L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) a, une nouvelle fois, décidé de donner le feu vert au redémarrage des réacteurs fissurés de Doel 3 et Tihange 2. C’est ce que nous apprenons aujourd’hui. Après une première fermeture en 2012, les deux réacteurs avaient déjà été une première fois remis en service pendant quelques mois pour ensuite être refermés quasi du jour au lendemain. La raison ? Les problèmes se sont avérés plus sérieux que ce qu’on pensait initialement.

On coupe, ou allume… Le feu vert de l’AFCN commence tout doucement à ressembler à un feu clignotant plutôt qu’à un jugement crédible. En 2013, l’AFCN est rapidement revenue sur sa décision et a refermé les réacteurs après quelques mois de fonctionnement. En début de cette année, des milliers de nouvelles fissures ont vu le jour. Quelle garantie avons-nous aujourd’hui que ces réacteurs sont "sûrs" ?

L’AFCN semble rassurée par les résultats des plus récents tests... sans pour autant donner l’impression de comprendre la problématique des fissures. De l’avis même d’experts indépendants (à l’image du professeur Bogaerts de la KU Leuven), nous ne pouvons toujours pas déterminer avec certitude la cause de ces fissures, ni même assurer qu’elles ne prendront pas encore plus d’ampleur à l’avenir. On ne s'étonne donc guère de voir l'AFCN refuser d'accéder à notre demande de faire preuve de transparence en publiant tous les rapports et résultats liés à la réouverture des deux réacteurs.

Si l’AFCN n’a toujours pas plus de certitudes cette fois-ci, pourquoi dès lors jouer avec la sécurité de millions de citoyens alors que sa mission première est justement de la garantir ? Bien sûr, l’opérateur Electrabel Engie est prêt à sauter sur l’occasion en or que représente, à ses yeux, le redémarrage de ces deux vieux réacteurs. Il n’a d’ailleurs pas manqué de critiquer à plusieurs reprises l’absence d’une décision ferme, assurant que cela lui faisait perdre 40 millions d’euros par mois.

Une chose est certaine : en autorisant le redémarrage des réacteurs fissurés, l’AFCN fait le jeu d’Electrabel. Ni la population, ni le climat n’en sortiront gagnants, car il est clair que l’urgente transition vers les énergies renouvelables ne pourra lutter à armes égales face aux plus de 2000 MW produits par les deux réacteurs nucléaires.