Les communautés, comme les forêts tropicales, sont des systèmes complexes, dynamiques et en interaction qui se développent au fil des ans. Comme les forêts, les communautés peuvent néanmoins être mises en péril en une fraction de temps.


Rien de moins n’est en jeu dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, où Herakles Farms tente plus que jamais d’obtenir l'autorisation pour une concession où développer leur projet de plantation d'huile de palme, sans consultation par un processus approprié des populations affectées par ce projet.


Les nouvelles négociations d’Herakles Farms avec le gouvernement camerounais pour obtenir un bail foncier, pour tenter une nouvelle fois de légitimer leur projet, coïncident avec la publication d'un rapport [Anglais] par l’ONG Forest Peoples Programme (FPP) qui documente que certaines communautés n’ont presque aucune information sur le devenir de leurs terres coutumières.


L'objectif principal de FPP est de soutenir l'autodétermination des peuples qui vivent dans les forêts et en tirent leur subsistance, ainsi que le développement et la mise en œuvre de lois protégeant leurs droits. Son enquête a révélé qu’Herakles Farms a utilisé des méthodes de coercition et de pression politique pour forcer l'adoption de décisions dans les villages et que les communautés n'ont en fait pas donné leur consentement libre, informé et préalable (CLIP) pour que le projet aille de l’avant.


Dans un cas particulièrement troublant en 2010, les communautés ont trouvé à leur réveil des bornes de démarcation pour le projet de plantation de l’entreprise dans leurs champs et les forêts communautaires, sans aucune notification ou information préalable. Cette pratique va à l'encontre du droit international, y compris la Charte Africaine des Droits de l’homme et des Peuples, qui donne à tous les membres de la communauté le droit d'être informés, consultés et impliqués dans la prise de décision sur les questions qui ont un impact sur leurs ressources et modes de vie. Ainsi, le rapport conclut: «Il y a une catastrophe potentielle pour les droits de l’homme et les moyens de subsistance des populations en préparation si ces plans se concrétisent".


Ce dernier rapport intervient après des mois de turbulences pour l'entreprise. En Avril, le gouvernement a ordonné une suspension provisoire du projet, qui a été levée depuis sans aucune explication. Le projet semble de plus en plus promis à l’échec quant à ses promesses pour les communautés, le gouvernement et les investisseurs.


Les méthodes douteuses employées par Herakles Farms pour consulter les communautés  sont symptomatiques d'un problème plus large affectant les populations à travers l'Afrique, alors que les entreprises d'huile de palme étendent de plus en plus leurs opérations en Afrique centrale et occidentale. Des projets dans des pays comme le Libéria, le Congo-Brazzaville et le Nigeria ont fait l’objet de controverses similaires, où communautés sont déplacées de leurs terres coutumières souvent sans être dûment consultées et informées.


Greenpeace Afrique appelle le Gouvernement Camerounais à mettre fin au projet d'Hérakles Farms, à développer une planification adéquate pour l'utilisation des terres avant toute affectation de nouvelles concessions, et à créer un précédent pour le développement de projets d’huile de palme en Afrique qui soient socialement justes et écologiquement responsables.