Paquet européen climat / énergie: le gouvernement en panne sèche

Communiqués de presse - mars 7, 2008
Greenpeace critique vivement l’attitude du gouvernement qui, après avoir approuvé la politique générale de l’Union européenne en matière de lutte contre le changement climatique, refuse d’engager les réformes nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et développer les énergies renouvelables à hauteur de la contribution réclamée au Luxembourg.

Kyoto n'est qu'un début!

Greenpeace Luxembourg a tenu à s'exprimer, à son tour, au sujet du paquet européen climat et énergie présenté par la Commission européenne (CE) et plus particulièrement à commenter la position du gouvernement après les Conseils européens de l'Energie et de l'Environnement (1).

L'organisation de défense de l'environnement est particulièrement inquiète de la frilosité du gouvernement en matière de lutte contre le changement climatique dès qu'il s'agit de prendre des mesures nationales et regrette le double langage utilisé par nos ministres.

Selon le directeur de Greenpeace Luxembourg, Paul Delaunois, bien que le gouvernement ait approuvé la politique globale de l'Union européenne, le gouvernement essaye toujours de s'opposer à la mise en place des mesures nationales destinées à répondre au défi climatique, en remettant en cause les méthodes de calculs  de la Commission européenne qui détermine les efforts que chaque Etat membre doit remplir pour atteindre l'objectif global de l'Union européenne.

Roger Spautz a complété ces propos en rappelant l'épisode du deuxième Plan National d'Allocation de Quotas de CO2 alloués aux entreprises luxembourgeoises. En effet, après avoir crié à l'injustice et à l'impossible, le gouvernement a finalement dû accepter les propositions de la Commission et revoir sa position.  

Par ailleurs, il a expliqué que les objectifs proposés par la Commission sont inférieurs à ceux que le Luxembourg s'est engagé à respecter dans le cadre du protocole de Kyoto. Cependant cette fois, la CE veut imposer aux Etats membres un recours limité aux mécanismes flexibles. Ce qui veut dire que le Luxembourg ne pourra plus compenser son excès d'émissions de gaz à effet de serre par l'achat de certificats. "Si le Luxembourg avait rempli tout ou partie de ses objectifs de Kyoto, il n'aurait pas eu de grandes difficultés de répondre aux objectifs européens.  Mais le gouvernement a préféré, jusqu'à présent, de payer des permis  de polluer plutôt que de remettre en question sa politique du tourisme à la pompe"  précise Roger Spautz.

Martina Holbach a exposé les défis relatifs au développement des énergies renouvelables au Luxembourg. Elle aussi a fustigé l'attitude du gouvernement qui conteste les objectifs proposés par la Commission. D'ailleurs, lors du dernier Conseil européen de l'Energie, le Luxembourg a été le seul état membre avec Malte à déclarer qu'il ne serait pas en mesure d'atteindre les objectifs en matière d'énergie renouvelable.

Pour Greenpeace, le Luxembourg peut atteindre une proportion de 11% d'énergie renouvelable dans sa consommation globale, à la condition expresse de mettre fin au tourisme à la pompe et en développant l'efficacité énergétique.

La question des agro-carburants préoccupe beaucoup Greenpeace, car les impacts négatifs sur la biodiversité et les répercussions sociales en Europe et dans les pays du Sud sont dramatiques. Le développement des cultures destinées à la production des agro-carburants s'accompagne en Amérique du Sud et en Asie d'une  déforestation massive, responsable d'émissions conséquentes de gaz à effet de serre. "Nous aimerions que le Luxembourg s'engage au niveau européen pour que la Commission retire l'objectif des 10% d'agro-carburants" a  complété Martina Holbach.

D'après Greenpeace, le gouvernement se refuse à admettre qu'une nouvelle ère énergétique est en train de se mettre en place et repousse autant qu'il le peut le moment où il devra «prendre le taureau par les cornes», préférant se réfugier dans une politique du court terme privilégiant une croissance facile immédiate, aux  décisions certes plus difficiles à mettre en œuvre mais nécessaires pour assurer un avenir à nos enfants.

"Cette attitude est vraiment contre-productive, car que cela plaise ou non au gouvernement, il devra remplir ces objectifs, sans compter qu'il s'agit seulement du premier paquet de mesures qui se renforcera au cours du temps et que l'adaptation vers une société indépendante des énergies fossiles est inéluctable. Plus on tardera à prendre cette orientation, plus ce sera difficile", conclut Paul Delaunois.

Other contacts:

Paul Delaunois, directeur Tél. 54 62 52 22 ou 621 49 30 14
Martina Holbach, responsable campagne climat/énergie Tél. 54 62 52 24 ou 621 23 33 62
Roger Spautz, responsable campagne climat/énergie Tél. 54 62 52 27 ou 621 23 33 61

Notes:

(1) Pour répondre à l’urgence climatique, les Chefs d’Etat et de gouvernement européens se sont mis d’accord, en mars 2007, sur une politique énergétique pour l’Europe qui préconise:
- d’augmenter de 20% l’efficacité énergétique;
- de réduire d’au moins 20% les émissions de gaz à effet de serre;
- d’atteindre une proportion de 20% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale de l’UE d’ici 2020;
- d’atteindre une proportion de 10% de biocarburants dans la consommation totale des véhicules d’ici 2020.

Pour le Luxembourg, la proposition de la Commission européenne prévoit:
- d’augmenter l’efficacité énergétique de 9% pour 2016;
- de réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005;
- d’atteindre une proportion de 11% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale d’ici 2020;
- d’atteindre une proportion de 10% de biocarburants dans la consommation totale des véhicules d’ici 2020.