De nombreux projets « clés » ont fait ces derniers temps les gros titres des journaux. Signés par les bailleurs de fonds et les payas producteurs de grumes du Bassin du Congo, ces projets doivent mettre en œuvre des « réformes essentielles » et lutter contre la déforestation.

Greenpeace souligne depuis longtemps le rôle primordial que les bailleurs de fonds doivent jouer pour protéger les forêts primaires, et accueille généralement de manière positive les efforts faits pour améliorer les secteurs forestiers défaillants de pays comme le Cameroun et la République Démocratique du Congo (RDC).

Toutefois ces projets, que ce soient la récente Initiative Forêts d’Afrique Centrale  (IFAC) ou des accords comme REDD+, doivent en priorité bénéficier aux communautés qui dépendent de la forêt au quotidien.

Pourtant, si vous rendez visite aux populations vivant  dans les régions reculées, à proximité des forêts denses, vous vous rendrez vite compte qu’elles ne voient pas la couleur de ces millions de dollars destinés à la protection des forêts.

Un nouveau rapport de l’université de Fribourg sur l’aide bilatérale allemande à la protection des forêts, que Greenpeace International a soutenu, montre à travers d’exemples en Indonésie, au Cameroun et en RDC, qu’effectivement les communautés locales et indigènes ne voient pas beaucoup l’impact de cette aide au développement.

Selon l’auteur du rapport, « Nous avons besoin passer d’une approche centrée sur des modèles de management à grande échelle à une gouvernance des ressources naturelles au niveau local. »

L’Allemagne est un des principaux bailleurs de fonds dans la lutte contre la déforestation. Le pays a investi depuis 2002 dans plus de 89 projets, pour un total de plus de 435 millions d’euros – avec des résultats mitigés.

Dans les villages voisins des concessions, au Congo, l’abattage de bois illégal se poursuit et des espèces rares sont détruites, mettant en danger la survie des populations locales. Les infrastructures – écoles, hôpitaux, routes, etc.… - promises par les sociétés d’exploitation sont quasi inexistantes.

Le rapport révèle cette approche descendante. Un responsable du GIZ, chargé de la mise en place de nombreux projets, a admis qu’il n’était pas toujours possible ni nécessaire de consulter les villages ou communautés locales dans les projets de zoning. D’autres ont déclarés qu’il était impossible de consulter toutes les communautés impliquées, ou que les modes de gestion forestière de ces communautés dataient du Moyen-Age.

Si de tels points de vue sont majoritaires, il n’est alors pas étonnant que les bailleurs de fonds et les gouvernements n’accordent que peu d’attention au vote de lois de gestion communautaire, et que celles-ci soient écartées des processus décisionnaires qui ont un impact sur leurs modes de vie.

A l’approche des négociations de Paris sur le climat, les pays du bassin du Congo ont été prompts à mettre en avant leurs forêts et la lutte contre la déforestation pour demander des financements et soutiens.

Mais les forêts ont aujourd’hui besoin d’actions fermes et d’une forte volonté politique, plus que d’argent.

Irène Wabiwa Betoko est responsable de campagne senior Forêts pour Greenpeace Afrique 

 

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