Faudra-t-il un Fukushima belge pour fermer nos réacteurs nucléaires ?

Communiqué de presse - 10 mars, 2016
Aujourd’hui, de nombreux Japonais se réjouiront sans doute pour la première fois depuis le 11 mars 2011. Quelques jours avant le cinquième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima, un juge japonais a ordonné, pour la toute première fois, la fermeture immédiate de deux réacteurs nucléaires pour des raisons de sécurité. « Avec un peu de chance, il ne faudra pas attendre une catastrophe nucléaire pour que les autorités belges arrivent à la même conclusion », réagit Jan Vande Putte, expert nucléaire de Greenpeace Belgique. Celui-ci se trouve en ce moment à Fukushima afin d’y enquêter sur la radioactivité en mer.

Le gouvernement japonais et le secteur nucléaire tentent de présenter la catastrophe nucléaire de Fukushima, qui s’est produite il y aura cinq ans ce vendredi, comme un simple accident industriel. Des milliards sont dépensés pour racler et nettoyer des routes, des champs et des toits, ce qui n’est guère efficace. Une enquête réalisée par Greenpeace a démontré par le passé que ces méthodes réduisaient à peine la contamination radioactive. [1] « De plus, il n’est pas possible de décontaminer les forêts et les rivières : la radioactivité persistera donc encore pendant des siècles dans notre environnement », affirme Jan Vande Putte. « Le projet du gouvernement japonais qui veut renvoyer les gens le plus vite possible dans les zones contaminées est donc lui aussi totalement irresponsable. » [2]

À la suite de la catastrophe de Fukushima, tous les réacteurs japonais ont été fermés et l’opinion publique s’est opposée à l’énergie nucléaire. Malgré les protestations persistantes tant des habitants de la région que de la population japonaise, depuis l’arrivée du Premier ministre Shinzo Abe, le gouvernement japonais s’est attelé au redémarrage du parc nucléaire. Après Sendai 1 et 2 [3], c’est le redémarrage de Takahama 3 et 4 qui a été approuvé, bien qu’aucun de ces deux réacteurs ne réponde aux normes de sécurité relatives aux séismes renforcées après Fukushima. Une fuite radioactive survenue dans le cœur du réacteur 3 avait précédemment retardé leur redémarrage, mais le jugement prononcé aujourd’hui marque l’arrêt définitif de ces deux réacteurs.

Comme l’explique Jan Vande Putte, « Le jugement prononcé par le juge au sujet de Takahama doit faire réfléchir le gouvernement japonais à ses projets de redémarrage des centrales nucléaires. Mais notre gouvernement peut lui aussi en tirer des leçons. Après Fukushima, le Japon a décidé de limiter la durée de vie de ses centrales à 40 ans. Trois réacteurs belges ont déjà dépassé ce cap, et aucune décision définitive n’a encore été prise quant aux fissures de Doel 3 et de Tihange 2. Combien de temps comptons-nous encore attendre pour fermer ces dangereux réacteurs ? »

Remarques :

[1] Voir « Fukushima disaster: Ongoing nuclear crisis » (juillet 2015).

[2] En début de ce mois-ci, Greenpeace Japan a publié « Radiation Reloaded: Ecological impacts of the Fukushima Daiichi nuclear accident - 5 years later ».

[3] Sendai 1 a été redémarré le 11 août 2015, après de vives protestations des habitants de la région et de la population japonaise. Naoto Kan, Premier ministre du Japon au moment de la catastrophe de Fukushima, a lui-même participé aux manifestations contre la centrale. Le 1er novembre 2015, Sendai 2 a été remis en route à son tour.

Contact :

Jan Vande Putte, expert nucléaire de Greenpeace Belgique (actuellement en mission d’étude des radiations à Fukushima) : par email à l’adresse ou par téléphone au +81 80 9572 4646 (avant midi, heure belge)

Thomas Leroy, Responsable médias chez Greenpeace Belgique : +32 496 26 31 91