi que d'autres substances toxiques pour
la reproduction ont été trouvées dans mon sang. D'autres citoyens
européens ont également été placés devant le même fait
accompli."
REACH, le processus législatif en cours à l'échelon européen
constitue une occasion unique de répondre à cette
préoccupation.
"Messieurs Lucien Lux et Claude Turmes ont pu prendre
personnellement conscience de l'ampleur du problème", a ajouté Paul
Delaunois. "Nous espérons qu'ils mettront tout en œuvre pour que le
Luxembourg adopte une position ferme en ce qui concerne certaines
dispositions de REACH. Sans quoi ce texte de loi ne sera jamais
efficace."
REACH au Conseil des ministres européens
Lundi 6 juin 2005, dans un premier temps, pour les ministres
européens de l'Economie et le 24 juin, ensuite, pour ceux de
l'Environnement, il faudra faire des choix qui conditionneront les
règles que devra suivre l'industrie chimique européenne. Une loi
favorisant le recours à des molécules alternatives plus sûres
devrait nous permet de capitaliser les bénéfices de la réforme
législative.
"Tout ce qui sera aujourd'hui mis en oeuvre pour enrayer le
développement de la contamination chimique que nous dénonçons, se
traduira par de considérables économies en soins de santé",
argumente Paul Delaunois. "Il est capital que la présidence
luxembourgeoise représentée par Messieurs Lucien Lux et Jeannot
Krecké oeuvrent au renforcement de REACH".
Outre l'inclusion du principe de substitution (remplacement
systématique des substances chimiques dangereuses par des
alternatives moins nocives, quand elles existent) dans REACH, il
est aussi essentiel d'étendre la portée de cette législation aux
produits importés afin de nous prémunir des substances chimiques
dangereuses provenant des pays non-européens. Ce qui devrait éviter
la délocalisation des entreprises chimiques installées sur le
territoire de l'Union européenne. Greenpeace estime par ailleurs
que, lors du futur enregistrement des substances chimiques, la
priorité doit être accordée aux substances les plus utilisées et à
celles dont la toxicité est particulièrement préoccupante notamment
en raison des propriétés bioaccumulatives et persistantes de ces
dernières.
Other contacts:
Paul Delaunois (+352)021493014
Notes:
1) Analyse des poussières domestiques en Belgique: rapport complet disponible">http://www.greenpeace.org/belgium_fr/multimedia/download/1/572219/0/HazChemBel.pdf">disponible ici.
2) L'Union européenne constitue le plus important marché mondial de substances chimiques: plus de 100.000 substances chimiques y sont commercialisées. Or, nous ne savons presque rien des dangers qu'elles risquent d'engendrer. Leur toxicité et leurs effets sur la santé humaine sont encore largement inconnus. Plus de 90 % des molécules couramment utilisées ont été commercialisées avant 1981, à une époque où la réglementation européenne n'exigeait pas de données sur la nocivité des produits chimiques pour la santé et l'environnement. Nous vivons donc toujours dans l'ignorance de leurs impacts potentiels.
3) Processus législatif en cours au sein de l'Union européenne, REACH: enRegistrement, Evaluation, Autorisation des substances CHimiques.
4) Les groupes recherchés sont: les retardateurs de flamme bromés, les phtalates, les organoétains, les phénols. Ces groupes sont dangereux entre autres pour les systèmes hormonaux, immunitaires et nerveux, pour le développement et la reproduction.
5) Etudes réalisées par Greenpeace aux Pays-Bas à partir de 91 échantillons sanguins (http://www.greenpeace.nl/campaigns/intro?campaign_id=446584) et par Greenpeace en Belgique à partir de 4 échantillons sanguins
(http://www.greenpeace.org/raw/content/belgium/fr/press/reports/d-eacute-tection-de-la-pr-eacu.pdf)