On déménage à la Commission!

Greenpeace aide Barroso et Verheugen à faire leurs paquets...

Communiqués de presse - novembre 9, 2005
C'est en costume de déménageurs que des militants de Greenpeace se sont rendus ce matin dans les locaux de la Commission européenne, avec l'intention de prêter main-forte au Président de la Commission, José Manuel Barroso et au commissaire à l'industrie, Günther Verheugen. Un déménagement motivé par l'attitude de ces mandataires européens visiblement plus enclins à soutenir l'industrie chimique que les intérêts des citoyens européens.

Chers Messieurs Barroso et Verheugen, jusqu'où êtes-vous prêts à aller pour satisfaire l'industrie chimique?

C'est en tout cas ce que l'on peut déduire de leur récente tentative d'édulcorer la proposition de loi européenne sur la chimie: REACH. Greenpeace leur suggère, dès lors, de jouer franc jeu et de travailler directement soit pour l'association des industries chimiques européennes ou soit pour BASF.

Les faux déménageurs qui portaient, pour la circonstance, des salopettes marquées de la société fictive "Commission Clean-up & Co" ont déployé une banderole où l'on pouvait voir les deux hommes donnant un biberon de substances toxiques à un jeune enfant. On pouvait également y lire le texte: "Dear Mr Barroso and Mr Verheugen, how far will you go to please the chemicals industry?" (Chers Messieurs Barroso et Verheugen, jusqu'où êtes-vous prêts à aller pour satisfaire l'industrie chimique?).

Ils ont également distribué des tracts reprenant le visuel et détaillant les modalités du déménagement. C'est désormais au CEFIC (association européenne de l'industrie chimique) que l'on pourra trouver le Président Barroso et non plus en ses locaux du Berlaymont. Quant au Commissaire Verheugen, c'est vers les bureaux bruxellois de BASF qu'il devrait déménager. Le CEFIC et BASF ont en effet déployé d'intenses efforts de lobbying pour torpiller REACH et permettre à l'industrie chimique de maintenir des milliers de substances chimiques sur le marché sans que l'on ne dispose d'informations  quant à leur sécurité et leur impact sur la santé. 

"Des enfants naissent avec un cocktail de substances chimiques dangereuses dans le sang et Messieurs Barroso et Verheugen se rangent du côté des industries qui souhaitent continuer à les produire. Que l'industrie chimique cherche à se battre pour continuer à polluer impunément, cela n'a rien de surprenant. Mais quand c'est la Commission qui s'y met, c'est que quelque chose ne tourne pas rond. Si Messieurs Barroso et Verheugen pensent devoir faire passer les intérêts de l'industrie chimique avant l'intérêt collectif, ils doivent déménager. Et nous nous sommes déplacés pour les aider à faire leurs bagages et à se rendre là où leur coeur les appelle", a déclaré Nadia Haiama du bureau européen de Greenpeace.

Tous deux sont derrière la tentative qui a été faite d'affaiblir d'importantes dispositions du processus législatif REACH, tentative révélée en septembre dernier par Greenpeace et les Amis de la Terre (1). Ce document - qui affaiblit de manière significative les dispositions de la loi en matière de sécurité prévues dans la proposition originale de la Commission datant de 2003 - a été rédigé sans consulter l'ensemble des Commissaires. Les changements suggérés visent à éviter aux producteurs de substances chimiques la nécessité de fournir des informations quant à l'innocuité de leurs produits, imposant ainsi aux autorités publiques un système bureaucratique et coûteux.

A contrario, la Présidence britannique et la Commission 'environnement' du Parlement européen ont proposé des règles plus contraignantes en matière de substitution des substances dangereuses.

"La proposition de Messieurs Barroso et Verheugen de diminuer la quantité d'information requise relative à la sécurité des substances ne tient compte que des intérêts à court terme de la seule industrie chimique. La plupart des utilisateurs de substances chimiques ont besoin d'informations quant à l'impact potentiel sur la santé des travailleurs et de l'environnement. Les grands producteurs chimiques maintiennent ces informations secrètes. Les consommateurs ont besoin d'avoir la certitude que les jouets, les vêtements, les parfums et les autres biens de consommation qu'ils achètent ne contiennent pas - comme c'est le cas maintenant - de substances dangereuses. Il est scandaleux de s'en prendre ainsi aux exigences en matière de sécurité", poursuit Nadia Haiama.

Greenpeace invite les membres de la Commission européenne à ne pas céder aux sirènes de l'industrie et à défendre les intérêts du public en matière de santé, d'environnement et de protection des travailleurs tout en contribuant à stimuler l'innovation au sein de l'industrie chimique européenne.

Other contacts:

Fawaz Al-Bitar, Greenpeace Belgique, tél. + 32496/122 231

Notes:

(1) Voir http://eu.greenpeace.org/downloads/chem/PRCommissionBoot050923.pdf