Chers militants de Greenpeace,
Je m’appelle Moustapha Sarr et je suis un pêcheur artisan sénégalais. Mon fils Ibra et moi-même vous écrivons juste après avoir débarqué nos captures du jour, pour vous témoigner de notre soutien dans ces moments difficiles.
Mon nom ne vous dit rien mais mon fils et moi-même avons eu l’occasion de croiser l’Arctic Sunrise dans les eaux sénégalaises, au large de mon village Lompoul, 07 avril 2012.
Vous étiez venus prêter main forte aux pêcheurs sénégalais dont les moyens de subsistance étaient mis en danger par les activités des chalutiers pélagiques étrangers, pillant nos fonds marins.
Depuis ce jour, le nom de votre mythique navire et de son équipage resteront à jamais gravés dans mon esprit.
Il était environ midi quand vous avez accosté notre petite pirogue. Nous venions de passer six longues heures à tenter de remplir nos filets, en vain. Il faut dire qu’à cette période, nos eaux étaient quasiment vidées de leurs ressources. Nous les petits pêcheurs, nous tirions le diable par la queue.
Après quelques échanges, nous vous avons invités à monter à bord pour discuter des difficultés rencontrées face à la rareté du poisson, et des promesses politiques de Macky Sall de mettre fin aux activités des chalutiers pélagiques au Sénégal.
Au bout d’heure de discussion, vous avez continué votre chemin vers les eaux mauritaniennes, où d’autres défis vous attendaient aux côtés des pêcheurs de ce pays frère. Mais avant de lever l'ancre, vous nous avez ravitaillés en eau et offert des paquets de biscuits.
Je ne cesse, d’ailleurs, de visionner la vidéo de cet entretien et ne manque aucune occasion pour la partager avec mes proches et amis pêcheurs. Je serai éternellement reconnaissant pour votre contribution à la préservation des ressources sénégalaises et la défense des intérêts des petits pêcheurs que nous sommes.
Ainsi, ma surprise a été de taille quand j’ai appris les chefs d’accusation de piraterie des autorités russes pesant contre vous. Ma voix et celle de mon fils représentent certes une goutte d’eau dans l’océan, mais nous tenons à les faire entendre.
Vous êtes des femmes et des hommes très courageux qui acceptent de partir loin de leurs familles et de mettre en danger leurs vies pour une cause noble. Ce ne sont pas les murs d’une prison ou les bruits de bottes des forces armées qui réussiront à vous réduire au silence. Car, il n’y a rien de plus respectable que le combat que vous menez.
Que le Bon Dieu vous accompagne et à très bientôt, car j’y crois !
Moustapha Sarr, pêcheur sénégalais