Le charbon mine le climat - Halte aux fausses solutions!

Communiqués de presse - octobre 24, 2007
Greenpeace a lancé ce matin lors d'une conférence de presse un appel au gouvernement luxembourgeois de s'opposer fermement contre tout investissement dans des projets de capture et de stockage de carbone (CSC) et de s'engager au niveau politique européen et international contre cette technologie qui est proclamée par l'industrie du charbon comme la solution aux changements climatiques.

Centrale électrique au charbon.

Pour Greenpeace cette nouvelle technologie du CSC qui est en train d'être développée par l'industrie du charbon ne pourra pas contribuer aux objectifs de lutte contre les changements climatiques et comporte de multiples risques.

  • Stockage du dioxyde de carbone: Le CO2 qui est capturé au point d'incinération doit être stocké quelque part. Il est actuellement envisagé de le séquestrer au fond des océans ou à plus de 3 000 pieds sous terre. Comme dans le cas des déchets nucléaires, la question se pose de savoir si cela ne fait pas que déplacer le problème.
  • Les dangers du stockage océanique: Le stockage océanique pourrait provoquer l'acidification (réduction du pH) accélérée de grandes zones marines à proximité des sites d'injection, ce qui nuirait à de nombreux organismes, si ce n'est à des écosystèmes entiers. Le CO2 ainsi supprimé est susceptible de retourner dans l'atmosphère en un temps relativement court.
  • Les dangers du stockage géologique: Les gisements pétroliers et gaziers vides sont criblés de trous qui ont été forés lors des phases de prospection et de production. Pour stocker le CO2, ces trous doivent être scellés. Un ciment spécial est normalement utilisé, mais le dioxyde de carbone réagit assez facilement avec l'eau et attaque le ciment et les métaux, ce qui fait que même des trous de forage scellés présentent peu de garanties de sûreté. Pour de nombreux experts la question n'est pas de savoir si des fuites auront lieu, mais dans quel délais.

Pour éviter une dangereuse perturbation du climat, il nous faut réduire les émissions mondiales de CO2 de 50% d'ici 2050. Les centrales qui stockent le CO2 ne sont encore qu'en cours de développement et pourraient ne devenir une réalité que d'ici une quinzaine d'années au minimum. Cela signifie qu'elles ne contribueront en aucune façon à la protection du climat avant 2020. Elles sont par conséquent sans intérêt pour la poursuite des objectifs du Protocole de Kyoto.

Début de l'année, Greenpeace avait publié un scénario énergétique global (1) qui prouve qu'il est possible de diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2050. Fondé sur la sobriété énergétique et les énergies renouvelables, cette "révolution énergétique" écarte les fausses solutions comme le nucléaire, le charbon prétendument "propre" ou encore la capture et séquestration de carbone. Elle prend aussi en compte une augmentation de la consommation d'énergie et la croissance économique.

Un rapport (2) publié récemment par Greenpeace et l'European Renewable Energy Council (EREC) a démontré que le secteur de l'électricité pourrait économiquement réduire ses émissions de CO2 de 60% (à l'horizon 2050). Pour y arriver, les énergies renouvelables devraient représenter 70% de la production électrique mondiale. Un investissement planétaire annuel de 22 milliards de dollars rendrait cette évolution économiquement possible. L'investissement à consentir étant largement compensé par les économies annuelles - estimées à 202 milliards de dollars - réalisées en réduisant l'utilisation des combustibles fossiles (gaz, charbon et pétrole) dans la production d'électricité.

Au courant du mois de mai, la société Cegedel a annoncé qu'elle étudiait la possibilité d'investir dans une nouvelle centrale au charbon qui pourrait capturer et stocker le dioxyde de carbone. Lors d'une entrevue avec des représentants de Greenpeace, la société Cegedel a présenté ce projet d'investissement, qui devrait couvrir une tranche de 100 MW et dont les raisons seraient une augmentation de l'autoproduction et une diversification des sources d'approvisionnement de l'électricité.

"Le gouvernement va perdre toute sa crédibilité dans sa politique climatique dans le cas où il ne s'oppose pas fermement au projet de la Cegedel d'investir dans une centrale au charbon pour importer de l'électricité", a déclaré Roger Spautz de Greenpeace Luxembourg. "Il est urgent que le gouvernement développe une politique cohérente pour un avenir énergétique respectueux du climat", a ajouté Spautz.

Greenpeace demande que le gouvernement luxembourgeois - comme actionnaire majoritaire de la société Cegedel - s'oppose à tout investissement dans une centrale au charbon quel quelle soit et qu'il se prononce fermement au niveau politique européen et international contre la capture et le stockage de carbone.

Other contacts:

Roger Spautz; tel: 54625227 ou 621233361

Notes:

1) http://www.greenpeace.org/luxembourg/press/reports/r-evolution-energetique-vers
2) "Futu(r)e Investment - A sustainable Investment, Plan for the power sector to save the climate"