Présidence luxembourgeoise du Conseil de l'Union Européenne
Dans quelques jours, le Luxembourg présidera le Conseil de
l´Union européenne et l´organisation de défense de l´environnement
Greenpeace, s´inquiète qu´aucune thématique environnementale ne
figure à l´agenda des priorités du gouvernement de Jean-Claude
JUNCKER. "Et il y a pire encore", s´exclame Paul Delaunois, le
Directeur de Greenpeace Luxembourg, "le Ministre de
l´environnement, Monsieur Lucien LUX, vient de fixer rendez-vous
aux organisations luxembourgeoises de protection de l´environnement
le .... 13 janvier 2005, pour leur 'exposer le programme de travail
de la Présidence luxembourgeoise en matière environnementale et un
échange de vues y relatif'". A cette date, il n´y aura plus de
possibilité pour la société civile de faire des propositions et
d´intervenir au niveau de l´agenda de la présidence.
Paul Delaunois a rappelé que les grandes priorités de la
Présidence luxembourgeoise sont essentiellement d´ordre
institutionnelle avec la ratification du traité constitutionnel
impliquant les négociations sur les perspectives financières des
programmes communautaires pour la période 2007 à 2013, la réforme
du pacte de stabilité et de croissance, l´élargissement de l´Union
et enfin la revue à mi-parcours de l´agenda de Lisbonne. "Si nous
comprenons très bien les préoccupations du Conseil de l´Union, nous
nous attendions à ce que le Luxembourg profite de sa réalité de
proximité avec les citoyens pour mettre en avant des sujets plus
proches des citoyens et notamment les problèmes environnementaux",
a-t-il ajouté.
Pour Jorgo RISS, Directeur de l´Unité européenne de Greenpeace à
Bruxelles, le Luxembourg devra s´attacher à donner un nouvel essor
à la stratégie de Lisbonne. Le Processus de Lisbonne est le modèle
de développement que se sont imposés les Etats membres en 2000. Il
repose sur le tryptique d´un développement économique, social et
environnemental. Greenpeace souhaite que la Présidence
luxembourgeoise s´applique à renforcer concrètement la dimension
environnementale de ce processus. Elle aura d´ailleurs l´occasion
de prouver ses intentions dans quatre ou cinq domaines inscrits
d´ores et déjà à l´agenda des deux Conseils environnement qui se
tiendront durant la Présidence luxembourgeoise.
Le dossier sur les substances chimiques toxiques et dangereuses,
connu sous l'abréviation REACH, en fait partie. Après quinze années
de négociation, la Commission européenne va présenter une
proposition de réglementation sur plus de 100.000 produits utilisés
par l´industrie parmi lesquels 2.000 sont extrêmement préoccupants.
C´est à dire que ces molécules toxiques ne se décomposent pas
rapidement dans l´environnement et peuvent s´accumuler dans les
êtres vivants. De ce fait, ces substances sont capables de
perturber notre système hormonal, provoquer le cancer ou altérer
les gènes. En 20 ans leur concentration est devenue 40 fois plus
élevée dans notre sang ou dans le lait maternel. Greenpeace demande
que toutes les substances extrêmement préoccupantes soient
immédiatement remplacées dans les procédés industriels par des
produits moins nocifs. Ce principe de "substitution" doit être
adopté dans le cadre de la réglementation européenne.
Pour Greenpeace, le protocole de Kyoto, qui va entrer en vigueur
en février prochain, doit figurer à l´ordre du jour des priorités
luxembourgeoises. "L´Europe doit reprendre le leadership dans ce
domaine et le Luxembourg doit préparer la mise en place d´un futur
régime (post 2012) fort et ambitieux", expose Roger Spautz. Pour
éviter des catastrophes aux conséquences insupportables, les
émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer de 80% d´ici
2050. Or nous n´avons pas été capable de mettre en place une
politique permettant de respecter nos engagements pris dans Kyoto.
"La situation est très sérieuse et pour l´instant nous ne pouvons
que constater l´inefficacité des mesures prises", déclare Roger
Spautz.
Martina Holbach, la responsable de la campagne sur les OGM
(organismes génétiquement modifiés) insiste sur l´engagement trop
passif du gouvernement et du Ministre de l´Environnement en
particulier dans ce domaine. "Le Luxembourg doit redevenir un réel
pays proactif dans ce dossier, car la Commission est en train
d´ouvrir les portes et les fenêtres de l´Union européenne aux OGM".
Greenpeace voudrait voir les politiques reprendre l´initiative pour
protéger l´agriculture traditionnelle et biologique ainsi que les
consommateurs, d´autant plus que la grande majorité des citoyens
européens ne veulent pas des OGM.
Le quatrième dossier sur lequel l´organisation environnementale
insiste est la protection des forêts anciennes et la mise en place
du plan d´action européen FLEGT qui vise à lutter contre la coupe
et le commerce illégal de bois. Greenpeace réclame du gouvernement
luxembourgeois qu´il aille beaucoup plus loin pour répondre à
l´ampleur de la crise. "Pour protéger les forêts anciennes et la
biodiversité de régions vulnérables comme l´Amazonie, l´Afrique
Centrale, l´Asie du Sud-Est et la Fédération de Russie, l´Union
européenne doit adopter une directive contraignante visant à
interdire toutes les importations de bois et de produits dérivés
issus de la coupe et du commerce illégal", a insisté Roger
Spautz.
En guise de conclusion, Greenpeace a
brandi un "carton jaune" au Gouvernement et au Ministre de
l´Environnement. "Vous devez reprendre le dialogue et travailler
avec nous et les autres associations pour faire progresser l´Europe
et l´environnement", a conclu Paul Delaunois.