Mis en place depuis 2002 en RDC, le moratoire sur les forêts gelant l’exploitation industrielle de celles-ci, est soumis à rude épreuve sous les coups de boutoir des industriels et autres intérêts privés, qui n’entendent rien de moins que de raser de la surface de la terre, ces 60 à 70 millions d’ha de forêts tropicales.

Les forêts tropicales, les écosystèmes les plus importants dans la régulation du climat

Outre le fait que 40 millions de personnes sont menacées de disparition, avec leurs coutumes et leurs civilisations, les forêts du Bassin du Congo restent l’un des seuls puits à carbone au monde. Les experts s’accordent à dire que les forêts tropicales constituent les écosystèmes les plus importants dans la régulation du climat.

Ces forêts concentreraient à elles seules, plus de 30 milliards de tonnes de CO2, soit l’équivalent de trois ans d’émissions mondiales (ou vingt ans d’émissions des États-Unis) !

Exploité à des fins industrielles et autres, ce stock pourrait entraîner une hausse de la température de l’ordre de 3 à 4°C, à l’échelle de toute la planète.

Volontaire Greenpeace Afrique – RDC

Les populations autochtones comme véritables gestionnaires des forêts

40 millions, c’est le nombre de personnes qui vivent des forêts du bassin du Congo. Celles-ci leur fournissent eau, nourriture, habitat et même… lieux de culte. C’est dire que la survie de ces populations est étroitement liée à ce que les autorités auront décidé pour l’avenir des forêts tropicales au Congo démocratique.

Peut-on passer par pertes et profits une biodiversité aussi riche, une osmose aussi aboutie entre l’homme et la forêt au profit d’intérêts miniers ou industriels ?

Et si le véritable enjeu, c’est justement de faire de ces populations, les véritables gestionnaires de ces forêts ?

Irène Wabiwa Betoko, cheffe de Projet International de la Forêt du Bassin du Congo de Greenpeace, ne dit pas autre chose lorsqu’elle conclut, « qu’au lieu de permettre de nouvelles voies de destruction, la RDC a besoin d’un plan de protection permanente des Forêts, prenant en compte la gestion par les populations locales et autochtones qui y vivent et en dépendent pour leur survie ».

Volontaire Greenpeace Afrique – RDC

Les forêts tropicales du Congo n’ont pas de prix pour le devenir de la planète

Si la levée du moratoire est dans l’ordre du possible, il ne faut pas négliger l’avertissement que des ONG ont lancé. Selon elles, la superficie de la forêt tropicale de la RDC remise aux entreprises forestières pourrait augmenter de 20 millions d’hectares – une superficie de la taille de la Grande-Bretagne.

Mais en réalité, c’est jusqu’à 60-70 millions d’hectares de forêts intactes, abritant des milliers de communautés locales et de peuples autochtones et des espèces menacées telles que les gorilles de montagne, les éléphants de forêt et l’Okapi endémique, qui sont concernées.

Aujourd’hui, comme nous le rappelle M. Ranece Jovial, responsable de campagne forêt au niveau de Greenpeace Cameroun,  il ne fait plus de doute que l’exploitation forestière dite « sélective », est l’une des causes majeures de la perte de forêts en Afrique, parce que nécessitant la mise en place d’un vaste réseau routier pour atteindre de faibles densités d’arbres à valeur commerciale.

Tout ceci pour dire que les forêts tropicales du Congo démocratique sont d’un apport inestimable pour le Congo mais aussi pour la planète tout entière et qu’en vérité, ce dernier bastion vert au monde, n’a pas de prix !

Volontaire Greenpeace Afrique – RDC

Bombe climatique ou dernier espoir de sauver la planète, les forêts tropicales seront ce que nous aurons choisi d’en faire

Depuis 2017, officiellement, il est établi et reconnu, qu’à cheval sur les deux Congos, se trouve la plus vaste zone de tourbières tropicales de la planète et doit à tout prix être préservée. Et c’est l’un des plus grands cadeaux que Dame nature nous a offert. Mais ça, les populations qui vivent dans cet écosystème le savent depuis longtemps et se transmettent respectueusement, ce trésor, de génération en génération.

Tørris Jæger, secrétaire général de Rainforest Foundation Norway (RFN), lui, n’a pas manqué de souligner que « le développement durable pour les générations présentes et futures en RDC dépend directement de la protection des forêts tropicales intactes du pays. Sécuriser les terres des peuples autochtones – une priorité pour le président Tshisekedi –  et une augmentation substantielle du soutien à la gestion communautaire des forêts devraient être des priorités stratégiques pour la RDC, y compris dans son partenariat avec l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale. »

Parce que l’équation est simple : soit nous ferons des forêts tropicales le gigantesque puits à carbone qui aidera à sauver la planète, soit nous détruirons celles-ci et nous libérerons les quelque 10 milliards de tonnes de dioxyde de carbone estimés pour ces forêts et, bonjour la…bombe climatique !

Volontaire Greenpeace Afrique – RDC

Cheikh Bamba NDAO – Greenpeace Afrique