Non au Nucléaire en Afrique du Sud

Le nucléaire n'est pas la solution à la crise énergétique

Page - août 17, 2015
L’Afrique est aujourd’hui confrontée à la perspective d’une crise énergétique. Pour assurer son développement et faire face à l’augmentation de ses populations, les besoins en énergie vont être croissants. Les stratégies adoptées par les différents pays auront un impact sur les émissions en CO2 dans les prochaines années.

Au niveau mondial, Greenpeace se pose en détracteur de l’énergie nucléaire. Les centrales nucléaires produisent de l'électricté à partir de la fission d'un atôme d'uranium. Ce procédé crée une énorme quantité de chaleur, qui génère de la vapeur d'eau, et qui produit de l'électricité via l'activation de turbines.  Pour en savoir plus sur la fabrication d'électricité via le nucléaire, voir cette page (en anglais).

L'énergie nucléaire est souvent présentée comme une énergie propre, car la production d'électricité en soi ne produit pas directement de CO2. En revanche, ses coûts associés sont largement sous-estimés:

  • quand on pense au nucléaire, on oublie souvent d’y associer les émissions dues à l’extraction et au transport de l’uranium. Peu de pays utilisateurs sont également producteurs de cette matière première, et les minéraux doivent souvent voyager sur des milliers de kilomètres avant d’être transformés en électricité;
  • l'électricité produite par le nucléaire est chère, car on doit tenir compte du prix astronomique de la construction des centrales, de la production et du transport de l'uranium, ainsi que les coûts de maintenance des centrales. Si on a parfois l'impression que l'électricité peut être produite par des centrales nucléaires à bas prix, c'est parce que l'on omet ces coûts, et que l'on omet également d'y inclure les énormes subventions étatiques dont bénéficie l'industrie;
  • la question des déchets n’a toujours pas été résolue. Une fois que l’uranium enrichi a produit de l’électricité, il reste des résidus radio-actifs, qui sont pour le moment enterrés dans des sites de stockage. Cela pose plusieurs problèmes, celui de la sécurité des sites et des risques de fuites, et celui de la quantité de déchets qui ne cesse de s’accroître;
  • enfin, il ne faut pas minimiser le risque d’incidents, qui sont coûteux en vies humaines et destructeurs pour l’environnement, comme n’est pas sans nous le rappeler la catastrophe de Fukushima. Les centrales nucléaires sont onéreuses à entretenir, un niveau de sécurité maximal doit être maintenu en permanence, et comme nous l’a montré la catastrophe japonaise, les standards de maintenance sont loin d’être toujours respectés.

Pour en savoir plus sur les raisons qui motivent notre opposition au nucléaire, vous pouvez consulter cette page (en anglais).

En Afrique aujourd'hui, le Ghana et le  Nigéria sont fortement intéressés par l'option nucléaire, et l'uranium est extrait en Afrique du Sud, en Namibie est au Niger. L’Afrique du Sud est cependant le seul pays du continent à avoir déjà opté pour le nucléaire. Greenpeace milite pour une transition éngergétique juste et durable, ainsi que pour plus d'efficacité énergétique. Greenpeace est donc fermement opposé à tout nouvel investissement dans le nucléaire en Afrique du Sud, une énergie qui n’est pas adaptée pour répondre aux besoins du pays.

Trojan Horse in Front of DoE Pretoria

Pourquoi le nucléaire n’est pas la réponse appropriée à la crise énergétique de l’Afrique du Sud

Greenpeace Afrique fait campagne en Afrique du Sud pour empêcher de nouveaux investissements dans l’énergie nucléaire et pour que la durée de vie de la centrale vieillissante de Koberg ne soit pas prolongée.

Le gouvernement prévoit d'augmenter la capacité de production du nucléaire à 9600 MW, ce qui correspondrait à environ 6 nouveaux réacteurs. Des documents gouvernementaux posent ouvertement la question du coût, et se prononcent contre de tels investissements à court terme.

Malgré cela, le gouvernement sud-africain va de l’avant et force le projet, et a signé de nombreux accords de coopération nucléaire. Un plutôt douteux a été signé avec le gouvernement russe et la société Rosatom, qui serait retenue pour la construction des futures centrales. 

 Cet accord n’est pas la solution pour l’Afrique du Sud, et les principales raisons sont: 

  • Le nucléaire est simplement trop cher, et le pays avec une croissance actuelle de 1,3 % et un taux de chômage moyen de 25 % n’a pas les moyens de payer l’addition. On estime que le coût du programme coutera mille milliards de rands et que cet investissement va faire augmenter de manière significative le prix de l’électricité ;
  • Le processus d’attribution des contrats manque complètement de transparence, et c’est très inquiétant au vu du montant total de l’opération, qui représente le plus gros investissement en matière énergétique dans l’histoire récente du pays ;
  • Les centrales vont prendre plus de 10 ans à être construites, avec les délais supplémentaires classiques dans ce genre d’opération, alors que l’Afrique du Sud a besoin immédiatement de capacité électrique supplémentaire:

Le gouvernement sud africain devrait ouvrir le débat de manière transparente et honnête sur le sujet. Les électeurs ont le droit d’avoir accès aux données relatives à la gestion du risque sur ce dossier, et de savoir pourquoi le nucléaire a été à ce point préféré par rapport à un investissement massif dans les énergies renouvelables, moins chères, plus sûres et disponibles à court terme.  

Greenpeace pense que le nucléaire n’est pas la réponse appropriée à la crise énergétique actuelle de l’Afrique du Sud. Le gain énergétique arrivera trop tard, nécessite un investissement auquel le pays ne peut pas faire face, et le coût de l’électricité au final n’en sera que trop élevé pour favoriser la croissance dont le pays a besoin. 

Le nucléaire ne répondra pas non plus au problème du chômage dans le pays: il faudra recourir massivement à de la main d’oeuvre étrangère pour faire face au manque de travailleurs qualifiés, et il faudra plusieurs années avant que le déficit puisse être comblé.

Voir la campagne actuelle demandant au gouvernement sud-africain plus de transparence dans les négociations sur le nucléaire (en anglais).

Solar power 

Les solutions alternatives promues par Greenpeace

Greenpeace s’engage au côté d’un développement durable et inclusif, créateur d’emplois locaux, et pour mettre fin à la dépense au charbon et au nucléaire. Les énergies renouvelables sont l’option que l’Afrique du Sud devrait privilégier.

Selon nos recherches, les renouvelables pourraient représenter 94% de l’apport énergétique en Afrique du Sud en 2050 - la seule chose qui manque est la volonté politique pour lever les barrières et investir dans ces technologies d’avenir. Les projets existants en Afrique du Sud ont déjà prouvé qu’ils pouvaient livrer des résultats consistant et à prix raisonnable.

Le continent africain est en première ligne des discussions sur le changement climatique, et Greenpeace croit fermement qu’avec la volonté politique les pays africains ont le potentiel de s’orienter vers un développement garantissant le bien-être des populations tout en étant respectueux de l’environnement.