Les organisations de protection de l'environnement et de développement exigent un virage de la politique climatique du Luxembourg

Communiqués de presse - novembre 29, 2008
Regroupés dans la coalition "votum klima", Caritas, Action Solidarité Tiers Monde, le Mouvement Ecologique et Greenpeace ont présenté les bases de leurs exigences en matière de politique climatique et énergétique qu’ils adressent au futur gouvernement. Ils ont défini quatre grands axes pour une politique de protection du climat tant au niveau national qu’au niveau de la politique d’aide au développement.

Les représentants de la coalition "votum klima", Caritas, ASTM, Mouvement Ecologique et Greenpeace, lors de la conférence de presse.

Ils invitent, par ailleurs, le gouvernement actuel à abandonner sa politique uniquement orientée sur des intérêts à court terme pour enfin prendre des orientations compatibles avec sa responsabilité globale. Les choix du gouvernement l'empêchent manifestement de mettre en place une politique efficace de protection du climat au Luxembourg. Dans le contexte de la prochaine conférence internationale sur la protection du climat à Poznan, ainsi que des négociations actuelles concernant le paquet climat/énergie de l'UE, les organisations lancent un appel au gouvernement et notamment, au ministre de l'Environnement, Monsieur Lucien Lux, en faveur d'un engagement non équivoque qui soutiendrait des objectifs clairs pour lutter contre le changement climatique.

La semaine prochaine, les négociations internationales commencent à Poznan, en Pologne, avec pour objectif de démarrer les négociations pour une nouvelle Convention qui succèdera au Protocole de Kyoto, en vue de réglementer la réduction mondiale des émissions de gaz à effet de serre à partir de 2012. Il est impératif qu´une nouvelle Convention pour la protection du climat soit finalisée lors de la conférence de 2009 à Copenhague. L'enjeu est de taille. La vitesse dramatique du changement climatique qui menace des milliards de personnes, demande une action rapide et radicale de la communauté internationale. Selon les scientifiques, le monde doit atteindre le pic des émissions de gaz a effet de serre en 2015, au plus tard et décroître rapidement ensuite. Pour atteindre cet objectif, les nations industrielles doivent réduire leurs émissions d'au moins 25 à 40% pour 2020. Pour limiter l'élévation de la température moyenne globale en dessous de 2°C, tous les Etats devront se diriger vers un arrêt rapide et complet de toutes les émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050.

Un des défis majeurs de la conférence de Poznan sera l'intégration des pays émergeants et des pays en voie de développement dans la lutte contre le changement climatique. Cet enjeu n'a de chance de réussir que si les nations industrielles comme le Luxembourg, font suivre leurs promesses d'un programme d'action sérieux et indiscutable. Les nations industrielles (y compris les Etats Unis) doivent s'engager à Poznan à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dans leurs pays, et en plus, à un soutenir fortement les pays en voie de développement, qui sont les pays le plus exposés aux effets du changement climatique.

L'objectif de réduction pour le Luxembourg: au moins 30% jusqu'à 2020.

Puisque le climat mondial se modifie de plus en plus rapidement, les experts exigent une réduction rapide et importante des émissions de gaz à effet de serre. "La protection du climat doit être prise au sérieux: ainsi, nous exigeons que le Luxembourg baisse graduellement ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020 d'au moins 30%, et cela exclusivement par des mesures de réduction au niveau national", soutient Martina Holbach de Greenpeace Luxembourg. "Ce but est réalisable car les potentiels de réduction sont nettement supérieurs. Ce qui manque, c'est la volonté politique. De plus, c'est dans l'intérêt de l'économie et de la population de diminuer la dépendance du pays des sources d'énergie fossiles."

