Scandale des autorisations de pêche pélagique côtière :

Greenpeace s’inquiète de nouvelles informations confirmant le règne de l’impunité dans le traitement des infractions

Communiqué de presse - mars 22, 2012
Dakar, le 22 mars 2012 – Greenpeace s’inquiète de nouvelles informations confirmant le règne de l’impunité dans le traitement des infractions récemment constatées, et demande au Ministre de l’Economie Maritime de veiller à la stricte application de la loi.

Le scandale de l’octroi d’autorisations de pêche illicites à des chalutiers pélagiques étrangers a déjà entraîné de nombreuses réactions au Sénégal. Le Syndicat des Agents du Ministère de l’Economie Maritime (SYNAP), vient à son tour de s’indigner publiquement de l’impunité dont continueraient à bénéficier ces chalutiers pourtant convaincus de pratiques illégales. Le SYNAP dénonce en effet l’abandon de toute sanction à l’encontre de 13 chalutiers étrangers pris en flagrant délit de pêche illégale et arraisonnés ces dernières semaines[1]

Parmi ces chalutiers pirates figure le multirécidiviste notoire Oleg Naydenov, dont Greenpeace a récemment documenté les dernières activités illégales, en appelant à des sanctions justifiées et exemplaires, incluant la confiscation des captures et le retrait de sa douteuse « autorisation » de pêche[2].

D’après nos informations, l’Oleg Naydenov, ainsi que 14 autres chalutiers étrangers, ont bel et bien été épinglés par la Commission des Infractions du Ministère de l’Economie Maritime. Cette commission, consultative, recommande ainsi une série de sanctions conformes au droit en vigueur, allant de l’amende simple (3 à 5 millions de FCFA) à l’amende aggravée pour récidive (jusqu’à 60 millions de FCFA), et dans les cas les plus graves, la saisie des captures et le retrait de l’interdiction de pêche (Oleg Naydenov et Zahar Sorokin).

Dans les faits, la plupart de ces chalutiers se sont rendus coupables, en récidive, de délits qualifiés de « très graves » par le Code de la Pêche Maritime, tels que la pêche en zone interdite (précisément parce que ces zones, proches de la côte et des sites de reproduction, doivent être préservées pour garantir la subsistance du pêcheur sénégalais et la reconstitution des stocks).

Comment se fait-il alors ces chalutiers pirates multirécidivistes aient pu repartir ces jours-ci, en toute impunité, et soient autorisés à poursuivre le pillage des stocks de Yaboye (sardinelles), au détriment des pêcheurs artisans sénégalais et du panier de la ménagère ?

En réponse à cette question, le SYNAP dénonce « la décision du Ministre [de l’Economie Maritime] Khoureïchi Thiam d’annuler les amendes infligées aux bateaux [Thor, Coral, Stark et Mikhail Verbesky], soit au total plus de 120 millions de francs [CFA]… par lettre n°0023 MEM/CAB/SG/SP du 8 mars [2012] [3]» ; d’autres sources confirment qu’une telle décision aurait effectivement été prise par le Ministre.

Selon les informations en notre possession, ce sont dorénavant 44 chalutiers pélagiques géants, dotés de capacités de capture pouvant aller jusqu’à 250 tonnes par jour, qui sont « autorisés » à hanter les eaux sous juridiction sénégalaise. En marge de tout cadre légal et confiants en leur impunité, ces chalutiers étrangers, majoritairement russes ou battant pavillon de complaisance, se livrent à un pillage en règle des ressources pélagiques, dont ils menacent très sérieusement la pérennité.

Greenpeace demande au Ministre de l’Economie Maritime de mettre un terme immédiat aux passe-droits et protections dont les chalutiers étrangers et leurs consignataires locaux bénéficient manifestement, en veillant au strict respect de la Loi et à la stricte application des sanctions prévues dans ce cadre.

Greenpeace demande également l’annulation immédiate des autorisations de pêche, allouées à la flotte de chalutiers pélagiques étrangers en contradiction avec la Loi sénégalaise, la mise en place d’un moratoire sur toute nouvelle autorisation, ainsi que l’ouverture d’une enquête sur les conditions d’octroi de telles autorisations illicites depuis 2010.

Contacts :

-       Raoul Monsembula, Chargé de campagne océans Greenpeace Afrique, +221 77 332 89 93, Email :

-       Jerôme Frignet, Chargé de campagne océans et forêts Greenpeace, + 221 77 386 61 38, Email :

-       Bakary Coulibaly, Greenpeace Africa Communications, +221 77 413 84 73, Email:

 


[1] RFM, Interview radiophonique, 21 mars 2012.

[2] Greenpeace, Déclaration, 8 mars 2012, Dakar.

[3] Syndicat National des Agents de la Pêche, Communiqué de presse, 13 mars 2012, Dakar.

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