Mise à jour du 01/10/15

Depuis la publication de ce rapport, l’entreprise Group Thys a répondu à Greenpeace Belgique afin de préciser qu’elle n’était en rien impliquée dans un quelconque commerce de bois lié à CCT.  Greenpeace avait établi un lien entre ces deux entreprises après avoir obtenu des preuves visuelles selon lesquelles du bois scié CCT se trouvait en juillet 2015 sur un terrain utilisé par Group Thys, à Kapellen.

Dans une réponse parallèle à Greenpeace Belgique, Thys Hout, une autre entreprise utilisant à ce moment le même terrain que Group Thys, a confirmé avoir acheté du bois CCT en 2014, mais nie être l’importateur de ce bois. Thys Hout affirme ne pas avoir été au courant du risque d’illégalité du bois CCT et recherche actuellement des informations sur le fournisseur.

Greenpeace demande dès lors à l’autorité compétente belge (RBUE) d’identifier l’opérateur pour le bois CCT retrouvé sur ce terrain et de vérifier si la diligence raisonnée a été correctement appliquée. Ceci afin de limiter le risque de voir, chez nous, du bois récolté illégalement.


A quelques jours d’une table ronde organisée par le Cabinet de la Ministre de l’Environnement, Greenpeace publie aujourd’hui les résultats préliminaires de sa nouvelle investigation. Ils révèlent que plusieurs entreprises belges sont en possession de bois à très haut risque d’illégalité, vendu par l’entreprise Compagnie de Commerce et de Transport (CCT). Celle-ci commercialise d’importants volumes de bois provenant de sociétés forestières impliquées dans l’exploitation illégale au Cameroun.

Malgré les avertissements répétés de Greenpeace, l’importation de bois tropical à haut risque continue dans notre pays. Notre  fonctionnaire mi-temps qui travaille sur la question des importations de bois illégal en Belgique a encore du pain sur la planche.

Depuis que l’importation en Europe de bois récolté illégalement est formellement interdite (2013), Greenpeace n’a cessé de dénoncer les infractions à la réglementation. Après plusieurs rapports de Greenpeace sur l’Amazonie et la République Démocratique du Congo, ainsi que le rapport de l’ONG Global Witness sur la République Centrafricaine, c’est maintenant un rapport sur du bois camerounais qui met en évidence les négligences des entreprises et des autorités européennes.

Cinq entreprises belges en possession de bois à haut risque du Cameroun

D’après l’enquête menée par Greenpeace, dont un rapport préliminaire est rendu public aujourd’hui, au moins cinq entreprises belges ont été impliquées en 2015 dans le commerce de bois scié camerounais provenant de l’entreprise Compagnie de Commerce et de Transport (CCT): Callens, Decolvenaere N.V., Firma CRAS N.V., Thys Hout et Vandecasteele Houtimport. L’enquête n’a pas permis de déterminer si ces entreprises ont elles-mêmes mis ce bois sur le marché européen ou si elles l’ont acquis auprès d’un importateur. Au moins sept entreprises hollandaises et deux espagnoles sont également impliquées.

Or, CTT s’approvisionne auprès d’entreprises mêlées à l’exploitation forestière illégale. Pour Greenpeace, le risque d’illégalité pesant sur ce bois africain est dès lors très élevé.  En effet, au Cameroun, l’exploitation forestière illégale et la corruption font rage, alors que les systèmes de contrôle, eux, présentent de nombreuses faiblesses, comme l’ont récemment démontré un rapport du Chatam House (2015) et un rapport de l’auditeur indépendant du système FLEGT au Cameroun (2014).

Une nouvelle chance pour les autorités belges de  réagir

En un peu plus de deux ans, Greenpeace a demandé que la législation soit appliquée à pas moins de 14 entreprises, parfois à plusieurs reprises dans le cas de certains importateurs. Des plaintes officielles ont aussi été déposées auprès de la police et du Ministère public. Pour combien d’entreprises belges sanctionnées jusqu’à présent ? Aucune.

Greenpeace joue à nouveau son rôle : celui de tirer la sonnette d’alarme. Au SPF Environnement de remplir sa mission : saisir temporairement le bois CCT, déterminer si les entreprises importatrices ont correctement évalué et atténué les risques d’illégalité avant de mettre ce bois sur le marché, et appliquer, le cas échéant, les sanctions que prescrit la loi belge.

Le 21 septembre prochain se tiendra la table ronde sur le bois illégal organisé par le Cabinet de la Ministre de l’Environnement, Marie-Christine Marghem, en présence des parties prenantes. L’occasion pour la Ministère d’annoncer enfin des mesures concrètes face à un grave problème qui perdure… Aura-t-elle enfin le courage de le faire ? La balle est dans son camp.

Petit rappel : le Règlement Bois de l’Union européenne

Depuis l’entrée en vigueur du Règlement Bois de l’Union européenne (N°995/2010), la mise sur le marché de bois récolté illégalement est interdite.  Les entreprises qui mettent le bois sur le marché doivent adopter un système interne (dit de "diligence raisonnée") qui  permet d’évaluer le risque d’importer du bois illégal en Europe. S’il persiste un risque non-négligeable, les entreprises doivent l’atténuer, par exemple en visitant leurs fournisseurs ou en faisant procéder à des audits. Lorsque le risque subsiste, le bois ne peut être importé. Dans la pratique, il faut bien constater que certaines entreprises ne veulent pas toujours rompre leurs contrats. En parallèle, les autorités compétentes chargées de l’application de l’interdiction procèdent à peu de contrôles et ne sanctionnent pas les fautifs. Résultat : le port d’Anvers est une vraie passoire et personne ne s’en soucie.