La célébration de la journée mondiale de l’Océan est, chaque année, une occasion unique de sensibiliser le grand public à une meilleure gestion des océans et de leurs ressources.

Dans une déclaration rendue public ce 8 juin, Greenpeace et les associations de pêcheurs du Sénégal ont lancé un signal fort aux autorités du pays. Nous y avons clairement défini une vision constructive et positive du futur des pêcheries sénégalaises.

En effet, au Sénégal, comme un peu partout dans le monde, les océans traversent une crise sans précédent. Les stocks de poissons et les fonds marins se dégradent d’année en année sous le coup de la surpêche incontrôlée et des méthodes de plus en plus modernes, sophistiquées et dévastatrices.

A cela s’ajoute l’expansion effrayante de la pêche illicite, non-déclarée et non-réglementée (INN) qui coûte, annuellement, des dizaines de millions d’euros à l’économie du pays région.

dimanche 8 juin 2014

© Clément Tardif / Greenpeace

 

En tant que chargé de campagne océans à Greenpeace Afrique, j’ai eu, à plusieurs reprises, l’occasion de documenter les conséquences de l’épuisement des fonds marins sur les communautés de pêcheurs. Le constat est tout simplement alarmant !

En effet, de Saint louis au Cap Skiring, en passant par Kayar, Face Boye, Mbour, Joal, Kafountine, entre autres villages de pêcheurs, des milliers de petits pêcheurs sont réduits au chômage où obligés de risquer , quotidiennement, leur vie à la recherche du poisson de plus en plus rare. Ils doivent braver vents et marées  pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles.

La sécurité alimentaire des populations qui dépendent majoritairement du poisson pour les protéines animales est menacée dans plusieurs zones de la région. Alors qu’au même moment, des monstres des mers de la dimension d’un terrain de football, capables de pêcher, en une seule journée, l’équivalent de la consommation annuelle de 9 000 Sénégalais, sillonnent nos côtes. Ces usines flottantes aspirent tout sur leur passage et vident les fonds marins d’une région à une autre, laissant derrière eux désespoir et misère dans les communautés de pêcheurs.

Les conflits entre populations autochtones et migrants, d’une part, et entre pêcheurs et agents de l’Etat, d’autre part, se multiplient. Certaines communautés de pêcheurs n’hésitent plus à braver la loi pour nourrir leur famille. Hélas, les émeutes survenues dans la journée du 29 mai entre les pêcheurs du village de Thiaroye et des agents de la surveillance restent encore gravées dans la mémoire des populations.      

Espoir !

Heureusement, l’espoir est permis. Suite à cette triste réalité, des communautés de pêcheurs et des organisations de la société civile ne sont pas restées les bras croisés. Un peu partout à travers le pays, ils joignent leurs efforts pour exiger des décideurs de meilleures politiques de pêche, plus durables et plus équitables.

Cet engagement a déjà porté ses fruits en 2012 quand, sous la pression des acteurs, le nouveau régime avait décidé de chasser des eaux nationales 29 chalutiers pélagiques dont la présence était jugée illégale et inacceptable.  

Aussi, la nouvelle mobilisation des pêcheurs sénégalais pour exiger de leur gouvernement un accord de pêche plus équitable avec l’union européenne témoigne de cette prise de conscience collective.   

Certes le chemin à parcourir reste parsemé d’embuches mais comme nous le rappelle le thème de cette année :

 « Ensemble nous avons le pouvoir de protéger l’Océan »