Suivez nos chargés de mission Climat, Juliette Boulet et Joeri Thijs, au Sommet de Paris. Ils seront présents tout au long des négociations et écrivent régulièrement des blogs pour vous informer des évolutions sur place.

(blog de Juliette Boulet)

Ça y est, la nouvelle est tombée : la Ministre de l’Environnement et de l’Energie a décidé il y a quelques jours de prolonger  les vieux réacteurs (Doel 1 et Doel 2) nucléaires de 10 ans. Résultat : les investissements nécessaires dans les énergies renouvelables seront encore un peu plus bloqués... Pendant ce temps, à Paris, la COP21 a pris ses quartiers et a commencé ses travaux.

La conférence a commencé avec les déclarations des  chefs d’Etat et de gouvernement : peu de surprise mais un message réellement positif et volontariste autour de la nécessité d’avoir un accord fort qui prend à bras le corps le réchauffement climatique et contribue à une plus grande solidarité mondiale entre les pays riches et les pays les plus vulnérables.

Des annonces en fanfare !

Autour des discussions sur le texte à proprement parler, la COP est aussi le lieu et le moment d’annonces très importantes comme l’initiative solaire de l’Inde. Cette dernière réunit près de 120 pays dans une volonté commune de  déployer près de 100 000 MW de panneaux solaires et de porter la part du renouvelable de l’Inde de 12% aujourd’hui à 40% en 2030.

Les pays africains, sous l’égide de l’Union africaine ont aussi annoncé qu’ils s’engageaient à développer les énergies renouvelables à hauteur de 10 gigawatts (GW) pour 2020 et 300 GW pour 2030. C’est presque deux fois plus que l’électricité produite par des centrales traditionnelles sur l’entièreté des pays africains. Kumi Naido, notre directeur exécutif, commentait ainsi cette initiative : "le continent africain est le moins responsable des émissions des gaz à effet de serre mais c’est celui qui montre le plus d’ambitions. Mais il faudra que cette production vienne du solaire et de l’éolien plutôt que des grands barrages, pour permettre d’atteindre les villages encore sans électricité."  La France contribuera à ce développement à hauteur de 2 milliards d’€ à l’horizon 2020.

Nous avons aussi eu droit à un gros coup de communication d’Obama/Bill Gates/Mark Zuckerberg  avec leur annonce du "Breakthrough Energy Coalition", qui a pour objectif de résoudre "le problème de l'énergie propre" et d’instaurer un "climat stable" à coups de millions de dollars essentiellement pour développer et les nouvelles technologies renouvelables.  Belle contribution, mais pourvu que cet argent aille surtout à ceux qui en ont le plus besoin !

Derrière les portes closes 

Dans les salles de réunion, le travail avance, lentement et de manière fragmentée. Ils sont tout de même parvenus à fournir un texte quelque peu nettoyé et fixant déjà quelques options. Mais, les délégations attendent surtout l’arrivée de leurs ministres en charge du climat qui vont devoir faire des choix : va-t-on opter pour  les 2°C ou les 1,5°c d’augmentation de la température mondiale qui préserve ainsi les Etats insulaires ? Quel sera l’objectif à long terme, le texte parlera-t-il d’une sortie des énergies fossiles ? Il semble, malheureusement, que le texte ne comprenne toujours pas un objectif de 100% d’énergies renouvelables.

Notre message est encore et toujours le même. L’’accord de Paris devra fixer le chemin à suivre pour diminuer et cesser les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. C’est la seule option si nous voulons rester sous la barre des 1,5°c. Pour cela, il faut que les contributions nationales soient fortes,  revues à la hausse tous les 5 ans et que l’on commence cette révision avant 2020. Il faut également une solidarité envers les pays les plus vulnérables : les aider à faire face au réchauffement climatique via une contribution financière forte pour les aider à s’adapter, à développer les technologies notamment les énergies renouvelables. Enfin, il faut que cet accord fasse aussi clairement la différence entre les pays qui contribuent le plus au réchauffement de la planète et depuis longtemps (responsabilité historique) et les autres.

Les lignes ne sont pas figées. Des pays bougent, se rassemblent, font pression commune ; ainsi le forum des pays vulnérables, regroupant 43 pays les plus touchés par le réchauffement climatique ont travaillé pour afficher un point de vue commun et extrêmement progressiste : ils plaident désormais pour que l’on reste sous la barre des 1,5°C, que l’on détermine un scénario avec 100% d’électricité produite en 2050 par des sources renouvelables at et que les pays se mettent au travail pour que leurs contributions respectives s’inscrivent réellement dans ce chemin. Sinon, ce sont des centaines d’îles et des centaines de millions de personnes qui seront sacrifiées. Il y a des vrais leaders à Paris, des gens courageux et déterminés ! Mais ils sont encore bien trop peu nombreux !

Le temps compte, tant à Paris que dans la lutte contre le réchauffement climatique. Nous continuons à travailler ardemment avec notre équipe internationale, pour convaincre, ériger des ponts et pour éviter les digues !

Blog du 30 novembre 2015