Des manifestants de Greenpeace ont entrepris l'escalade d'une cheminée d’une centaine de mètres, sur le site de BASF à Feluy.
Greenpeace compte également remettre à BASF un échantillon de
sang 'contaminé' par des substances du type de celles produites sur
le site de Feluy. Des analyses sanguines ont, en effet, révélé la
présence de ces substances chimiques - préjudiciables pour la santé
- dans de nombreux échantillons analysés par Greenpeace. Greenpeace
demande à l'industrie chimique de s'engager plus fermement dans la
voie d'une production plus sûre et d'accepter de manière
inconditionnelle l'inscription obligatoire du principe de
substitution dans REACH (1).
L'objectif de Greenpeace est de dénoncer un nouveau type de
pollution liée à l'utilisation de substances chimiques pour la
fabrication de biens de consommation courante. La preuve
irréfutable de cette pollution chimique invisible - mais loin
d'être sans conséquence pour la santé et l'environnement - a été
apportée ces dernières années par Greenpeace. Des substances
dangereuses comme les phtalates (utilisés entre autres pour
l'assouplissement des plastiques) ont été retrouvées dans des
échantillons de poussières domestiques et d'eau de pluie, dans
différents biens de consommation courante ou encore dans le sang
(2).
«Au même titre que celui d'une centaine de volontaires
européens, mon sang a été analysé. On y a retrouvé des substances
comparables à celles produites sur ce site industriel; ces
substances sont problématiques pour nos systèmes immunitaires et
hormonaux. Si nous attendons davantage, avance Paul Delaunois,
directeur de Greenpeace Luxembourg, nous risquons d'être confrontés
à un véritable problème de santé publique. Comme tout citoyen, je
souhaite que l'on investisse dans la recherche d'alternatives plus
sûres. C'est une responsabilité qui incombe à l'industrie. Mes
résultats ainsi que ceux du Ministre de l'Environnement Lucien Lux
et du parlementaire européen Claude Turmes seront publiés lors
d'une conférence de presse vendredi prochain à Luxembourg.»
De nombreuses voix se sont élevées pour avertir du danger que la
présence de ces substances toxiques dans des biens de consommation
courante représente pour notre santé (3). Deux manifestes
importants ont été signés, l'un à Paris, l'autre à Bruxelles, par
des scientifiques de renom, des organisations de défense de la
santé, des consommateurs et de l'environnement ainsi que des
syndicats (4).
«Alors que la réforme législative REACH entrera prochainement
dans une phase cruciale, nous assistons à une prise de conscience
générale du problème, affirme Fawaz Al Bitar, responsable de la
campagne substances toxiques pour Greenpeace. Or, les grands
groupes chimiques semblent refuser de s'engager dans la voie de
l'alternative et s'efforcent d'affaiblir le processus législatif en
cours.»
Greenpeace demande à l'industrie chimique de s'engager
formellement à produire moins toxique et d'accepter la perspective
d'une législation forte et applicable à l'ensemble du secteur en
Europe. Des fabricants utilisateurs de substances chimiques ont,
par ailleurs, déjà affirmé leur intention d'éviter le recours à ces
substances et de favoriser des alternatives moins toxiques (5).
«Suite aux pressions de l'industrie, REACH manque actuellement
d'efficacité. Ce texte doit impérativement contenir le principe de
substitution, imposant aux industries le remplacement de substances
chimiques dangereuses par des alternatives moins nocives, quand
celles-ci existent à un coût raisonnable, commente Fawaz Al Bitar.
Si le nouveau texte de loi ne prévoit pas l'obligation de
substituer les substances dangereuses, l'industrie pourra continuer
à propager une pollution tellement insidieuse qu'on ne la voit
pas.»
Le 6 juin prochain, REACH, la réforme législative sur la chimie
figurera à l'agenda du Conseil de la compétitivité, réuni à
Luxembourg.
Other contacts:
Paul Delaunois, (+352) 54 62 52 22
Notes:
1) REACH renvoie à la notion d’Enregistrement, d’Evaluation et d’Autorisation pour les substances chimiques. Il s’agit d’une proposition de la Commission européenne datant d’octobre 2003 et actuellement en cours de discussion au Parlement européen et au Conseil de l'Union européenne.
2) Les différents rapports publiés par Greenpeace ainsi que leurs résumés exécutifs sont disponibles sur le site http://reachfr.greenpeace.be">http://reachfr.greenpeace.be
3) Les phtalates produits par BASF présentent la dangerosité suivante: toxicité pour la reproduction (atteintes à la différentiation sexuelle, au développement du système reproductif en général et au développement testiculaire en particulier, perturbation potentielle du sperme humain…), atteintes au développement et aux fonctions du foie ou des reins, perturbations des systèmes immunitaires et hormonaux et risques accrus d’asthme et d’allergies.
4) Appel de Paris et Manifeste pour une législation efficace sur les substances toxiques sur http://reachfr.greenpeace.be">http://reachfr.greenpeace.be
5) Récemment organisé par Greenpeace, le défilé “Substitute with Style” a mis en évidence les étapes déjà entreprises par des grandes marques pour cesser l’utilisation de substances chimiques dangereuses dans une large gamme de produits allant des textiles aux cosmétiques en passant par des lecteurs de DVD ou des rideaux de douche. Les firmes participantes étaient H& M, Marks and Spencer, Reebok, IKEA, Sony, Sony Ericsson, Ecover, Lavera, Ethic Wear.