Chers Messieurs Barroso et Verheugen, jusqu'où êtes-vous prêts à aller pour satisfaire l'industrie chimique?
C'est en tout cas ce que l'on peut déduire de leur récente
tentative d'édulcorer la proposition de loi européenne sur la
chimie: REACH. Greenpeace leur suggère, dès lors, de jouer franc
jeu et de travailler directement soit pour l'association des
industries chimiques européennes ou soit pour BASF.
Les faux déménageurs qui portaient, pour la circonstance, des
salopettes marquées de la société fictive "Commission Clean-up
& Co" ont déployé une banderole où l'on pouvait voir les deux
hommes donnant un biberon de substances toxiques à un jeune enfant.
On pouvait également y lire le texte: "Dear Mr Barroso and Mr
Verheugen, how far will you go to please the chemicals industry?"
(Chers Messieurs Barroso et Verheugen, jusqu'où êtes-vous prêts à
aller pour satisfaire l'industrie chimique?).
Ils ont également distribué des tracts reprenant le visuel et
détaillant les modalités du déménagement. C'est désormais au CEFIC
(association européenne de l'industrie chimique) que l'on pourra
trouver le Président Barroso et non plus en ses locaux du
Berlaymont. Quant au Commissaire Verheugen, c'est vers les bureaux
bruxellois de BASF qu'il devrait déménager. Le CEFIC et BASF ont en
effet déployé d'intenses efforts de lobbying pour torpiller REACH
et permettre à l'industrie chimique de maintenir des milliers de
substances chimiques sur le marché sans que l'on ne dispose
d'informations quant à leur sécurité et leur impact sur la
santé.
"Des enfants naissent avec un cocktail de substances chimiques
dangereuses dans le sang et Messieurs Barroso et Verheugen se
rangent du côté des industries qui souhaitent continuer à les
produire. Que l'industrie chimique cherche à se battre pour
continuer à polluer impunément, cela n'a rien de surprenant. Mais
quand c'est la Commission qui s'y met, c'est que quelque chose ne
tourne pas rond. Si Messieurs Barroso et Verheugen pensent devoir
faire passer les intérêts de l'industrie chimique avant l'intérêt
collectif, ils doivent déménager. Et nous nous sommes déplacés pour
les aider à faire leurs bagages et à se rendre là où leur coeur les
appelle", a déclaré Nadia Haiama du bureau européen de
Greenpeace.
Tous deux sont derrière la tentative qui a été faite d'affaiblir
d'importantes dispositions du processus législatif REACH, tentative
révélée en septembre dernier par Greenpeace et les Amis de la Terre
(1). Ce document - qui affaiblit de manière significative les
dispositions de la loi en matière de sécurité prévues dans la
proposition originale de la Commission datant de 2003 - a été
rédigé sans consulter l'ensemble des Commissaires. Les changements
suggérés visent à éviter aux producteurs de substances chimiques la
nécessité de fournir des informations quant à l'innocuité de leurs
produits, imposant ainsi aux autorités publiques un système
bureaucratique et coûteux.
A contrario, la Présidence britannique et la Commission
'environnement' du Parlement européen ont proposé des règles plus
contraignantes en matière de substitution des substances
dangereuses.
"La proposition de Messieurs Barroso et Verheugen de diminuer la
quantité d'information requise relative à la sécurité des
substances ne tient compte que des intérêts à court terme de la
seule industrie chimique. La plupart des utilisateurs de substances
chimiques ont besoin d'informations quant à l'impact potentiel sur
la santé des travailleurs et de l'environnement. Les grands
producteurs chimiques maintiennent ces informations secrètes. Les
consommateurs ont besoin d'avoir la certitude que les jouets, les
vêtements, les parfums et les autres biens de consommation qu'ils
achètent ne contiennent pas - comme c'est le cas maintenant - de
substances dangereuses. Il est scandaleux de s'en prendre ainsi aux
exigences en matière de sécurité", poursuit Nadia Haiama.
Greenpeace invite les membres de la Commission européenne à ne
pas céder aux sirènes de l'industrie et à défendre les intérêts du
public en matière de santé, d'environnement et de protection des
travailleurs tout en contribuant à stimuler l'innovation au sein de
l'industrie chimique européenne.
Other contacts:
Fawaz Al-Bitar, Greenpeace Belgique, tél. + 32496/122 231
Notes:
(1) Voir http://eu.greenpeace.org/downloads/chem/PRCommissionBoot050923.pdf