A cet endroit, la ligne haute-tension de SOTEL devrait passer la frontière franco-luxembourgeoise et porterait préjudice aux zones spéciales de conservation.
En 2005 la société Sotel avait introduit une demande auprès du
Ministère de l'Environnement pour construire une nouvelle ligne
haute tension - en partie aérienne - qui devait relier le poste
haute tension de Sotel à Esch/Alzette au poste de Moulaine pour
alimenter les aciéries électriques de Arcelor Mittal avec de
l'électricité d'EDF. Après des protestations de Greenpeace, le
Ministre Lucien Lux, avait refusé la construction de la ligne haute
tension avec l'argument que le projet, qui devrait traversée une
zone classée Natura 2000, serait de nature à porter un grave
préjudice à la beauté et au caractère du paysage et constituerait
un danger pour la conservation de la flore et de la faune et du
milieu naturel en général.
En mars 2007 Sotel a introduit une nouvelle demande
d'autorisation après avoir changé légèrement le tracé et prévu de
réaliser le projet exclusivement à l'aide de câbles haute tension
enfouis dans le sol. Le 25 août 2008, au cœur de l'été, le Ministre
de l'Environnement a donné son accord à l'autorisation sollicitée.
D'après le Ministre, une autorisation en vertu de la loi modifiée
du 19 juin 1999 relative aux établissements classés n'est pas
requise pour les lignes électriques souterraines. Comme la conduite
projetée traverse la zone spéciale de conservation LU0001028
«Differdange-Est/ Prënzebierg/anciennes minières et carrières»
ainsi que la zone de protection spéciale LU0002008 «Minière de la
région de Differdange - Giele Botter, Tillebierg, Rollesbierg,
Metzerbierg et Galgebierg» la société Sotel a du faire réaliser une
étude d'impact en vertu de la loi du 19 janvier 2004 concernant la
protection de la nature et des ressources naturelles.
Pour Greenpeace l'étude d'impact est gravement défaillante et le
Ministre de l'Environnement n'aurait pas dû donner son autorisation
au projet. En effet, l'évaluation d'un plan ou d'un projet doit
être conçue de telle façon que les autorités compétentes puissent
acquérir la certitude que le plan ou projet en question est
dépourvu d'effets préjudiciables à l'intégrité du site concerné.
D'après les fiches descriptives officielles des zones protégées,
quinze espèces protégées, dont huit figurent sur l'annexe 1 de la
directive «Oiseaux» et sept figurent sur l'annexe II de la
directive «Habitats», se trouvent dans les zones de protection en
question. L'étude d'impact constate l'absence de l'une ou l'autre
espèce protégée dans la zone en question suite à une seule visite
sur le terrain ! Pour Greenpeace le Ministre de l'Environnement
n'aurait pas du accepter une simple étude d'impact, mais exiger une
évaluation détaillée des incidences sur les zones classées.
«Dans les prochains jours nous allons introduire un recours
contre l'autorisation de la ligne haute tension auprès du tribunal
administratif pour les raisons suivantes: au niveau juridique
l'autorisation ne respecte pas la législation en vigueur et au
niveau politique elle contrarie la position anti-nucléaire du
Luxembourg», a déclaré Roger Spautz de Greenpeace Luxembourg.
Même si Sotel indique dans sa demande d'autorisation que la
nouvelle ligne haute tension devrait garantir la sécurité
d'alimentation, la vraie raison est que Sotel désire importer de
l'énergie nucléaire moins chère. Avec l'achat de courant nucléaire
français, la société SOTEL soutiendrait la production continue
d'électricité nucléaire à haut risque au détriment du développement
des énergies renouvelables. EDF exporte environ 70 milliards de kWh
chaque année vers ses voisins européens. Ces exportations
bénéficient d'une subvention croisée entre 740 et 6000 millions
d'Euros (1) par année. Cette situation qui perdure depuis de
nombreuses années met en cause le principe même de la libre
concurrence entre les différents modes de productions
d'électricité. Pour permettre aux énergies durables d'apparaître
enfin compétitives sur le marché européen, il est primordial que la
logique actuelle des subventions à la production énergétique soit
revue de fond en comble.
Le fait que le Ministre de l'Economie Jeannot Krecké soutienne
la construction de la nouvelle ligne haute tension et est plutôt
favorable à une connexion permanente de cette ligne avec le réseau
public n'est pas en accord avec la position anti-nucléaire du
Luxembourg. Dans son programme gouvernemental dans le chapitre
Environnement, le gouvernement luxembourgeois avait réitéré son
opposition au nucléaire: «Le Luxembourg maintient son attitude
critique à l'égard de l'énergie nucléaire qui ne fournit pas de
contribution positive au défi du changement climatique.»
Comme l'a démontré l'eurobaromètre spécial «Les européens et la
sûreté nucléaire» qui a été publié en février 2007, le Luxembourg
figure parmi les pays dont la population est la plus opposée au
nucléaire. Ainsi 78% des luxembourgeois considèrent que les
centrales nucléaires posent un risquent et 61% des luxembourgeois
sont d'avis que la proportion actuelle de l'énergie nucléaire
devrait être réduite.
Other contacts:
Roger Spautz; tel: 54625227 ou 621233361
Notes:
1) EXPORTATIONS DE COURANT ELECTRIQUE: QUI PERD, QUI GAGNE? Rapport réalisé par INESTENE-Paris pour Greenpeace.