Les anguilles, espèce dont la disparition s'observe actuellement un peu partout dans les lacs et rivières européennes, sont contaminées par des substances chimiques produites par l'Homme.
Intitulé 'Swimming in Chemicals', le rapport de Greenpeace est
publié deux semaines avant que le Parlement européen et les
gouvernements des Etats membres ne décident de préserver notre
environnement de l'influence de ces substances chimiques
dangereuses en votant une législation (REACH pour enRegistrement,
Evaluation, Autorisation des substances Chimiques) visant à mieux
contrôler la chimie. Attendu le 17 novembre prochain au Parlement
européen, il reste à craindre que ce vote crucial ne reflète
l'intense effort de lobbying déployé par l'industrie pour affaiblir
cette proposition de loi européenne.
L'étude des anguilles européennes (Anguilla anguilla) est basée
sur des spécimens provenant de 20 rivières et lacs situés dans 10
pays de l'Union européenne (1). Elle révèle une contamination
particulièrement étendue par des retardateurs de flamme bromés
(BFR), un groupe de substances chimiques utilisées dans les
textiles, les plastiques et les appareils électroniques. La
dangerosité de ces substances fait l'objet de préoccupations de
plus en plus importantes.
Le fait que des substances chimiques dangereuses s'infiltrent
dans l'environnement n'empêche pas l'industrie de déployer des
efforts de lobbying intenses pour échapper à la perspective d'une
législation contraignante. Il est temps pour le Parlement européen
et les gouvernements nationaux de rendre l'industrie responsable
des substances chimiques qu'elle déverse dans l'environnement et de
protéger l'eau, la faune, la flore et les êtres humains de ces
substances chimiques dangereuses que l'on ne peut pas laisser en
héritage aux générations futures.
Le rapport permet d'établir que l'ensemble des anguilles pêchées
en Europe est contaminé par au moins un retardateur de flamme
bromé. Ce qui indique la dispersion à grande échelle de ce groupe
de substances chimiques dans les eaux européennes. Les
concentrations les plus élevées de retardateurs de flamme bromés
ont été trouvées dans les anguilles provenant de la Tamise au
Royaume-Uni. La plus haute concentration en PCB a été observée aux
Pays-Bas. C'est en Irlande que les concentrations les plus faibles
ont été détectées.
Les preuves s'accumulent quant aux effets négatifs des
retardateurs de flamme au brome pour l'homme et les espèces
sauvages. Deux des substances appartenant aux groupes de
retardateurs de flamme étudiés et retrouvées dans certaines
anguilles sont susceptibles de provoquer des effets neurologiques
permanents et d'influencer négativement le système hormonal. De
plus, les retardateurs de flamme bromés sont, dans l'ensemble, des
substances persistantes (ne se dégradent pas facilement) et
bioaccumulables (s'accumulent dans les tissus adipeux).
Greenpeace invite les gouvernements de l'Union européenne et le
Parlement européen à voter une législation imposant à l'industrie
d'identifier et de substituer les composés chimiques
problématiques. Le 17 novembre prochain le Parlement européen sera
appelé à voter la proposition de loi REACH. Il est de la
responsabilité de ses membres de voter en faveur d'un REACH
incluant le principe de substitution, prévoyant de remplacer les
substances chimiques dangereuses par des alternatives moins nocives
et prévoyant la mise à disposition de données permettant
d'identifier les substances les plus dangereuses et leurs
substituts (2).
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Notes:
(1) - Allemagne, Belgique, Espagne, France, Irlande, Italie,
Royaume-Uni, République tchèque, Pays-Bas, Pologne. Les anguilles
ont été confiées à Greenpeace par des pêcheurs ou des membres de la
communauté scientifique ou ont été achetées sur les marchés
locaux.
(2) - Deux étapes cruciales sont prochainement attendues dans le
processus législatif en cours: le 17 novembre, vote du Parlement
européen et le 29 novembre, adoption d'un accord sur la législation
par le Conseil de l'Union européenne . L'industrie chimique
bénéficie du soutien actif du Commissaire à l'industrie Verheugen
et s'efforce d'obtenir des exemptions qui permettraient de
continuer de produire et à commercialiser des substances chimiques
sans procurer des données de base quant à leur sécurité et impact
sur la santé. Si ces mesures étaient adoptées, cela mettrait à mal
la capacité de REACH de protéger efficacement l'environnement et la
santé.