Nous attendons très sérieusement que la position de l'UE se
clarifie et permette d'aborder les négociations internationales en
position de force. La semaine dernière, les ministres des Finances
de l´UE ne sont pas parvenu à définir le montant de l'enveloppe
financière nécessaire au soutien des pays en développement et n'ont
pu afficher que le spectacle affligeant de leurs chamailleries sur
leurs contributions potentielles. Les ministres de l'Environnement
n'ont pas pu, non plus, indiquer une ambition nouvelle sur les
objectifs de réduction des émissions en phase avec les récentes
estimations scientifiques. En fait, la position de l'UE n'est plus
très claire. L'Union européenne veut-elle que la Conférence de
Copenhague réussisse ou échoue? Souhaite-t-elle voir aboutir un
traité global qui rendra le monde plus sûr pour l'humanité et
l'environnement, ou va-t-elle plutôt regarder sans rien faire la
catastrophe climatique se dérouler sous nos yeux? Ces questions
vous sont posées et vous devez y répondre tout de suite.
La communauté internationale entendra votre réponse à la fin du
sommet de la semaine prochaine.
Soutien financier pour l'action climatique dans les pays en
développement
Une décision concrète sur le niveau du financement public que
l'UE entend apporter au pays en développement pour leur permettre
de s'adapter au changement climatique, pour protéger les forêts
et arrêter la déforestation et pour accompagner leurs efforts
liés à la maîtrise de l'énergie et au développement des énergies
renouvelables, doit être prise sans retard, car c'est la raison
principale pour laquelle les négociations internationales sont
actuellement au point mort.
La fourchette de 2 à 15 milliards d'Euros avancée par la
Commission, en septembre, est terriblement inadéquate. Nous vous
conseillons vivement de reconnaître que les pays en développement
ont besoin d'un soutien massif pour mettre en place toutes ces
mesures et qu'elles seront financées par des fonds publics. Nous
vous demandons d´assurer l'engagement que l'UE consacrera 35
milliards d'Euros par an jusqu´en 2020, afin d'assumer la part
relative revenant à l'UE de l'enveloppe globale de 110 milliards
d'Euros par an nécessaire.
L'objectif de réduction des émissions de l'UE pour 2020
Bien que d'autres pays, comme le Japon et la Norvège, viennent
de revoir à la hausse leur ambition, les ministres de
l'Environnement de l´UE ont décidé la semaine dernière de remettre
en question l'objectif de -30 %.
L'Union européenne doit réexaminer sa position actuelle sur son
objectif pour 2020 et donner un engagement clair et sans équivoque
pour un nouvel objectif revu à la hausse. L'engagement des -20 %
n'impressionne plus personne. L'UE ne devrait pratiquement
consentir aucun effort supplémentaire au «business-as-usual» pour
atteindre cet objectif et ce dernier n'est pas en mesure de
stimuler les investissements verts ni la création d'emplois
verts.
Nous vous demandons de souscrire à un engagement de -40 % pour
2020 par rapport aux niveaux de 1990, et dont 30 % des réductions
devront être réalisées à l'intérieur des frontières de l'UE.
En outre, nous vous recommandons vivement de veiller à la mise
en place d'une structure juridique équitable, ambitieuse et
contraignante dans le cadre du futur traité sur le climat de
Copenhague. Seul un protocole négocié au titre de la Convention des
Nations Unies apportera les garanties nécessaires à la réalisation
d'un objectif global respecté par tous les pays développés, y
compris les États-Unis.
Votre décision lors du Sommet de cette semaine sur la position
finale que l'UE avancera à Copenhague montrera si le Luxembourg
veut sérieusement s´engager dans la lutte contre les pires impacts
du changement climatique.
Monsieur Juncker, nous espérons que vous saisirez cette chance
pour envoyer un signal positif sur le climat au monde, car il n'y
en aura pas une autre avant Copenhague.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l'expression de
notre plus haute considération.
Pour Votum Klima,
Martina Holbach