23 organisations de défense de l'environnement et d'aide au développement remettent des demandes spécifiques concernant l'avenir des forêts du bassin du Congo et des populations qui en dépendent au gouvernement luxembourgeois. L'exploitation industrielle des forêts en RDC, soutenue par la Banque Mondiale, ne permet pas de réduire la pauvreté car les industriels négocient l'accès aux forêts auprès des populations autochtones contre quelques outils, du savon, quelques sacs de sel, un cageot de bière et des cigarettes.
Philippe Cornelis, responsable de la campagne forêt auprès de
Greenpeace a tout d'abord expliqué au Premier ministre, M.
Jean-Claude Juncker et à ses collègues du gouvernement, le rôle
primordial que la forêt tropicale congolaise joue pour 40 millions
de personnes et son rôle de réservoir de biodiversité unique au
monde, avant d'insister sur le rôle déterminant du second bloc de
forêts tropicales de la planète dans la régulation mondiale du
climat. Il a clôturé son intervention sur le risque de destruction
imminente que les exploitants forestiers industriels font peser sur
la forêt. "En République Démocratique du Congo, la gouvernance est
à ce point inexistante que des millions d'hectares de concessions
forestières ont été octroyées, ces dernières années, aux
industriels en dépit d'un moratoire. Il faut rendre compte de
l'absence totale de moyens de contrôle des agents de
l'administration censée surveiller un territoire grand comme la
France et l'Allemagne avec la plupart du temps un vélo pour tout
équipement".
Monsieur Patrick Godar-Bernet, de l'association Bridderlech
deelen, a ensuite exposé aux membres du Gouvernement la nécessité
d'un meilleur contrôle que les bailleurs de fonds, dont l'Union
européenne et la Banque Mondiale, doivent opérer pour financer des
programmes efficaces de lutte contre la pauvreté. "Dans le cas
précis de l'exploitation industrielle des forêts en RDC, soutenue
par la Banque Mondiale, il est évident que ces opérations ne
permettent pas de réduire la pauvreté quand on sait que les
industriels négocient l'accès aux forêts auprès des populations
autochtones contre quelques outils, du savon, quelques sacs de sel,
un cageot de bière et des cigarettes".
Paul Delaunois, directeur de Greenpeace Luxembourg, et les
représentants des ONG ont alors passé en revue leurs demandes au
gouvernement:
- Signifier au gouvernement de RDC l'intérêt du Luxembourg pour
la préservation de ces forêts ainsi que son soucis de voir annulées
les concessions forestières industrielles entâchées d'illégalités
et prolongé le moratoire sur l'allocation de nouvelles
concessions;
- Insister auprès de la Banque Mondiale pour que cette
institution adopte une position sans ambiguïté quant à ces mêmes
points, en abandonnant les politiques destructrices et en finançant
des programme respectueux des populations locales et de
l'environnement;
- Etudier la possibilité de co-financer des projets permettant
une meilleure gouvernance et un zonage forestier participatif
incluant les populations autochtones;
- Retenir le rôle de la conservation des forêts de la RDC dans la
lutte contre les changements climatiques.
"Nous connaissons votre sensibilité pour cette problématique
complexe, faisant à la fois intervenir des considérations
environnementales très importantes mais aussi un volet de soutien
au développement d'un pays qui a beaucoup souffert ces deux
dernières décennies. Ne pensez pas que vous êtes impuissants ou
inefficaces parce que le Luxembourg est un petit pays. Vous avez le
devoir, comme tous les autres partenaires européens et occidentaux,
de prendre vos responsabilités. C'est ce que nous attendons de
vous", a conclu Paul Delaunois en s'adressant aux ministres.
Jean-Claude Juncker a exprimé son intérêt pour les demandes
formulées et sa préoccupation pour la situation des forêts en RDC.
Il a insisté sur le fait que l'on ne pouvait plus se satisfaire de
belles déclarations alors que la politique encouragée est "nulle".
"Nous ne voulons pas être nuls, donc nous devons agir en
conséquence" (1). Il a aussi annoncé à la délégation que ce sujet
serait débattu lors du prochain Conseil de gouvernement afin de
coordonner la politique luxembourgeoise au niveau des différents
ressorts ministériels.
Le gouvernement a dores et déjà pris une série de positions
allant dans le sens des demandes formulées, notamment auprès de la
Banque Mondiale et lors du dernier Conseil européen des ministres
de la Coopération, en soutenant l'aide mémoire sur la gestion
durable des forêts en RDC déposé par le ministre belge de la
Coopération.
Other contacts:
Paul Delaunois, tél. 621 49 30 14 ou 54 62 52 22
Notes:
(1) Citation textuelle de M. Juncker: "(...) avec nos amis de l'Union Européenne nous essayerons de faire en sorte que ce que nous disons ne reste pas lettre morte, parce qu'au niveau de la rhétorique nous avons été exemplaires. Au niveau du suivi nous étions moins performants et au niveau de sanctions éventuelles qu'il faudrait appliquer à ceux des pays qui ne nous écouteraient pas sur ce sujet, nous sommes nuls. Comme nous ne voulons pas être nuls, comme nous voulons être performants et excellents, nous nous occuperons d'une façon cohérente et suivie de cette affaire."
Les organisations signataires de l'initiative "IL FAUT SAUVER LES FORETS DU CONGO" sont:
Action Solidarité Tiers-Monde, AAT-Garten- und Teichfreunde, Caritas Luxembourg, Cercle des ONG, Comité pour une Paix Juste au Proche Orient, Les Enfants de la rue de Sao Paulo, Fédération Horticole Luxembourgeoise, FSC Lëtzebuerg asbl, Greenpeace Luxembourg, Fondation Hellef fir d'Natur, D'Haus vun der Natur asbl, Iwerliewen fir bedreete Volleker, Lëtzebuerger Jongbaueren a Jongwënzer Service Coopération asbl, Lëtzebuerger Naturfoto-Frënn, Lëtzebuerger Natur- a Vulleschutzliga (LNVL), Lëtzebuerger Natur- a Vulleschutzliga sektioun Stad, Ligue luxembourgeoise du Coin de terre et du Foyer, Mouvement Ecologique, NATURA, Ninos de la Tierra asbl, Oeuvre diocésaine Bridderlech Deelen, SOS-Faim, Transfair-Minka asb, Verenegung fir biologesche Landbau Lëtzebuerg.