Le 25 octobre dernier, Stavros Dimas, commissaire européen à l'Environnement, a décidé de proposer à ses collègues de la Commission de refuser l'autorisation de culture en Europe de deux maïs génétiquement modifiés développés par les sociétés Syngenta et Pioneer/Dow (1). C'est la première fois qu'une telle situation se présente dans le dossier controversé des OGM. Jusqu'à présent, jamais un commissaire européen n'avait osé s'opposer aux puissants lobbies bruxellois de l'agro-technologie.
M. Dimas fait reposer son geste sur les résultats inquiétants de nouvelles études scientifiques et sur la législation européenne en vigueur en matière d'OGM. Au Luxembourg, cette proposition est pleinement soutenue par Mme Viviane Reding, commissaire en charge de l'éducation et de la culture. Greenpeace félicite cette initiative et encourage vivement M. Lucien Lux, ministre de l'environnement, à soutenir publiquement la proposition de M. Dimas ainsi qu'à engager activement le Luxembourg sur la scène européenne afin que des OGM risqués ne soient plus autorisés.
La proposition de la Direction générale de l'environnement,
représenté par M. Dimas et qui va être soumise à tous les
commissaires européens dans les prochains jours, est la première du
genre. Pour Greenpeace, elle représente un tournant historique. "La
Commission est connue pour être pro-OGM. Même avec des arguments
solides contre les plantes transgéniques, aucun commissaire n'avait
jamais eu le courage de proposer un avis négatif relatif à leurs
autorisations respectives! Nous demandons maintenant à l'ensemble
de la Commission de suivre cette proposition et de rejeter la
demande d'autorisation de culture de ces deux maïs OGM", explique
Marco Contiero de l'unité européenne de Greenpeace.
A l'heure actuelle, seul un maïs OGM produit par Monsanto, le
MON810, peut être cultivé en Europe. Malgré le fait que celui-ci
ait été autorisé selon des règles anciennes et moins strictes
notamment au niveau de l'évaluation des risques et qu'un certain
nombre d'Etats-membres l'ait déjà interdit sur leurs territoires,
il reste cependant commercialisé sur le marché européen (2). "Des
études scientifiques récentes montrent que la culture des deux maïs
OGM dont la Direction générale de l'environnement de la Commission
propose de rejeter les demandes d'autorisation, présente des
risques pour les insectes bénéfiques, les organismes du sol et les
nappes phréatiques. La Commission européenne n'est plus à l'époque
où le MON810 a été autorisé: elle peut et doit aujourd'hui, grâce
aux nouvelles règles en vigueur, dire 'stop' avant que
l'environnement et les champs soient irréversiblement contaminés,
et donc soutenir Dimas", continue Anne Thomas de Greenpeace
Luxembourg.
Au niveau luxembourgeois, la proposition de M. Dimas a reçu le
plein soutien de Mme Viviane Reding. "Nous félicitons la prise de
position de Mme Reding. Par son geste, elle confirme le fait que le
respect des règlements européens en matière d'OGM, dont
l'application du principe de précaution, est primordiale et que
l'intérêt des citoyens et la protection de l'environnement passent
avant les intérêts des firmes de l'agro-technologie. Nous espérons
maintenant que le Luxembourg dans son ensemble, au travers de la
voix de M. Lucien Lux, prendra également officiellement position
sur le sujet", conclut Anne Thomas.
Afin de soutenir la proposition de la Direction Générale de
l'Environnement, Greenpeace a initié dans plusieurs pays européens
une "cyberaction". Pour le Luxembourg,
elle est en ligne ici . Les messages de soutien sont envoyés
directement au Président de la Commission, Manuel Barosso. Par
cette action, Greenpeace encourage tous les citoyens à directement
dire "non" aux OGM et dévoilera la semaine prochaine le nombre
exact de personnes ayant répété leurs vœux, via les ondes, auprès
de la Commission européenne (3).
Other contacts:
Anne Thomas, chargée de campagne OGM, Greenpeace Luxembourg, (actuellement à l'étranger): + 352 621 19 46 21
Marco Contiero, conseiller politique sur les OGM à l'unité européenne de Greenpeace: + 32 477 777 034
Notes:
(1) Il s'agit des maïs OGM Bt11 et 1507. Ils produisent leur propre toxine capable de tuer des insectes ravageurs du maïs. Ils sont également résistants à un herbicide, le glufosinate.
(2) L'autorisation de culture du MON810 a expiré le 16 octobre dernier. L'Allemagne, la France, la Hongrie, l'Autriche, la Grèce et la Pologne, ont interdit totalement ou en partie, ou gelé, la culture de ce maïs sur leurs territoires en raison des risques posés.
(3) sur ce site à partir de jeudi 22 novembre.