En votant favorablement, ce mercredi 6 Février 2013, pour la nouvelle Politique Commune de Pêche (PCP), les membres du Parlement européen ont  soutenu les mesures visant à réduire la pression de pêche de leur flotte industrielle d’ici à 2015, afin d’encourager la reconstitution des stocks à des niveaux durables.

Une décision historique qui intervient au moment où de nombreuses communautés, éparpillées à travers le monde, voient, chaque jour, leurs moyens de subsistance et leur sécurité alimentaire menacés par les activités de ces navires géants. La flotte européenne prend environ 1,2 millions de tonnes de poissons par an  en dehors des eaux de l’UE, soit un quart des captures européennes.

Les eaux de l’Afrique de l’Ouest, jadis connues pour leur richesse, n’ont pas été épargnées par cet appétit, sans cesse croissant, des compagnies de pêche européennes. On estime les captures européennes dans les eaux du Maroc et de la Mauritanie à  235 000 tonnes annuellement mais on ne connaît pas la totalité des captures au large de l’Afrique de l’Ouest.

Avec ce vote, l’espoir peut renaître chez les pêcheurs ouest-africains. En effet, au-delà des mesures visant à adapter la taille de la flotte de pêche de l'UE en fonction de la disponibilité du poisson dans les océans, à promouvoir des méthodes de pêche à petite échelle et à faible impact et à éliminer les rejets en mer, le Parlement a aussi approuvé des règles interdisant la surpêche, par la flotte de l'UE, dans les eaux de pays étrangers.

Pour en arriver à ce changement de politique, le chemin n’a pas été de tout repos depuis que la reforme de la PCP a été initiée.

D’abord, il a fallu réduire la capacité de nuisance des nations européennes connues pour leur grande opposition à une politique contraignante. A la tête de ces dernières : l’Espagne et la France. A elles seules, elles représentent plus de 50% de la flotte européenne avec respectivement 59% et 14%.

Depuis le début de cette reforme, Greenpeace a mené campagne pour que le nouveau texte de la PCP contienne des objectifs contraignants de réduction des flottes nationales, pour que le nombre de bateaux et leur capacité soient en rapport avec la ressource ; des quotas qui respectent les préconisations des scientifiques ; des exigences de transparence et de  traçabilité dans la gestion des pêcheries, entre autres.

Dans cette campagne pour l’établissement d’une politique de pêche européenne plus durable, les pêcheurs ouest-africains ont été au premier rang. Issus de la Mauritanie, du Cap Vert et du Sénégal, un groupe de pêcheurs artisans a, avec le soutien de Greenpeace, sillonné la France, le Royaume Uni, l’Espagne, la Belgique,  l’Autriche, le Luxemburg, l’Allemagne et les Pays bas. Dans chacun de ces pays, ils ont  raconté aux parlementaires et gouvernements leur histoire et leur détresse face aux activités des navires étrangers dont européens (African Voices). Aujourd’hui, ils peuvent être fiers d’avoir contribué à un grand changement qui ouvre une ère nouvelle dans la gestion des ressources halieutiques du monde.