La République Démocratique du Congo fait à peu près la même taille que l'Europe occidentale. Cependant son infrastructure est loin d’être la même. C’est ainsi qu’il est rare – voire impossible - que certaines personnes de différentes région du pays puissent se rencontrer en personne.


Pourtant c’est ce qui s’est passé la semaine dernière à Kinshasa grâce à Réseau Ressources Naturelles (RRN) - un réseau courageux d’organisations de la société civile, de militants et de chercheurs s’activant dans le domaine de la justice sociale et environnementale. 


Les groupes membres sont répartis un peu partout dans cette vaste nation où ils surveillent l'exploitation forestière et les violations des droits de l'Homme subies par les communautés locales par le secteur de l'exploitation forestière industrielle illégale. Ils fournissent une assistance aux communautés et aux peuples autochtones dans ce qui est souvent une lutte quotidienne pour voir leur terre et leurs droits respectés.


Pour Greenpeace ce réseau est essentiel. RRN est notre partenaire et le réseau constitue nos yeux et nos oreilles sur le terrain dans des endroits reculés de la forêt, nous aidant ainsi à faire écho des violations qui, autrement, ne seraient jamais révélées. Il s’agit d’une existence périlleuse et c’est la raison pour laquelle ma joie était immense quand j’ai pu voir tout le monde réuni lors de cette conférence. 


Un des exemples est GAJEN, une petite organisation non-gouvernementale basée à Lisala dans la province de l'Equateur, dirigé par Willy Lilembo. Une ville qui n’est accessible que par bateau ou par avion depuis Kinshasa. L'an dernier, Willy a révélé comment les travailleurs de la société d'exploitation forestière Sicobois ont utilisé la violence contre les membres des communautés locales affectés par les pratiques destructrices de la société. En réponse, Sicobois a choisi, une fois de plus, la voie de l'intimidation à travers le dépôt d'une plainte en justice contre Willy.


Un autre cas, celui de Papa Emmanuel, basé à Mushie, Bandundu. Dans cette localité, les entreprises industrielles, majoritairement chinoises, utilisent systématiquement des permis illégaux pour accéder à des espèces de bois précieux, y compris le Wengé. Papa Emmanuel voyage sans relâche autour de la vaste province et sait exactement où les illégalités se déroulent. Papa Emmanuel parvient à sortir ces informations au monde extérieur malgré une montagne de problèmes logistiques, à commencer par le manque d'électricité et l’absence du réseau téléphonique.


l’étendu et l'éloignement des zones forestières au Congo associés à un manque de surveillance et de contrôle institutionnel sont quelques-unes des raisons principales qui font que les entreprises continuent à arriver en RDC, à se servir et abuser des abondantes ressources naturelles - souvent en toute impunité.


Les failles béantes de la protection et la gestion des forêts du Congo ont été au cœur des débats à Kinshasa. Un représentant de CODELT, un groupe de juristes environnementalistes, a fait la déclaration alarmante qu’il est difficile de trouver une seule grume quittant le pays qui a été abattue légalement.


Comme Greenpeace l’a récemment publié, le secteur de l'exploitation forestière industrielle apporte peu d'avantages tangibles aux communautés dont les forêts sont pillées. En effet l'intimidation et les conflits sont souvent la réalité quotidienne pour les personnes vivant et travaillant dans ou à proximité des zones d'exploitation forestière.


Alors, que nous réserve l'avenir? Pour la plupart des groupes à Kinshasa il était manifestement clair que nous avons besoin de modèles alternatifs à celui basé sur les concessions industrielles. L'architecture de ce système n’est ni adéquate ni adaptée au contexte congolais. Elle conduit systématiquement à la déforestation et à la dégradation des forêts et ne bénéficie à personne à part  les entreprises et les officiels. 


Des alternatives ont été présentées lors de cette conférence. Il s’agit notamment de la gestion communautaire des forêts, de l'agroforesterie et de nouveaux modes de financement de la protection et la cogestion des forêts. Ces idées sont intéressantes et Greenpeace a récemment lancé une pétition demandant aux personnes d’encourager le gouvernement à mettre en application le décret sur la foresterie communautaire récemment signé.


Mais bien que le gouvernement de la RDC reconnaisse les problèmes auxquels les forêts et les communautés doivent faire face, il semble impuissant ou peu disposé à les traiter pleinement.

Des représentants du ministère de l'Environnement se sont illustrés par leur absence à la réunion de Kinshasa. Pourtant, plusieurs d’entre eux avaient accepté l’invitation. La Fédération de l'industrie Forestière (FIB) a également décidé, à la dernière minute, d’opter pour la politique de la chaise vide.


Ce n’est ni long ni compliqué de comprendre pourquoi ils ont déserté la réunion - mais leur absence est révélateur. Ce n’est qu’en forçant les officiels et les entreprises à faire face à la dure réalité du chaos organisé du secteur de l'exploitation forestière, que des progrès seront réalisés.


Alors, aidez-nous et nos partenaires locaux en RDC en signant la pétition pour exiger un réel progrès sur la foresterie communautaire et d'assurer que le moratoire sur l'exploitation forestière industrielle soit maintenu et appliqué.