Greenpeace Luxembourg a tenu à s'exprimer, à son tour, au sujet
du paquet européen climat et énergie présenté par la Commission
européenne (CE) et plus particulièrement à commenter la position du
gouvernement après les Conseils européens de l'Energie et de
l'Environnement (1).
L'organisation de défense de l'environnement est
particulièrement inquiète de la frilosité du gouvernement en
matière de lutte contre le changement climatique dès qu'il s'agit
de prendre des mesures nationales et regrette le double langage
utilisé par nos ministres.
Selon le directeur de Greenpeace Luxembourg, Paul Delaunois,
bien que le gouvernement ait approuvé la politique globale de
l'Union européenne, le gouvernement essaye toujours de s'opposer à
la mise en place des mesures nationales destinées à répondre au
défi climatique, en remettant en cause les méthodes de calculs de
la Commission européenne qui détermine les efforts que chaque Etat
membre doit remplir pour atteindre l'objectif global de l'Union
européenne.
Roger Spautz a complété ces propos en rappelant l'épisode du
deuxième Plan National d'Allocation de Quotas de CO2 alloués aux
entreprises luxembourgeoises. En effet, après avoir crié à
l'injustice et à l'impossible, le gouvernement a finalement dû
accepter les propositions de la Commission et revoir sa position.
Par ailleurs, il a expliqué que les objectifs proposés par la
Commission sont inférieurs à ceux que le Luxembourg s'est engagé à
respecter dans le cadre du protocole de Kyoto. Cependant cette
fois, la CE veut imposer aux Etats membres un recours limité aux
mécanismes flexibles. Ce qui veut dire que le Luxembourg ne pourra
plus compenser son excès d'émissions de gaz à effet de serre par
l'achat de certificats. "Si le Luxembourg avait rempli tout ou
partie de ses objectifs de Kyoto, il n'aurait pas eu de grandes
difficultés de répondre aux objectifs européens. Mais le
gouvernement a préféré, jusqu'à présent, de payer des permis de
polluer plutôt que de remettre en question sa politique du tourisme
à la pompe" précise Roger Spautz.
Martina Holbach a exposé les défis relatifs au développement des
énergies renouvelables au Luxembourg. Elle aussi a fustigé
l'attitude du gouvernement qui conteste les objectifs proposés par
la Commission. D'ailleurs, lors du dernier Conseil européen de
l'Energie, le Luxembourg a été le seul état membre avec Malte à
déclarer qu'il ne serait pas en mesure d'atteindre les objectifs en
matière d'énergie renouvelable.
Pour Greenpeace, le Luxembourg peut atteindre une proportion de
11% d'énergie renouvelable dans sa consommation globale, à la
condition expresse de mettre fin au tourisme à la pompe et en
développant l'efficacité énergétique.
La question des agro-carburants préoccupe beaucoup Greenpeace,
car les impacts négatifs sur la biodiversité et les répercussions
sociales en Europe et dans les pays du Sud sont dramatiques. Le
développement des cultures destinées à la production des
agro-carburants s'accompagne en Amérique du Sud et en Asie d'une
déforestation massive, responsable d'émissions conséquentes de gaz
à effet de serre. "Nous aimerions que le Luxembourg s'engage au
niveau européen pour que la Commission retire l'objectif des 10%
d'agro-carburants" a complété Martina Holbach.
D'après Greenpeace, le gouvernement se refuse à admettre qu'une
nouvelle ère énergétique est en train de se mettre en place et
repousse autant qu'il le peut le moment où il devra «prendre le
taureau par les cornes», préférant se réfugier dans une politique
du court terme privilégiant une croissance facile immédiate, aux
décisions certes plus difficiles à mettre en œuvre mais nécessaires
pour assurer un avenir à nos enfants.
"Cette attitude est vraiment contre-productive, car que cela
plaise ou non au gouvernement, il devra remplir ces objectifs, sans
compter qu'il s'agit seulement du premier paquet de mesures qui se
renforcera au cours du temps et que l'adaptation vers une société
indépendante des énergies fossiles est inéluctable. Plus on tardera
à prendre cette orientation, plus ce sera difficile", conclut Paul
Delaunois.
Other contacts:
Paul Delaunois, directeur Tél. 54 62 52 22 ou 621 49 30 14
Martina Holbach, responsable campagne climat/énergie Tél. 54 62 52 24 ou 621 23 33 62
Roger Spautz, responsable campagne climat/énergie Tél. 54 62 52 27 ou 621 23 33 61
Notes:
(1) Pour répondre à l’urgence climatique, les Chefs d’Etat et de gouvernement européens se sont mis d’accord, en mars 2007, sur une politique énergétique pour l’Europe qui préconise:
- d’augmenter de 20% l’efficacité énergétique;
- de réduire d’au moins 20% les émissions de gaz à effet de serre;
- d’atteindre une proportion de 20% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale de l’UE d’ici 2020;
- d’atteindre une proportion de 10% de biocarburants dans la consommation totale des véhicules d’ici 2020.
Pour le Luxembourg, la proposition de la Commission européenne prévoit:
- d’augmenter l’efficacité énergétique de 9% pour 2016;
- de réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005;
- d’atteindre une proportion de 11% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale d’ici 2020;
- d’atteindre une proportion de 10% de biocarburants dans la consommation totale des véhicules d’ici 2020.