Lettre ouverte à Monsieur Jean-Claude Juncker, Premier Ministre

Communiqués de presse - octobre 27, 2009
Monsieur le Premier Ministre, Jeudi et vendredi prochains, vous participerez, en compagnie des autres Chefs d’Etat et de gouvernement, au Conseil européen au cours duquel, vous devrez trouver un d'accord sur la position de l'Union européenne pour la Conférence sur le climat de Copenhague.

Nous attendons très sérieusement que la position de l'UE se clarifie et permette d'aborder les négociations internationales en position de force. La semaine dernière, les ministres des Finances de l´UE ne sont pas parvenu à définir le montant de l'enveloppe financière nécessaire au soutien des pays en développement et n'ont pu afficher que le spectacle affligeant de leurs chamailleries sur leurs contributions potentielles. Les ministres de l'Environnement n'ont pas pu, non plus, indiquer une ambition nouvelle sur les objectifs de réduction des émissions en phase avec les récentes estimations scientifiques. En fait, la position de l'UE n'est plus très claire. L'Union européenne veut-elle que la     Conférence de Copenhague réussisse ou échoue? Souhaite-t-elle voir aboutir un traité global qui rendra le monde plus sûr pour l'humanité et l'environnement, ou va-t-elle plutôt regarder sans rien faire la catastrophe climatique se dérouler sous nos yeux? Ces questions vous sont posées et vous devez y répondre tout de suite.

La communauté internationale entendra votre réponse à la fin du sommet de la semaine prochaine.

Soutien financier pour l'action climatique dans les pays en développement

Une décision concrète sur le niveau du financement public que l'UE entend apporter au pays en développement pour leur permettre de s'adapter au changement climatique, pour protéger les forêts et     arrêter la déforestation et pour accompagner leurs efforts liés à la maîtrise de l'énergie et au développement des énergies renouvelables, doit être prise sans retard, car c'est la raison     principale pour laquelle les négociations internationales sont actuellement au point mort.

La fourchette de 2 à 15 milliards d'Euros avancée par la Commission, en septembre, est terriblement inadéquate. Nous vous conseillons vivement de reconnaître que les pays en développement ont besoin d'un soutien massif pour mettre en place toutes ces mesures et qu'elles seront financées par des fonds    publics. Nous vous demandons d´assurer l'engagement que l'UE consacrera 35 milliards d'Euros par an jusqu´en 2020, afin d'assumer la part relative revenant à l'UE de l'enveloppe globale de 110 milliards d'Euros par an nécessaire.

L'objectif de réduction des émissions de l'UE pour 2020

Bien que d'autres pays, comme le Japon et la Norvège, viennent de revoir à la hausse leur ambition, les ministres de l'Environnement de l´UE ont décidé la semaine dernière de remettre en question l'objectif de -30 %.

L'Union européenne doit réexaminer sa position actuelle sur son objectif pour 2020 et donner un engagement clair et sans équivoque pour un nouvel objectif revu à la hausse. L'engagement des -20 % n'impressionne plus personne. L'UE ne devrait pratiquement consentir aucun effort supplémentaire au «business-as-usual» pour atteindre cet objectif et ce dernier n'est pas en mesure de stimuler les investissements verts ni la création d'emplois verts.

Nous vous demandons de souscrire à un engagement de -40 % pour 2020 par rapport aux niveaux de 1990, et dont 30 % des réductions devront être réalisées à l'intérieur des frontières de l'UE.

En outre, nous vous recommandons vivement de veiller à la mise en place d'une structure juridique équitable, ambitieuse et contraignante dans le cadre du futur traité sur le climat de Copenhague. Seul un protocole négocié au titre de la Convention des Nations Unies apportera les garanties nécessaires à la réalisation d'un objectif global respecté par tous les pays développés, y compris les États-Unis.

Votre décision lors du Sommet de cette semaine sur la position finale que l'UE avancera à Copenhague montrera si le Luxembourg veut sérieusement s´engager dans la lutte contre les pires impacts du changement climatique.

Monsieur Juncker, nous espérons que vous saisirez cette chance pour envoyer un signal positif sur le climat au monde, car il n'y en aura pas une autre avant Copenhague.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l'expression de notre plus haute considération.    

Pour Votum Klima,

Martina Holbach