Communiqués de presse - juillet 9, 2004
Lors d´une conférence de presse de ce matin, Greenpeace Luxembourg a publié une analyse critique des nouvelles autorisations de rejet et des rejets réels du CNPE (Centre Nucléaire de Production d´Électricité) de Cattenom. Les nouvelles autorisations pour le CNPE de Cattenom, qui ont été publiées le 23 juin dernier, apparaissent globalement à la baisse, ce qui devrait constituer une évolution satisfaisante. Mais pour Yves Marignac, directeur de WISE-Paris et auteur du rapport commandité par Greenpeace, la nouvelle situation est un trompe-l´œil qui masque l´évolution réelle que l´on peut attendre au vu des nouvelles autorisations et des projets d´évolution de la gestion de la centrale affichés par EDF.
Cattenom: Les nouvelles autorisations n´apportent aucune incitation à la diminution des rejets actuels
En ce qui concerne les rejets radioactifs le rapport conclut
que:
- les nouvelles autorisations diminuent globalement par 33 les
niveaux de rejets radioactifs gazeux autorisés. Mais elles restent
environ 10 fois supérieures aux niveaux réels de rejet, et
n´apportent donc aucune incitation à la diminution des rejets
actuels;
- de même, les autorisations pour l´ensemble des rejets
radioactifs liquides hors tritium sont divisées par un facteur 5
environ, mais restent plus de 6 fois supérieures aux niveaux réels
de rejets;
- pour les rejets de tritium liquide, les nouvelles autorisations
permettent pour le mode d´exploitation actuel un seuil de rejet
inférieur au précédent. Cependant il reste toutefois nettement
supérieur au niveau de «rejets fatals» liés à la technologie
utilisée. De plus, en cas de passage à une gestion plus poussée du
combustible, le CNPE de Cattenom sera autorisé à élever le seuil
actuel de rejet de tritium liquide.
Concrètement, cette situation ouvre la voie à une augmentation
des rejets réels. En l´absence de contrainte sur les niveaux de
rejets réels hors tritium liquide, il est évident que ceux-ci ne
diminueront pas. A l´inverse, les autorisations accèdent à la
demande d´EDF sur une hausse programmée des rejets de tritium
liquide.
Qui plus est, la combinaison des marges laissées à l´exploitant
sur la plupart des rejets hors tritium avec l´introduction d´une
logique donnant la priorité à la rentabilité par rapport aux rejets
de tritium liquide peut avoir des répercussions très importantes à
terme sur l´ensemble des rejets. Cette situation ouvre en effet la
voie à une justification par EDF d´un relâchement des efforts sur
différentes catégories de rejets, au nom des économies
induites.
Concernant les rejets chimiques, il y a lieu de noter que la
tendance pour les rejets de l´acide borique est à la hausse puisque
après 2006 au moment prévu du passage en mode HTC (haut taux de
combustion) l´autorisation prévoit de passer à 21.250
kg/réacteur/an, alors que les rejets réels de Cattenom ne
s´élevaient qu´à 7.500 kg/réacteur/an en moyenne en 2000.
Dans le rapport présenté par Greenpeace certains arguments
juridiques opposables aux nouvelles autorisations sont brièvement
analysés. Greenpeace va transmettre le rapport au gouvernement
luxembourgeois et lui réclamer de réaliser une analyse juridique
détaillée et le cas échéant de s´engager par tous les moyens contre
les nouvelles autorisations et contre les projets d´augmentation de
certains rejets.
«Nous regrettons que le gouvernement
précédent n´ait pas pris la mesure des risques réels encourus. Il
n´a à ce jour pas encore présenté une analyse détaillée des rejets
actuels et futurs du CNPE de Cattenom. Nous espérons que le nouveau
gouvernement s´engagera avec rigueur contre toute augmentation des
rejets réels, radioactifs ou chimiques, de la centrale nucléaire de
Cattenom», conclut Roger Spautz de Greenpeace Luxembourg.