Greenpeace révèle de nouveaux cas de mauvaises pratiques de pêche en Afrique de l’Ouest

Communiqué de presse - mars 19, 2017
Nouakchott, Mauritanie, le 14 mars 2017 – Greenpeace a présenté, lundi à Nouakchott, les résultats de dix jours de recherche le long des côtes ouest africaines, aux Ministres mauritaniens de la Pêche et de l'Économie Maritime, ; de l’Environnement et du Développement Durable et de l’Equipement et des Transports. Ayant été témoin de nombreuses irrégularités impliquant des navires locaux et étrangers, Greenpeace recommande la mise en place d’un organisme de gestion régional des pêches qui soit fort et efficace.

Comme le souligne Pavel Klinckhamers, Responsable de projet à bord de l’Esperanza : « La situation hors de contrôle dans les eaux ouest africaines est alarmante et confirme encore le besoin urgent de prise décisions. D'après nos observations, la surcapacité  de pêche demeure un des principaux problèmes, et il y a un manque important d’information sur les stocks  de poissons disponibles. La seule voie pour arrêter cette exploitation effrénée est d’amener les gouvernements à prendre leur responsabilité et  à coopérer autour d’une gestion durable de leurs ressources. »

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l'agriculture, la FAO, a signalé, il y a six ans déjà, que les eaux ouest africaines avaient le taux de surpêche le plus élevé au monde, avec plus de la moitié des stocks surexploités [1]. Si cela continue à ce rythme, la sécurité alimentaire de millions d’Africains sera en jeu.

Le navire de Greenpeace Esperanza documente actuellement la frénésie des flottes de pêche dans les eaux ouest africaines, qui sont parmi les plus poissonneuses au monde. L'expédition « Espoir en Afrique de l’Ouest » a débuté au Cap Vert le 23 février et va se poursuivre dans les mois à venir en Guinée Bissau, Guinée, Sierra Leone avant de prendre fin au Sénégal. En moins de deux semaines en mer, les équipes à bord de l’Esperanza ont déjà été témoins de nombreux exemples de pratiques non durables, non réglementées et potentiellement illégales de la part de navires de pêche.

En tant que l’un des instigateurs de l’Initiative pour la Transparence des Pêches, la Mauritanie conforte sa position d’acteur majeur en Afrique de l’Ouest [2]. Selon les accords de pêche signés avec l’Union Européenne, les autorités mauritaniennes sont également soumises à l’obligation de fournir des informations sur les flottes de pêche étrangères présentes dans ses eaux territoriales [3].  Cependant, le long des côtes mauritaniennes, Greenpeace a constaté que de nombreux bateaux de pêche ne rapportaient pas leur position satellite (AIS) [4].

De plus, des navires de pêche industrielle opèrent dans la zone nautique des 12 milles. Ces zones de pêche sont essentielles pour les petits pêcheurs et les communautés locales dépendant de la pêche. Un des événements les plus dérangeants dont ont été témoins les équipes de Greenpeace à bord de l’Esperanza, a été la découverte de centaines de courbines de plus d’un mètre flottant morts à la surface, jetés à la mer par des navires de pêche industrielle.

 Bolei Liu, chargé de campagne océan à Greenpeace Asie de l’est, a déclaré :  « Ce sont des poissons de valeur qui peuvent générer de bons revenus, et un seul de ces poissons peut nourrir une famille nombreuse pendant plusieurs jours. C’est inacceptable que ces poissons soient attrapés et ensuite simplement rejetés à la mer. Cela me faisait mal au cœur de voir les pêcheurs locaux sauter de leurs petits bateaux pour attraper ces poissons et ainsi empêcher que cette ressource de valeur soit gaspillée. »

Le gaspillage ou les pratiques illégales ne sont hélas pas rares dans les eaux ouest africaines, où les deux tiers des stocks de poissons sont partagés entre deux ou plusieurs pays [5]. Afin de s'attaquer au problème commun et croissant qu’est la surpêche, les états côtiers doivent agir conjointement et de manière urgente pour la mise en place d’un organisme régional des pêches, doté d’un mandat de gestion clair allant au-delà d’un simple rôle de conseil.

Les gouvernements  doivent se mettre d’accord sur des règles contraignantes, incluant une allocation des accès aux stocks de poissons qui soit équitable et durable et qui tient compte des intérêts des communautés locales et de la protection de l’environnement. Ils doivent aussi s’assurer que ces règles sont suivies et réaliser qu’ils ne doivent pas seulement coopérer parce qu’ils ont des espaces maritimes communs mais qu’ils y sont soumis par les conventions régionales et internationales [6].  C’est la seule façon de s’assurer que les ressources en poissons sont capturées de manière durable et sans impact négatif sur  l’environnement.

 

Images et vidéos disponibles sur : http://media.greenpeace.org/collection/27MZIFJJG3UON

Contacts médias:

Pour toutes demandes à bord de l’Esperanza : , Responsable du projet, +31 107130874

Médias internationaux : , Coordinatrice de communication, Greenpeace , +45 28109021

Médias en Afrique : , Chargé de communication, Greenpeace au Sénégal, +221 773336265

Médias en Chine : , Chargée de communication, Greenpeace East Asia Beijing Office,  +86 186-0127-7872

 

Notes:

[1] L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l'agriculture, la FAO, conclut que la majorité des pélagiques et des poissons démersaux en Afrique de l’Ouest était soit exploitée à taux maximal, soit surexploitée (http://www.fao.org/3/a-i5555e.pdf). Déjà en 2009 http://www.fao.org/docrep/015/i2389e/i2389e.pdf la FAO avait signalé que la région avait le plus fort taux de surpêche au monde, avec 54% des espèces analysées surexploitées.

[2] La Fisheries Transparency Initiative (FiTI) est une initiative mondiale multipartite qui vise à augmenter la responsabilité et la durabilité des pêches par la transparence et la participation. http://fisheriestransparency.org/fr

[3] Accords de partenariat de pêche durables entre l’Union Européenne et la Mauritanie http://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=uriserv:OJ.L_.2015.315.01.0003.01.ENG&toc=OJ:L:2015:315:TOC

[4] Le Système d'identification automatique (AIS) permet de naviguer en toute sécurité en mer, et d’avoir une vue générale sur les opérations en cours. Toutefois, plus de la moitié des navires de pêche rencontrés dans les eaux mauritaniennes n’utilisaient pas du tout leur AIS, l'utilisaient de manière intermittente ou l'éteignaient pendant la nuit pour dissimuler leurs activités.  

[5] Revue de performance du CECAF 2012, http://www.fao.org/docrep/meeting/024/an154e.pdf, page 10, paragraphe 1.2.4

 [6] Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (http://www.un.org/depts/los/convention_agreements/texts/unclos/unclos_f.pdf) et Convention relative à la détermination des conditions minimales d'accès et d’exploitation des ressources halieutiques à l'intérieur des zones maritimes sous juridiction des Etats membres de la Commission sous Régionale des Pêches (SRFC), http://www.spcsrp.org/sites/default/files/csrp/documents/csrp2012/csrp-CMA_version_originale_juin_2012_fr.pdf

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