Six mois pour faire progresser l´Europe ... et l´environnement

Communiqués de presse - décembre 9, 2004
Pendant six mois, le Luxembourg présidera aux destinées de l´Union européenne. Greenpeace veut la reprise du dialogue et hausse le ton: les problèmes environnementaux ne doivent pas rester la cinquième roue du carrosse des priorités du gouvernement Juncker.

Présidence luxembourgeoise du Conseil de l'Union Européenne

Dans quelques jours, le Luxembourg présidera le Conseil de l´Union européenne et l´organisation de défense de l´environnement Greenpeace, s´inquiète qu´aucune thématique environnementale ne figure à l´agenda des priorités du gouvernement de Jean-Claude JUNCKER. "Et il y a pire encore", s´exclame Paul Delaunois, le Directeur de Greenpeace Luxembourg, "le Ministre de l´environnement, Monsieur Lucien LUX, vient de fixer rendez-vous aux organisations luxembourgeoises de protection de l´environnement le .... 13 janvier 2005, pour leur 'exposer le programme de travail de la Présidence luxembourgeoise en matière environnementale et un échange de vues y relatif'". A cette date, il n´y aura plus de possibilité pour la société civile de faire des propositions et d´intervenir au niveau de l´agenda de la présidence.

Paul Delaunois a rappelé que les grandes priorités de la Présidence luxembourgeoise sont essentiellement d´ordre institutionnelle avec la ratification du traité constitutionnel impliquant les négociations sur les perspectives financières des programmes communautaires pour la période 2007 à 2013, la réforme du pacte de stabilité et de croissance, l´élargissement de l´Union et enfin la revue à mi-parcours de l´agenda de Lisbonne. "Si nous comprenons très bien les préoccupations du Conseil de l´Union, nous nous attendions à ce que le Luxembourg profite de sa réalité de proximité avec les citoyens pour mettre en avant des sujets plus proches des citoyens et notamment les problèmes environnementaux", a-t-il ajouté.

Pour Jorgo RISS, Directeur de l´Unité européenne de Greenpeace à Bruxelles, le Luxembourg devra s´attacher à donner un nouvel essor à la stratégie de Lisbonne. Le Processus de Lisbonne est le modèle de développement que se sont imposés les Etats membres en 2000. Il repose sur le tryptique d´un développement économique, social et environnemental. Greenpeace souhaite que la Présidence luxembourgeoise s´applique à renforcer concrètement la dimension environnementale de ce processus. Elle aura d´ailleurs l´occasion de prouver ses intentions dans quatre ou cinq domaines inscrits d´ores et déjà à l´agenda des deux Conseils environnement qui se tiendront durant la Présidence luxembourgeoise.

Le dossier sur les substances chimiques toxiques et dangereuses, connu sous l'abréviation REACH, en fait partie. Après quinze années de négociation, la Commission européenne va présenter une proposition de réglementation sur plus de 100.000 produits utilisés par l´industrie parmi lesquels 2.000 sont extrêmement préoccupants. C´est à dire que ces molécules toxiques ne se décomposent pas rapidement dans l´environnement et peuvent s´accumuler dans les êtres vivants. De ce fait, ces substances sont capables de perturber notre système hormonal, provoquer le cancer ou altérer les gènes. En 20 ans leur concentration est devenue 40 fois plus élevée dans notre sang ou dans le lait maternel. Greenpeace demande que toutes les substances extrêmement préoccupantes soient immédiatement remplacées dans les procédés industriels par des produits moins nocifs. Ce principe de "substitution" doit être adopté dans le cadre de la réglementation européenne.

Pour Greenpeace, le protocole de Kyoto, qui va entrer en vigueur en février prochain, doit figurer à l´ordre du jour des priorités luxembourgeoises. "L´Europe doit reprendre le leadership dans ce domaine et le Luxembourg doit préparer la mise en place d´un futur régime (post 2012) fort et ambitieux", expose Roger Spautz. Pour éviter des catastrophes aux conséquences insupportables, les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer de 80% d´ici 2050. Or nous n´avons pas été capable de mettre en place une politique permettant de respecter nos engagements pris dans Kyoto. "La situation est très sérieuse et pour l´instant nous ne pouvons que constater l´inefficacité des mesures prises", déclare Roger Spautz.

Martina Holbach, la responsable de la campagne sur les OGM (organismes génétiquement modifiés) insiste sur l´engagement trop passif du gouvernement et du Ministre de l´Environnement en particulier dans ce domaine. "Le Luxembourg doit redevenir un réel pays proactif dans ce dossier, car la Commission est en train d´ouvrir les portes et les fenêtres de l´Union européenne aux OGM". Greenpeace voudrait voir les politiques reprendre l´initiative pour protéger l´agriculture traditionnelle et biologique ainsi que les consommateurs, d´autant plus que la grande majorité des citoyens européens ne veulent pas des OGM.

Le quatrième dossier sur lequel l´organisation environnementale insiste est la protection des forêts anciennes et la mise en place du plan d´action européen FLEGT qui vise à lutter contre la coupe et le commerce illégal de bois. Greenpeace réclame du gouvernement luxembourgeois qu´il aille beaucoup plus loin pour répondre à l´ampleur de la crise. "Pour protéger les forêts anciennes et la biodiversité de régions vulnérables comme l´Amazonie, l´Afrique Centrale, l´Asie du Sud-Est et la Fédération de Russie, l´Union européenne doit adopter une directive contraignante visant à interdire toutes les importations de bois et de produits dérivés issus de la coupe et du commerce illégal", a insisté Roger Spautz.

En guise de conclusion, Greenpeace a brandi un "carton jaune" au Gouvernement et au Ministre de l´Environnement. "Vous devez reprendre le dialogue et travailler avec nous et les autres associations pour faire progresser l´Europe et l´environnement", a conclu Paul Delaunois.