Notre gouvernement est plus que jamais entre les mains d’Electrabel. C’est le triste constat que nous pouvons tirer après que nos dirigeants aient décidé de prolonger de dix ans la durée de vie des réacteurs de Doel 1 et Doel 2. Un choix qui ne fait le bonheur que d’un seul parti : celui de GDF Suez/Electrabel, propriétaire de nos vieilles centrales. Et qui confirme que notre approvisionnement énergétique est déterminé par une entreprise privée française uniquement intéressée par le profit qu’elle peut tirer de notre désastreuse situation. Comment dès lors placer la Belgique sur la voie d’un avenir énergétique durable ? En comptant sur les citoyens qui, en unissant leurs forces, ont le pouvoir d’inverser la tendance.

Aux citoyens d'assumer...

Alors, oui, le gouvernement belge doit encore s’entretenir avec Electrabel sur le coût qu’engendrera l’activité prolongée de ces deux réacteurs et sur la rente nucléaire. Mais il est évident que GDF Suez/Electrabel ne perdra pas un cent dans cette affaire. Des centaines de millions d’euros sont nécessaires pour étendre la durée de vie de réacteurs. Electrabel a déjà affirmé qu’un « cadre économique et juridique stable était nécessaire » pour que tel cas de figure se matérialise. Comprenez par-là : un bon « deal » pour réduire les risques liés à l’investissement consenti.



Et qui paiera les pots cassés ? La population belge bien sûr, d’une manière ou d’une autre. Que ce soit par une hausse des impôts (pendant qu’une plus faible rente nucléaire réduit les recettes de l’Etat) ou par une augmentation des prix de l’électricité (le client se voyant imputé les investissements opérés par Electrabel). Et je vous passe encore les détails d’une possible faillite de la Belgique en cas d’accident nucléaire grave. Car au contraire d’autres sources d’énergie, une centrale nucléaire peut librement fonctionner sans que son propriétaire ne soit entièrement tenu pour responsable en cas de catastrophe.

Approvisionnement énergétique incertain

Le gouvernement n’en a visiblement cure, préférant se muer en esclave d’Electrabel, quitte à jeter la sortie du nucléaire par-dessus bord. La décision de prolonger Doel 1 et Doel 2 était pourtant liée, selon l’accord de gouvernement, à une évaluation technique des réacteurs fissurés de Tihange 2 et Doel 3. Le rapport d’Electrabel sur le sujet a pourtant été retardé, ce qui implique également que l’avis de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire n’interviendra pas avant le printemps 2015. Subitement, l’absence prolongée de ces deux réacteurs est avancée pour justifier l’extension de la durée de vie de Doel 1 et Doel 2. Qu’importe si cela contredit l’accord de gouvernement, nos dirigeants ont cédé sous la pression d’Electrabel, arguant que telle option est nécessaire pour sécuriser l’approvisionnement énergétique de notre pays.



Notre gouvernement a tout faux. Sa décision est totalement contreproductive. En restant scotché à des centrales nucléaires qui ont fait leur temps et déjà exposé toutes leurs limites, notre approvisionnement énergétique restera incertain dix ans de plus. Parallèlement, et comme déjà mentionné plus haut, nous attendons toujours la clarté sur les réacteurs fissurés de Tihange 2 et Doel 3… mais aussi sur le cas de sabotage de Doel 4. En savons-nous plus sur les auteurs de cet acte ? Pas du tout. Le réacteur anversois a pourtant été relancé la semaine dernière !

Les énergies renouvelables hors-jeu

Les dirigeants de ce pays jouent avec le nucléaire comme avec le feu et placent le futur énergétique de la Belgique entre les mains d’un géant énergétique étranger. Ils reportent de dix ans la transition vers un avenir énergétique durable et mettent tout simplement les énergies renouvelables hors-jeu.

Pouvons-encore croire à une volte-face ? Le gouvernement belge peut-il revenir à la raison ? La chance est mince. L’AFCN exigera-t-elle de sérieuses mesures de sécurité avant que l’activité de Doel 1 et Doel 2 ne soit prolongée ? Espérons-le. Et nous, pouvons-nous, en tant que citoyens, faire quelque chose? Absolument : montrons à nos dirigeants que nous avons déjà franchi le pas et que nous nous sommes engagés pour un avenir énergétique durable en optant pour un fournisseur d’électricité verte crédible.