Réacteurs fissurés de Doel et Tihange:

le feu vert a été donné

Communiqués de presse - novembre 17, 2015
L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) a, une nouvelle fois, décidé de donner le feu vert au redémarrage des réacteurs fissurés de Doel 3 et Tihange 2. La décision du régulateur belge a été annoncée aujourd’hui. Après une première fermeture en 2012, les deux réacteurs avaient déjà été une première fois remis en service pendant quelques mois pour ensuite être refermés quasi du jour au lendemain. La raison ? Les problèmes se sont avérés plus sérieux que ce qu’on pensait initialement.

Greenpeace activists climb the reactor of the Tihange Nuclear Plant (belgium) and paint a crack on its dome.Their aim is to protest against the aging of the belgian nuclear reactors, and point at the point at the  safety-risks involved.    © Eric de Mildt/Greenpeace -  all rights reserved

D’après une première enquête d’Electrabel, il s'agit d'un problème de cloquage dû à l'hydrogène survenu lors du forgeage de l'acier des anneaux composant la cuve. La cuve de pression est le cœur du réacteur. C'est là que se trouvent les barres de combustible radioactif et que s'opère la réaction en chaîne. Si cette pièce lâche, il est pratiquement impossible d'éviter une fusion du cœur du réacteur, soit une catastrophe nucléaire. Un composant d'une telle importance ne peut pas être l'objet de faiblesses ou de défauts. 

En 2013, l’AFCN est rapidement revenue sur sa décision et a refermé les réacteurs après quelques mois de fonctionnement. En début de cette année, des milliers de nouvelles fissures ont vu le jour. Quelle garantie avons-nous aujourd’hui que ces réacteurs sont "sûrs"?

Après les nouvelles analyses l'AFCN a conclu qu'Electrabel a pu démontrer de manière convaincante que les microbulles d'hydrogène présentes dans les parois des cuves n'avaient pas d'impact inacceptable sur la sûreté des réacteurs. Tout de même le rapport publié par AFCN contient de nombreuses incertitudes sur l’évolution des fissures. Electrabel peut donc redémarrer les réacteurs de Doel 3 et Tihange 2 et les exploiter jusqu'à leur arrêt définitif, fixé par la loi du 31 janvier 2003 au 1er octobre 2022 pour Doel 3 et au 1er février 2023 pour Tihange 2.

L’AFCN semble rassurée par les résultats des plus récents tests... sans pour autant donner l’impression de comprendre la problématique des fissures. De l’avis même d’experts indépendants (à l’image du professeur Bogaerts de la KU Leuven), on ne peut toujours pas déterminer avec certitude la cause de ces fissures, ni même assurer qu’elles ne prendront pas encore plus d’ampleur à l’avenir.

“L’AFCN joue avec la sécurité de millions de citoyens en Belgique et dans les pays voisins alors que sa mission première est justement de la garantir”, commente Roger Spautz de Greenpeace Luxembourg. Greenpeace demande au gouvernement luxembourgeois d’intervenir auprès des autorités belges et de demander la fermeture des réacteurs fissurés.

*********************