Des équipes de scientifiques de l’Union européenne ont étudié la qualité de l’air autour de Witbank, Mpumalanga, et en sont arrivés à une conclusion alarmante.
Selon ce rapport, les niveaux de pollution au chromium et au barium sont si importants que les instruments de mesure ont été incapables de donner des estimations fiables.
ll y a 11 centrales à charbon dans la région de Mpumalanga, et une 12e est toujours en construction. Kusile, l’usine géante, aura la capacité de brûler 17 millions de tonnes de charbon par an. A elle-seule, elle fera augmenter les émissions en dioxyde de carbone de l’Afrique du Sud de 10%.
Dans la même région sont minés 220 millions de tonnes de charbon
chaque année - soit 90% des besoins de l’Afrique du Sud.
Dans un rapport commissionné par Eskom,
la pollution atmosphérique occasionnée par ses centrales tue au moins 20 personnes par an. Un chiffre qui pourrait atteindre 617 lorsque les deux centrales géantes de Kusile et Medupi (dans le Limpopo) seront achevées.
A Medupi spécifiquement, le rapport souligne le risque de mortalité par cancer et problème pulmonaire lié aux émissions de dioxyde de souffre, de dioxyde de nitrogène et de particules.
Selon les enquêtes menées par Greenpeace, les centrales à charbon d’Eskom sont la cause d’environ 2,200 morts prématurées par an, dont 200 jeunes enfants.
Greenpeace a rencontré les populations vivant dans le Mpumalanga, à proximité des centrales à charbon.
La plupart des personnes que nous avons rencontrées n’ont hélas pas le choix, elles doivent vivre là. Beaucoup d’entre elles dépendent des mines pour leur survie. Années après années, des communautés se sont développées, entre les mines et les stocks de charbon, et une vie s’est installée.
Portraits.
Sonto Mabina
travaille dans une petite boutique de quartier, juste à côté de chez elle, dans une banlieue informelle de Witbank, dans le Mpumalanga.
Cela fait 25 ans qu’elle vit ici, elle s’est installée là bien avant les trois laveries de charbon qui maintenant encerclent sa maison.
Elle regarde l’environnement toxique qui l’entoure, à travers une brèche dans le mur : de la terre noire, les mugissements des camions plein de charbon, des puits d’eau acide.
Sondo, ou Katerina comme elle aime être appelée, vit avec son mari, Andries. Leur maison n’a ni eau ni électricité, et Katerina se sert d’un vieux poêle à charbon pour cuisiner, la fumée noire envahissant leur cuisine.
Une livraison de la mairie leur amène de l’eau une fois par semaine, mais beaucoup disent qu’elle est trop polluée pour être bue. Ceux qui ont un peu d’argent achètent de l’eau en bouteille ; les autres, comme Katerina, la font bouillir et croisent les doigts.
“La poussière est mon plus gros problème” dit-elle. “Chaque fois que mon enfant va à l’hôpital, c’est à cause de la poussière. Mon autre enfant a sans arrêt le nez qui coule - la poussière l’atteint lui aussi.”
C’est un problème de tous les jours ici. Comme Katerina, quasiment tout le monde souffre de toux, d’asthme ou a les yeux rougis.
Machete, par exemple. Elle vit avec sa famille à Masakhane, une communauté située à l’ombre de la centrale à charbon de Duva.
“La plupart des gens ici savent que les problèmes viennent des mines.
Pendant un temps, je devais emmener mon fils aux urgences toutes les semaines. Les médecins ont même pensé que j’abusais mon enfant. Jusqu’à ce qu’un spécialiste m’annonce que mon fils était allergique à la poussière et que sa bronchite chronique était due à la poussière.
J’ai du prendre des congés sans solde et emprunter pour payer les frais d’hôpitaux. J’ai été licenciée car je devais souvent m’absenter du travail à cause des problèmes de santé de Jimmy.
Ici, quand vous vous mouchez, il y a du mucus noir qui sort de votre nez. Noir comme de la poussière de charbon.
Nous avons remarqué que nos plantes avaient changé de couleur, et quand nous les mangions, on devenait malades.”
David Khumu
vit dans le même village que Katerina, dans le sillage des laveries de charbon.
Le lavage du charbon est un procédé qui requiert de grandes quantités d’eau, laissant de vastes étangs d’eau polluée de produits chimiques. C’est loin d’être un endroit rêvé pour vivre, surtout avec deux jeunes enfants. Mais cela fait 20 ans que David vit ici. Il n’a toujours pas d’eau courante - les usines d’en face, elles, ne manquent de rien.
Greenpeace Afrique:
Le charbon sert à produire de l'électricité – mais vous n'avez pas l'électricité chez vous.
Les mines utilisent beaucoup d'eau – mais vous n'avez pas l'eau courante.
Comment le vivez-vous ?
David Khumu: “Ils ont de l’électricité, pas nous, ils ont de l’eau, pas nous. Cela fait mal. Cela veut dire que l’apartheid est toujours là. Ils pourraient au moins nous reloger dans un endroit où nous pourrions vivre comme des être humains.”
L'épicerie de quartier de Katerina, avec son coca, sa poudre lavante, ses allumettes, illustre la vie que les habitants se sont créée.
Malgré les fumées toxiques, une vie de quartier s'est développée, et ses résidents ne sont hélàs pas prêts de pouvoir partir.
Il y a toutefois des actions que nous
pouvons faire pour les aider.