C’est un pas important que vient de franchir les Etats membres de la Commission sous-régionale des Pêches (CSRP), en Afrique de l’Ouest, dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non règlementée (INN). Pendant deux jours, des experts et agents techniques venus de la Gambie, de la Mauritanie, de la Guinée Bissau, de la Guinée et du Sénégal se sont attaqués à l’épineuse question de la fraude au tonnage pratiquée par certaines compagnies de pêche opérant dans la zone.
L’atelier, organisé par la CSRP avec l’appui de Greenpeace, a permis de renforcer les capacités des agents techniques des ministères des pêches et des structures de surveillance des pays, d’une part , en jaugeage des navires de pêche, et d’autres part en techniques de recoupement des jauges brutes déclarées par les compagnies, à partir de sources publiques.
Il a aussi permis d’identifier, sur le plan législatif, les gaps et les incohérences qui favorisent le développement de cette fraude et proposer des recommandations allant dans le sens d’une amélioration et d’une harmonisation des différents textes et initiatives nationaux et régionaux, avec comme base l’application de la Convention de Londres sur le jaugeage des navires de 1969.
Depuis des siècles, la pêche occupe une place stratégique dans les Etats côtiers membres de la CSRP. Elle contribue de façon significative dans leur économie et constitue une source importante d’emplois et de protéines animales pour des millions d’individus.
Seulement, depuis des décennies, ces ressources font face à une surexploitation inquiétante due aux activités de pêche aussi bien légales qu’illégales des navires de pêche nationaux et étrangers. Selon les récentes révélations sur la pêche INN, l’Afrique de l’Ouest paierait le plus lourd tribut de ce fléau. Annuellement, les Etats de l’Afrique de l’Ouest perdraient, annuellement, environs 800 millions d’euros du fait de la Pêche INN. Et pour entretenir cette razzia, les compagnies de pêche débordent d’idées.
La sous-déclaration de la jauge des navires de pêche est une de leurs techniques les plus connues dans la région, entre autres. Profitant du manque de personnels qualifiés dans les Administrations des pays côtiers, certaines compagnies de pêche véreuses n’hésitent pas à déclarer, pour leurs navires, des jauges brutes en dessous de la réalité pour payer moins cher leurs licences et pour accéder, illégalement, à certaines zones de pêche.
Au-delà de ces pertes financières, les impacts sociaux et environnementaux sont aussi dramatiques.
Il est évident que le chemin de la lutte contre la pêche INN, dans la région, est encore long. Mais on peut affirmer sans risque de se tromper qu’un jalon, certes petit mais important, vient d’être posé par Greenpeace et la CSRP.
Billet de blogue par Ahmed Diamé, chargé de campagne océans, Greenpeace Afrique