Le Ministère de l'environnement et du développement durable de RDC cherche à attribuer une zone a la superficie de la Belgique pour l'exploitation forestière industrielle

Communiqué de presse - avril 16, 2018
Kinshasa, 16 avril 2018 - Greenpeace Afrique et les organisations de la société civile environnementale congolaise signataires de cette déclaration viennent d’apprendre qu'un mois après avoir rétabli 650 000 ha de concessions forestières jugées illégales et annulées en 2016, le ministre congolais de l'Environnement et Développement Durable Amy Ambatobe a écrit au Premier ministre Bruno Tshibala pour l’informer de son plan de la mise en adjudication de quatorze autres concessions forestières couvrant une zone de la superficie de la Belgique. La démarche viole un moratoire sur les nouvelles concessions d'exploitation forestière mis en place en 2002. Seize ans plus tard, la gouvernance forestière en RDC est toujours inexistante.

Le 1er mars dernier, le ministre Amy Ambatobe a communiqué au Premier ministre Tshibala son plan de soumettre en adjudication tous les titres ayant passé avec succès le processus de la revue légale parrainé par la Banque mondiale et conclu en 2009, mais qui ont ensuite été rétrocédés à l'État congolais. L'adjudication des 3 100 000 ha commencerait dans « les prochains jours ». Plus tard dans le mois, il a procédé à la délivrance d'au moins deux permis de coupe industrielle pour l’année 2018 aux opérateurs chinois qui ont vu leurs titres illégaux réhabilités en février.

L’on ne sait pas si le Premier Ministre a répondu à la correspondance du ministre Ambatobe. Les organisations signataires de cette déclaration affirme : «Nous exhortons le ministre Ambatobe et le Premier ministre Tshibala à annuler le plan d’appel d’offres de ces quatorze concessions. L’aboutissement de ce plan entraînera un désastre pour la deuxième plus grande forêt tropicale du monde et aggravera le chaos d'un secteur forestier qui ne profite qu'à quelques exploitants industriels et à quelques élites de Kinshasa au détriment des communautés locales et peuples autochtones ».

Les organisations signataires vont bientôt déposer une requête formelle devant la Cour suprême de Justice en annulation de l’arrêté relatif à la réhabilitation en février des titres illégalement attribués à la Société la Millénaire Forestière (SOMIFOR) et à la Forestière pour le Développement du Congo (FODECO). Le député national Juvénal Munubo a déclaré ce samedi 24 mars 2018 avoir « déposé au Parlement une question orale avec débat adressée au ministre Amy Ambatobe sur la récente réattribution des concessions forestières de 650 000 ha à deux firmes chinoises ».

Le rôle du Premier Ministre Tshibala apparaît actuellement moins décisif pour le sort des plus de trois millions d'hectares à concéder que celui de Néhémie Mwilanya, le Directeur du cabinet du Président Joseph Kabila. Après la publication du communiqué de presse de Greenpeace Afrique le 20 février :« Le gouvernement de la RDC rétablit les concessions illégales d'exploitation forestière en violation de son propre moratoire », M. Mwilanya a contacté Greenpeace Afrique pour confirmer que le moratoire de 2002 avait effectivement été violé. Greenpeace l'a assuré que c'était le cas et nous nous attendions à ce que le gouvernement s'assure que toutes les violations du moratoire soient sanctionnées.

Le plan du ministre Ambatobe est encore une autre rebuffade pour les bailleurs des fonds. Dans une lettre adressée le 14 mars dernier au Fonds national REDD + de la RDC, onze bailleurs des fonds ont dénoncé le « désengagement » du ministère de l'Environnement « des appuis apportés par les partenaires techniques et financiers », condamnant la réattribution des 650 000 ha et la révision hâtive, en période préélectorale du code forestier de la RDC et ont menacé de la suspension de  «plusieurs financements». Les signataires de la lettre semblent n'avoir pas eu connaissance de la lettre du 1er mars de M. Ambatobe au Premier Ministre sur les 14 titres.

Dans une étonnante tirade aux bailleurs des fonds il y a deux semaines à Brazzaville, M. Ambatobe a promis que l'Initiative pour la forêt de l’Afrique Centrale (CAFI), qui a suspendu son financement en février, ne réussirait pas à « recoloniser » la RDC.

« L’indulgence de CAFI a clairement encouragé le pays », affirment les organisations signataires de cette déclaration. « En octobre dernier, elle a transféré 41 millions de dollars au Fonds national REDD +, dont près de la moitié pour des programmes non encore approuvés. Et CAFI a reconnu que sa suspension du financement ne bloquera pas les dépenses des fonds déjà déboursés ». Bientôt CAFI risque d’approuver le projet proposé par l’Agence Française de Développement – le « Programme de gestion durable des forêts » – qui aiderait le gouvernement à mettre en place un processus qui aboutirait à la levée du moratoire qui constitue un garde-fou pour la protection des forêts congolaises.

Contacts:

; Responsable de la Campagne Foret, Greenpeace Afrique; +243976756102  

; Chargé des Programmes, Groupe Climat REDD Renové; +243998085861 

 

 (RCN); +243815190535 

(RRN); +243854802383 


(CFLEDD)

*Les documents qui prouvent que le ministre Amy Ambatobe veut allouer ces 14 concessions forestières ainsi que les permis de coupe sont disponibles sur demande

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