GLACE NOIRE

Actualité - septembre 16, 2013
Depuis des décennies, les géants pétroliers russes polluent, souvent en secret des régions autrefois florissantes, en déversant du pétrole sur les terres et dans l’océan Arctique.

 UN CRIME SANS NOM À L’ABRI DES REGARDS

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oil spill

 

C’est un crime sans nom qui se perpétue depuis des décennies à l’abri des regards dans les contrées lointaines du Nord de la Russie. Des compagnies pétrolières nationales exploitent le pétrole de ces régions en déversant des milliers de tonnes de pétrole dans la nature, exterminant  peu à peu la faune et la flore locales, et condamnant les peuples autochtones à une vie de misère.

 Les oléoducs acheminant le pétrole se fissurent régulièrement en raison des conditions climatiques difficiles et du peu, voire de l’absence de maintenance. Les compagnies pétrolières préfèrent  laisser le pétrole s’échapper et infiltrer le sol et les eaux plutôt que de colmater ces fissures. Au fil des ans, c’est  près de 30 millions de barils de pétrole, qui viennent chaque année se déverser sur les terres russes, et 600 millions de litres qui se déversent  ensuite dans l’océan Arctique.

 Alors qu’en 2010, le monde entier s’insurgeait contre BP devant la catastrophe pétrolière créée par l’explosion de la plateforme  Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, les industries pétrolières russes déversent chaque année 7 fois cette quantité sur les terres russes.

 Rosneft, la plus grande compagnie d’Etat au monde est à l’origine de multiples déversements pétroliers chaque année. Dans la seule région de Khanty-Mansi en Sibérie, ce sont environ 2700 déversements annuels qui s’y produisent. Les terres se transforment ainsi en champs pétroliers, les eaux deviennent des lacs huileux où les poissons suffoquent et où les autochtones se voient obligés de s’exiler un peu plus loin chaque année.

 En effet, les peuples du Nord de la Russie, de  la Sibérie et de l’extrême-orient (les Khanty, les Mansi et les Nenets), environ 250 000 personnes, sont les plus vulnérables à ces déversements pétroliers. La majorité d’entre eux vit encore selon des modes de vie ancestraux, en accord avec la nature, où pêche, chasse, agriculture et cueillette priment. Cependant, leurs modes de vie sont aujourd’hui sérieusement remis en question par la pollution pétrolière.

 Après des prises de photos satellites dévoilant les zones les plus touchées, Greenpeace a envoyé une équipe de spécialistes dans la région de Khanty-Mansi, en Sibérie. Ils témoignent  de l’ampleur de la pollution observée. « Nous sommes au milieu d’un énorme marécage couvert d’une couche de pétrole dense et noir. Des milliers d’hectares de forêt tout autour agonisent sous l’effet de la pollution et du feu ; les lacs et marécages émettent des reflets noirs de pétrole. Quelques déversements s’étendent sur plusieurs kilomètres, et cela depuis des années. On peut voir la présence d’un grand nombre d’oiseaux et de petits mammifères morts. »

 DÉPENDANCE ÉCONOMIQUE: CARTE BLANCHE POUR LE SECTEUR DU PÉTROLE

 Les organisations environnementales signalent que la corrosion est à l’origine de 97% des bris de pipeline. La plupart des tuyaux ont plus de 30 ans et n’ont pas été conçus pour durer aussi longtemps. Ces déversements pétroliers pourraient ainsi être facilement évités avec un entretien régulier du  matériel.  

 Mais ce n’est visiblement pas la préoccupation majeure des compagnies pétrolières russes. Que cela soit Rosneft, Rusvietpetro ou encore Gazprom, elles ne prêtent que peu de cas à la protection de l’environnement. Ainsi, lors d’une énième fuite de pétrole de Rusvietpetro qui a  commencé à couler le long de la rivière Kolva, le 26 mai 2013 , la compagnie a laissé le pétrole s’accumuler sur les berges, sans même s’exprimer sur le sujet malgré les plaintes des habitants. Les journaux n’ont pas médiatisé cette information, et le gouvernement n’a pris aucune mesure en faveur de l’environnement ou des habitants. Ces derniers se retrouvent à devoir eux même tenter de minimiser l’impact environnemental avec leurs petits moyens.

Les compagnies pétrolières russes jouissent ainsi d’une grande liberté d’action et aucun système de contrôle fiable n’a été mis en place par le gouvernement. Les incidents  et fuites de pétrole passent le plus souvent inaperçus. La végétation, quant à elle, dépérit au fur et à mesure, et, dans des conditions subarctiques extrêmes, il faut de nombreuses années pour que la faune et la flore se redéveloppent. Lorsque la pollution est vraiment importante, des amendes, qui restent dérisoires comparées aux dégâts que la pollution engendre, sont mises en place.

 La politique économique extractive de la Russie explique cette grande indulgence du gouvernement à l’égard des compagnies pétrolières. En effet, l’exploitation d’hydrocarbures en Russie représente  25% du produit intérieur brut. Le pays est ainsi hautement dépendant du marché du pétrole.

 Il est donc difficile pour les organisations environnementales russes ou internationales de faire pression sur le gouvernement pour un meilleur contrôle des externalités négatives engendrées par la production pétrolière.

 NON A LA COOPÉRATION SHELL/GAZPROM

 Que cela soit Rosneft, Gazprom ou encore Rusvietpetro, toutes se sont illustrées par une plus grande volonté de faire du chiffre d’affaire en exploitant toujours plus, que par un réel souci environnemental. Ainsi, malgré leurs discours engagé pour la préservation de l’environnement, on peut se demander pourquoi ces compagnies pétrolières feraient preuve d’un plus grand souci environnemental en Arctique que par le passé ?

 La compagnie pétrolière britanico-néerlandaise SHELL a signé un accord de partenariat avec une grande compagnie pétrolière russe, GAZPROM, pour forer en Arctique à partir de début 2014. Devant l’ampleur de la destruction environnementale déjà engendrée par l’exploitation pétrolière en Russie, il est de notre devoir aujourd’hui de dire non à cette coopération pour l’exploitation pétrolière de l’Arctique pour sauver cet écosystème unique.

 Aidez-nous à sauver l’Arctique ! Mobilisons nous tous ! 

 Signez notre pétition sur www.savethearctic.org