Suite au débat tumultueux qui s’est tenu à la Chambre ces dernières semaines, vous pensiez peut-être que la ministre Marghem ne pouvait plus surprendre pour ce qui est de son interprétation "atypique" des règlements juridiques… Vous aviez tort ! Plagier des avis juridiques externes, mentir au Parlement ou encore saboter l'accès aux informations environnementales,  tous les moyens semblent bons pour la ministre afin de prolonger coûte que coûte Doel 1 et 2. Au bout du compte, de qui veut-on défendre les intérêts ?


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Au moment des discussions portant sur sa proposition de loi concernant la prolongation de la durée de vie de Doel 1 et 2, il semblait déjà évident que la ministre Marghem voulait tout faire pour éviter la réalisation d’une étude d’impact environnemental (pourtant obligatoire sur le plan européen et international) et pour ainsi ôter aux citoyens le droit à la participation. Ce qui a occupé une place centrale dans tous les débats, c’est un avis juridique de son "administration" qui repose entièrement sur un argument contesté de la sécurité d’approvisionnement.

Aujourd’hui, il ressort que cet avis serait l’œuvre d’un plagiat partiel (!) d’une note rendue par un bureau d’avocats indépendant. Pire : la ministre a modifié le document à sa guise, sélectionnant les passages favorables et supprimant volontairement d’importantes conclusions. Enfin, comme pour persister dans le surréalisme, Marie-Christine Marghem refuse de transmettre le contrat avec Electrabel sur la prolongation de Tihange 1 à la Commission fédérale de Recours pour l'accès aux informations environnementales.

La question se pose: si de telles pratiques sont nécessaires pour prolonger l’activité de vieux réacteurs dépassés, le nucléaire a-t-il alors encore sa place dans une société démocratique moderne ? Et si l’argumentation juridique de la ministre est basée sur des mensonges et autres semi-vérités, que peut-elle donc encore nous cacher ? Des informations capitales sur la sécurité par exemple ?



Plus tôt dans la journée, la ministre a été rappelée à l’ordre par la majorité et a entre-temps remis au parlement la totalité de la note externe concernant Doel 1 et 2. C’est évidemment insuffisant. La clarté doit être faite, du moins si les partis de la majorité désirent conserver un tant soit peu de crédibilité dans ce dossier.

La loi doit être respectée, y compris par notre ministre de l’Energie. Greenpeace exige que tous les documents relatifs à l’accord passé avec Electrabel pour prolonger Tihange 1 soient transmis à la Commission fédérale de Recours pour l'accès aux informations environnementales. Tout aussi indispensable : des solutions d’urgence non-nucléaires pour pallier au problème potentiel de sécurité d’approvisionnement énergétique doivent être envisagées. À l’instar d’un renforcement prioritaire des interconnexions avec les Pays-Bas.

Greenpeace rappelle également qu’une prolongation éventuelle d’un réacteur nucléaire doit être précédée d’une étude d’impact environnemental et d’une consultation publique (conventions d’Aarhus et d’Espoo). Nous veillerons à ce que ces obligations découlant d’accords internationaux ne soient pas bafouées par notre gouvernement.