Agir chez nous au lieu d'acheter des droits de pollution ailleurs

Concernant la protection du climat, le Luxembourg est vraiment loin d'être exemplaire. Même si sur le papier, le pays annonce atteindre ses objectifs de Kyoto, dans la réalité, les émissions de gaz à effet de serre se trouvent actuellement à un niveau supérieur à celui de 1990. La balance de Kyoto est remplie presque exclusivement par l'achat de droits d'émission à l'étranger. Jusqu'en 2012 le gouvernement compte investir environ 250 millions d'euros dans des projets douteux en matière de protection du climat. Et cet argent va manquer pour les mesures nationales.

"Le gouvernement luxembourgeois doit agir dans le pays au lieu de s'acquitter de ses responsabilités en achetant des droits de polluer à l'étranger", exige Dietmar Mirkes d'Action Solidarité Tiers Monde. "Jusqu'à présent, le Luxembourg, un des états les plus riches du monde qui a aussi les émissions par habitant les plus hautes de toute l'Europe, a à peine modifié sa propre politique climatique. Si toutes les nations industrielles se comportaient comme le Luxembourg, leur crédibilité serait définitivement perdue dans les négociations internationales. Pourquoi les états les plus pauvres de l'UE comme la Roumanie ou les pays émergeants comme la Chine et l'Inde devraient-ils se déclarer prêts pour de vastes réductions de gaz à effet de serre, si les nations riches refusent de prendre leur responsabilité?"

Aider les victimes du changement climatique

Le Luxembourg a, en raison de ses émissions historiques et actuelles et de sa bonne situation économique, une obligation morale supérieure aux autres états au monde à s'engager pour la protection du climat. Le soutien des pays en voie de développement dans la lutte contre les conséquences du changement climatique doit donc aussi être une priorité pour le gouvernement. "Bien que les personnes vivant dans les pays les plus pauvres contribuent le moins au changement climatique, ils sont les plus affectés par notre gaspillage d´énergie et de combustibles fossiles" explique Norry Schneider de Caritas Luxembourg. "Le Luxembourg doit contribuer aux programmes d'aides aux pays en voie de développement concernés, afin que soient mis à leur disposition, aussi rapidement que possible, les moyens leur permettant de financer les mesures d'adaptations au changement climatique ainsi que le transfert de technologie nécessaire au développement de leurs économies sans qu'ils aient recours aux énergies fossiles. Cet argent doit être additionné au budget de la politique d'aide au développement. De plus, le Luxembourg devra considérer la protection et l'adaptation au changement climatique dans tous ses projets de soutien au pays du Sud."

Créer des structures capables d'agir

Des objectifs contraignants de réduction des gaz à effet de serre sont indispensables. Pour pouvoir les remplir, des changements structuraux sont nécessaires: "La protection du climat doit jouer un rôle central dans tous les domaines de notre société. Pour que la protection du climat ne reste pas l'enfant mal aimé de la politique luxembourgeoise, mais se transforme en une «success story» pour la société luxembourgeoise, nous avons besoin d'une politique cohérente impliquant tous les ressorts de l'état: du gouvernement, aux administrations, en passant par les communes, les ménages, les entreprises artisanales et l'industrie" expose Paul Polfer du Mouvement Ecologique. "La planification du pays, les politique du transport, de la construction, des logements, de l'énergie et de l'économie doivent enfin aller main dans la main. Chaque projet politique doit être contrôlé par rapport à son "caractère respectueux du climat" avant que toute décision soit prise."

"Votum Klima" veut gagner le soutien des partenaires sociaux, des forces vives de la nation et du public avant les prochaines élections législatives. Il faudra convaincre les futurs décideurs politiques de la nécessité d'effectuer un virage de la politique concernant le climat et l'énergie. En janvier 2009 après avoir pris en compte les résultats de Poznan, les quatre organisations présenteront leurs revendications dans le détail en vue d'établir une future politique de protection du climat crédible.

Other contacts:

Martina Holbach, Greenpeace Luxemburg, Tel. 54 62 52 24,
Paul Polfer, Mouvement Ecologique, Tel. 43 90 30 26,
Dietmar Mirkes, Action Solidarité Tiers Monde,
Norry Schneider, Caritas Luxemburg, Tel. 40 21 31 518,