Produire moins toxique, une responsabilité qui incombe à l'industrie chimique

Action en cours chez BASF à Feluy

Communiqués de presse - mai 23, 2005
Des manifestants de Greenpeace, dont des Luxembourgeois, ont entrepris ce matin l'escalade d'une cheminée d’une centaine de mètres, sur le site de BASF à Feluy. Leur objectif est d'y déployer une banderole invitant BASF à substituer la production de phtalates – la dangerosité de certaines de ces substances est clairement établie – par des substances plus sûres.

Des manifestants de Greenpeace ont entrepris l'escalade d'une cheminée d’une centaine de mètres, sur le site de BASF à Feluy.

Greenpeace compte également remettre à BASF un échantillon de sang 'contaminé' par des substances du type de celles produites sur le site de Feluy. Des analyses sanguines ont, en effet, révélé la présence de ces substances chimiques - préjudiciables pour la santé - dans de nombreux échantillons analysés par Greenpeace. Greenpeace demande à l'industrie chimique de s'engager plus fermement dans la voie d'une production plus sûre et d'accepter de manière inconditionnelle l'inscription obligatoire du principe de substitution dans REACH (1).

L'objectif de Greenpeace est de dénoncer un nouveau type de pollution liée à l'utilisation de substances chimiques pour la fabrication de biens de consommation courante. La preuve irréfutable de cette pollution chimique invisible - mais loin d'être sans conséquence pour la santé et l'environnement - a été apportée ces dernières années par Greenpeace. Des substances dangereuses comme les phtalates (utilisés entre autres pour l'assouplissement des plastiques) ont été retrouvées dans des échantillons de poussières domestiques et d'eau de pluie, dans différents biens de consommation courante ou encore dans le sang (2).

«Au même titre que celui d'une centaine de volontaires européens, mon sang a été analysé. On y a retrouvé des substances comparables à celles produites sur ce site industriel; ces substances sont problématiques pour nos systèmes immunitaires et hormonaux. Si nous attendons davantage, avance Paul Delaunois, directeur de Greenpeace Luxembourg, nous risquons d'être confrontés à un véritable problème de santé publique. Comme tout citoyen, je souhaite que l'on investisse dans la recherche d'alternatives plus sûres. C'est une responsabilité qui incombe à l'industrie. Mes résultats ainsi que ceux du Ministre de l'Environnement Lucien Lux et du parlementaire européen Claude Turmes seront publiés lors d'une conférence de presse vendredi prochain à Luxembourg.»

De nombreuses voix se sont élevées pour avertir du danger que la présence de ces substances toxiques dans des biens de consommation courante représente pour notre santé (3). Deux manifestes importants ont été signés, l'un à Paris, l'autre à Bruxelles, par des scientifiques de renom, des organisations de défense de la santé, des consommateurs et de l'environnement ainsi que des syndicats (4).

«Alors que la réforme législative REACH entrera prochainement dans une phase cruciale, nous assistons à une prise de conscience générale du problème, affirme Fawaz Al Bitar, responsable de la campagne substances toxiques pour Greenpeace. Or, les grands groupes chimiques semblent refuser de s'engager dans la voie de l'alternative et s'efforcent d'affaiblir le processus législatif en cours.»

Greenpeace demande à l'industrie chimique de s'engager formellement à produire moins toxique et d'accepter la perspective d'une législation forte et applicable à l'ensemble du secteur en Europe. Des fabricants utilisateurs de substances chimiques ont, par ailleurs, déjà affirmé leur intention d'éviter le recours à ces substances et de favoriser des alternatives moins toxiques (5).

«Suite aux pressions de l'industrie, REACH manque actuellement d'efficacité. Ce texte doit impérativement  contenir le principe de substitution, imposant aux industries le remplacement de substances chimiques dangereuses par des alternatives moins nocives, quand celles-ci existent à un coût raisonnable, commente Fawaz Al Bitar. Si le nouveau texte de loi ne prévoit pas l'obligation de substituer les substances dangereuses, l'industrie pourra continuer à propager une pollution  tellement insidieuse qu'on ne la voit pas.»

Le 6 juin prochain, REACH, la réforme législative sur la chimie figurera à l'agenda du Conseil de la compétitivité, réuni à Luxembourg.

Other contacts:

Paul Delaunois, (+352) 54 62 52 22

Notes:

1) REACH renvoie à la notion d’Enregistrement, d’Evaluation et d’Autorisation pour les substances chimiques. Il s’agit d’une proposition de la Commission européenne datant d’octobre 2003 et actuellement en cours de discussion au Parlement européen et au Conseil de l'Union européenne.

2) Les différents rapports publiés par Greenpeace ainsi que leurs résumés exécutifs sont disponibles sur le site http://reachfr.greenpeace.be">http://reachfr.greenpeace.be

3) Les phtalates produits par BASF présentent la dangerosité suivante: toxicité pour la reproduction (atteintes à la différentiation sexuelle, au développement du système reproductif en général et au développement testiculaire en particulier, perturbation potentielle du sperme humain…), atteintes au développement et aux fonctions du foie ou des reins, perturbations des systèmes immunitaires et hormonaux et risques accrus d’asthme et d’allergies.

4) Appel de Paris et Manifeste pour une législation efficace sur les substances toxiques sur http://reachfr.greenpeace.be">http://reachfr.greenpeace.be

5) Récemment organisé par Greenpeace, le défilé “Substitute with Style” a mis en évidence les étapes déjà entreprises par des grandes marques pour cesser l’utilisation de substances chimiques dangereuses dans une large gamme de produits allant des textiles aux cosmétiques en passant par des lecteurs de DVD ou des rideaux de douche. Les firmes participantes étaient H& M, Marks and Spencer, Reebok, IKEA, Sony, Sony Ericsson, Ecover, Lavera, Ethic Wear.