Amazonie

Avec une superficie de six millions de kilomètres carrés, la forêt amazonienne est la plus grande zone de forêt ancienne tropicale de la planète. Elle abrite des centaines d'espèces d'oiseaux mais aussi les derniers jaguars menacés d'extinction, des milliers d'espèces végétales aux vertus médicinales et des millions d'individus. Plus de la moitié des espèces animales et végétales terrestres y est concentrée. Elle joue un rôle essentiel dans la stabilisation du climat mondial et son fleuve, l'Amazone, ravitaille un cinquième de la planète en eau douce.

Malgré ses trésors naturels, cette zone est en danger. Bulldozers, tronçonneuses et camions travaillent sans relâche à l'abattage de «l'or vert». Durant les quarante dernières années, 800 000 km2 (l'équivalent d'une fois et demie la France) de forêt amazonienne ont été détruits. Le rythme s'accélère. Actuellement, il est de 14 000 km2 par an. Cette destruction progressive de la forêt amazonienne a fait du Brésil le quatrième émetteur mondial de gaz à effet de serre.

Greenpeace a enquêté pendant trois ans sur cette déforestation et a publié ses conclusions en juin 2009. Il apparaît que l'élevage bovin est responsable à 80% de la destruction de la forêt amazonienne. Plus que le commerce du bois ou la culture du soja, c'est désormais le développement sans précédent des terres consacrées à l'élevage qui menace l'Amazonie. Le Brésil possède en effet le plus grand cheptel commercial du monde. Il est le premier exportateur mondial de bœuf et de cuir, et veut doubler sa part sur le marché international d'ici à 2018.

Ce développement se fait dans l'anarchie la plus complète. Notre enquête prouve que 90% de la déforestation annuelle en Amazonie est illégale ! Des zones appartenant à l’État ou aux collectivités locales sont occupées et exploitées par des industriels. De faux titres de propriété circulent, parfois avec la complicité d'autorités corrompues. L’État brésilien n'a que peu de moyens de contrôle et sanctionne trop faiblement les contrevenants.

Le président Lula a annoncé récemment qu'il voulait réduire ce déboisement illégal (l'objectif est de -72% d'ici 2018). Mais, dans le même temps, il soutient l'élevage en Amazonie. Pire : des lois ont récemment régularisé des terres occupées illégalement. Greenpeace appelle donc le gouvernement brésilien à renforcer les contrôles, à encadrer l'industrie du bois et à ne plus cautionner le développement exponentiel de l'élevage bovin en Amazonie.

Les autorités brésiliennes ne sont pas seules en cause. Notre enquête montre que des marques mondialement connues achètent du cuir ou du bœuf en provenance d'Amazonie et participent ainsi à la déforestation. Elles disent ne pas avoir été mises au courant. Mais maintenant qu'elles savent, que vont-elles faire ? Ces marques vont-elles dénoncer leurs contrats avec des fournisseurs qui massacrent la forêt amazonienne ? C'est en tout cas ce que Greenpeace leur demande.