Greenpeace condamne l’expulsion d’un réalisateur français et l’annulation du visa d’un employé par la RDC

Communiqué de presse - mars 2, 2017
Kinshasa, le 1er mars 2017 - Greenpeace Afrique est choquée par l’expulsion d’un réalisateur français et l’annulation du visa de l’un de ses employés par les autorités de la République démocratique du Congo à la suite d’un tournage dans la province de l’Equateur.

L’équipe était sur place pour filmer le quotidien des communautés dans la zone d’Imbonga, près de la concession forestière Etablissements MOTEMA. Cette entreprise appartient à l’Amiral Baudouin Liwanga Mata, qui sous-traite l’exploitation à COTREFOR. Les bases légales pour leur brève arrestation et l’expulsion du réalisateur et de l’employé de Greenpeace qui a suivi demeurent floues.

« Ils étaient présents dans le pays légalement, avec toutes les autorisations et documents nécessaires, notamment une accréditation officielle du Ministère de la Communication et Médias. Leur expulsion est une nouvelle manifestation [1] inquiétante de la manière dont certains officiels congolais essaient de limiter le rôle des médias et de la société civile dans le pays, pour protéger notamment les intérêts de grandes entreprises », dénonce Irène Wabiwa Betoko, responsable de la campagne forêt à Greenpeace Afrique. 

Le vendredi 17 février, les autorités locales ont ordonné au réalisateur et à l’équipe qui l’accompagnait de quitter la zone pour se rendre à Mbandaka. A leur arrivée là-bas, le matériel vidéo du réalisateur et son passeport lui ont été confisqués, ainsi que le passeport d’un employé non congolais de Greenpeace. Personne n’a été placé en détention, mais le réalisateur a été interrogé par les autorités chargées de l’immigration, avant que lui et l’équipe soient renvoyés à Kinshasa. 

En février dernier, Greenpeace a révélé [2] l’allocation illégale par l’ancien Ministre de l’Environnement Robert Bopolo Mbongenza de deux concessions forestières, en violation du moratoire de 2002 sur les nouveaux titres forestier. Ces révélations ont été l’objet de vives critiques du gouvernement congolais de la part des donateurs internationaux, car elles confirment le chaos ambiant du secteur forestier dans le pays. Le 8 février, l’actuel ministre de l’Environnement Athys Kabongo Kalonji a confirmé à la Voix de l’Amérique [3] que les titres que Bopolo avait attribués étaient illégaux et qu’ils avaient été annulés. Il a ensuite précisé qu’aucun arrêté d’annulation n’avait encore été signé, et il n’a rien dit quant à d’éventuelles sanctions des personnes impliquées dans ces allocations.

« Le fait que notre employé et qu’un réalisateur documentant les activités des communautés dans les concessions forestières soient expulsés sans aucune raison légale, seulement quelques semaines après nos révélations, est très inquiétant, et nous laisse penser que cette décision a été influencée par les intérêts de grandes entreprises forestières pour limiter le rôle critique de Greenpeace », ajoute Irène Wabiwa.

Un groupe international de bailleurs présidé par la Norvège appelé l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI) a demandé au gouvernement congolais d’annuler ces concessions illégales. CAFI a signé avec le gouvernement un accord de 200 millions de dollars pour la réduction de la déforestation, mais n’a pourtant pas exigé que les officiels impliqués dans ces violations doivent rendre des comptes. CAFI ne s’est pas non plus ému d’expulsions précédentes et n’a pas demandé de garanties au gouvernement congolais de permettre à la société civile de travailler librement. 

« Si le gouvernement veut montrer de manière crédible qu’il tient à améliorer la gouvernance dans le secteur forestier congolais, il devrait mettre en place les conditions et garanties de base pour que la société civile puisse fonctionner et contrôler le secteur forestier sans prendre le risque d’être arrêtée ou expulsée. Nous demandons au gouvernement congolais de permettre aux ONG impliquées dans la surveillance de la gestion forestière de travailler librement, et donc d’envoyer un signal fort aux bailleurs de leurs efforts vers la transparence, l’un des éléments clés d’une coopération fructueuse », conclut Irène Wabiwa.

Notes aux éditeurs

[1] En juillet 2016, deux employés de Global Witness ont été expulsés de RDC sous de fausses accusations. En janvier 2017, Ida Sawyer, chercheuse à Human Rights Watch, a été obligée de quitter le pays pour la seconde fois en six mois. 

[2]  « Les bailleurs de fonds de la RDC décaissent 40 millions de dollars après l'attribution illégale de 4 000 km2 de forêt à un conseiller du Président Kabila et à un député national », Greenpeace Afrique, 1er février 2017. 

[3] « La RDC annule des titres d'exploitation forestière illégaux », Voice of America, 10 février 2017. 

Contacts presse

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 - Coordinatrice de la communication internationale,  Greenpeace Afrique; +27 79 930 474

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