"Il n'y a pas de majorité qualifiée des Ministres pour rejeter
le mais Bt 11, mais il y a une immense majorité du public qui ne
veut pas d'OGM dans leur assiette ou dans l'environnement," a
declaré Martina Holbach de Greenpeace au Luxembourg. "Il est
honteux que des Ministres aient pu choisir de défendre les intérêts
d'une multinationale aux dépens de ceux des consommateurs et de
l'environnement et contre le voeu de leurs propres citoyens."
Bien que les Ministres n'aient pas approuvé l'autorisation du
mais Bt 11, ils n'ont pas réussi à former de majorité qualifiée
pour le rejeter, ouvrant ainsi la voie pour son approbation par la
Commission, et donc pour la levée du moratoire. Il n'y a eu que
deux changements dans les votes depuis décembre dernier. L'Espagne,
qui avait voté pour le mais, s'est abstenue, et l'Italie, qui
s'était abstenue, a voté pour cette fois-ci.
La Commission a poussé sans relâche pour en finir avec le
moratoire de
fait depuis que les Ministres de l'Environnement avaient décidé
de ne plus autoriser d'OGM en Europe en juin 1999. En août 2003,
l'Administration Bush a porté plainte devant l'OMC contre le
moratoire et a indiqué qu'elle avait l'intention d'initier une
nouvelle plainte contre la nouvelle réglementation européenne sur
l'étiquetage et la traçabilité.
"L'étiquetage et l'opposition des consommateurs sont les vraies
barrières contre l'alimentation OGM, grâce auxquelles ce mais
transgéniquen'arrivera probablement jamais sur les rayons des
magasins. Les consommateurs ne veulent plus servir de cobayes," a
declaré Eric Gall de l'unite européenne de Greenpeace. "Autoriser
le Bt 11 ne fera que renforcer le divorce entre les citoyens
européens et la Commission et saper leur confiance dans les
institutions de l'UE. Est-ce que la Commission est prête à ce
sacrifice pour satisfaire l'administration Bush et une poignée de
multinationales?"
Greenpeace s'inquiète également de la longue liste de
demandes
d'autorisation d'OGM en cours devant la Commission, qui vont
être
examinées par les Etats membres dans les prochains mois. Pas
moins de 13 d'entre elles concernent des autorisations de mise en
culture, pour
lesquelles Greenpeace estime qu'elles devraient être refusées
tant qu'il existe des doutes sur leur sécurité et que le cadre
réglementaire européen sur les disséminations d'OGM dans
l'environnement comporte des lacunes, entre autres au sujet de
règles pour la responsabilité environnementale et de règles
légalement contraignantes sur la coexistence pour empêcher la
contamination de l'agriculture non OGM. Même le nouveau régime sur
l'étiquetage est notoirement insuffisant, puisqu'il ne couvre pas
la viande, les produits laitiers ou les oeufs issus d'animaux
nourris aux OGM.
"Nous demandons aux Ministres de continuer a bloquer toute
demande
d'autorisation pour des disséminations d'OGM dans
l'environnement jusqu'à ce que ces sujets soient réglés," a déclaré
Martina Holbach." Même si les Ministres ont aujourd'hui
implicitement accepté qu'un produit OGM puisse être commercialisé,
le moratoire sur les cultures d'OGM n'est pas levé."
Greenpeace a également critiqué les
nouvelles règles d'évaluation des
risques posés par les OGM, qui n'ont guère montré d'amélioration
depuis la création de l'Agence Européenne de Sécurité Alimentaire
(AESA). Une étude
récente de Greenpeace conclut que les nouvelles procédures
d'évaluation de l'AESA sont à peine meilleures que celles qui
étaient auparavant menées par les différents comités
scientifiques.
Notes:
(1) Le mais Bt 11 a été modifié génétiquement pour produire une toxine
d'origine bactérienne. Ce mais doux de la compagnie suisse Syngenta est destiné à la consommation humaine directe. Son évaluation scientifique a été menée selon des règles dépassées et il reste de sérieuses questions quant a la qualité des données fournies par Syngenta et l'évaluation du Comite Scientifique sur les Aliments de l'UE. L'Agence Francaise de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA), le Conseil de Biosécurité belge et l'Agence Fédérale de l'Environnement autrichienne ont tous soulevé des réserves sur cette évaluation.