Défendons nos océans: bilan des 3 derniers mois

Actualité - septembre 6, 2006
Voici le bilan du travail des derniers trois mois de notre expédition phare "Défendons nos océans". La jeune géographe luxembourgeoise Dorothée Herr, qui a embarqué sur l'Esperanza fin avril aux îles des Açores, témoigne de ses expériences à bord ainsi que de sa confrontation avec les réalités qui menacent nos océans.

Depuis novembre 2005 Greenpeace s'attache à observer et à rendre public les dangers auxquels nos océans doivent faire face de nos jours. L'action directe et la présentation des solutions sont le credo de Greenpeace. L'un des principaux objectifs de l'expédition est la création d'un réseau mondial de réserves marines couvrant 40% de la surface des océans.

Les Açores: La beauté sous-marine de nos océans et le succès du tourisme baleinier

Pendant la troisième étape de l'expédition "Défendons nos océans" l'Esperanza se trouvait autour du magnifique archipel des Açores, au beau milieu de l'Atlantique. A bord ne se retrouvait pas seulement un nouvel équipage de Greenpeace mais aussi des scientifiques du Fonds International pour le Bien-être Animal (IFAW) et de l'Université des Açores (UAC) ainsi qu'un équipement de haute technicité: un véhicule télécommandé capable de filmer par 300m de fond et une caméra pouvant filmer jusqu'à une profondeur de 1000 mètres. L'intérêt de ces appareils était de montrer la faune et la flore magnifiques des Açores.

Les monts sous-marins de cette région sont les mieux protégés des eaux européennes. Mais malheureusement beaucoup d'autres habitats des grands fonds subissent une autre destinée. Des pratiques de pêche destructrices telles que le chalutage de fond transforment ces magnifiques oasis en déserts stériles et morts. La nécessité de la création des réserves marines, qui implique la préservation de régions qui sont encore peu explorées, est indiscutable.

Durant cette même étape Greenpeace a également pu constituer de nouveaux documents photographiques des baleines. Ceux-ci ne vont pas seulement enrichir le catalogue de photo-identification de la région, géré par l'IFAW, mais ont pour but aussi de montrer que les baleines ont plus de valeur et d'intérêt quand elles sont vivantes que quand elles sont abattues. Greenpeace a pu confirmer que le concept de tourisme baleinier a un potentiel économique extraordinaire et est une alternative à la chasse baleinière.

Méditerranée: La surexploitation du thon rouge


En Méditerranée l'Esperanza a poursuivi son voyage dans les zones de pêche des thoniers senneurs. Le but était de documenter les activités néfastes de la pêche au thon rouge et de s'opposer aux pratiques industrielles d'élevage des thons rouges, responsables de la disparition programmée de cette espèce et de la fragilisation de tout l'écosystème méditerranéen.

Grâce à des repérages aériens et des équipements perfectionnés (radars et sonars) les thoniers senneurs se rendent sur les frayères (lieux de reproduction) et encerclent les bancs de thons rouges à l'aide de filets appelés sennes tournantes. Une fois capturés ces poissons sont transférés dans ces cages flottantes et remorqués jusque dans des "fermes d'élevage". C'est là qu'ils sont parqués pour être ensuite gavés jusqu'à ce que leur chair atteigne un taux de lipides suffisant pour le marché de la gastronomie japonaise.

Non contente de ravager une ressource qui a déjà perdu 80% de la biomasse de ses reproducteurs en 20 ans, et dont les quotas de pêche légaux explosent chaque année (+ 37% en 2005), l'industrie de la surpêche aux thons rouges engendre également la surpêche des petits poissons pélagiques à travers le globe. En effet, il est nécessaire de pêcher au moins 15 à 20 kg de poissons fourrage (céphalopodes, sardines, anchois…) afin de produire un kilo de chair grasse dans les fermes à thons. Cette "logique" de l'engraissage des thons rouges contribue ainsi fortement au pillage des ressources halieutiques au large de régions connaissant déjà des nombreuses difficultés économiques; c'est notamment la problématique majeure des eaux d'Afrique de l'Ouest qui sont régulièrement vidées par les pêcheries pirates.

De plus, l'introduction de cette nourriture exotique dans les cages de la Méditerranée augmente les risques de contamination des espèces locales et garantit une pollution fécale massive des écosystèmes ambiants.

Mer Rouge: une côte bétonnée?

Après avoir passé le Canal de Suez le navire s'est rendu en Egypte pour soutenir les activités d'un groupe environnemental local, l'Association de protection environnementale et de conservation de Hurghada (HEPCA, Hurghada Environmental Protection and Conservation Association).

Les côtes égyptiennes, reconnues par les plongeurs de tous les coins du monde pour ses récifs coralliens extraordinaires, sont déjà ou sont en train d'être transformées en zones d'habitation touristiques. Ce développement côtier anarchique met en péril l'existence de milliers de kilomètres de récifs frangeants (récifs coralliens bordant immédiatement la terre ferme).

Il reste heureusement des endroits où la situation est bien meilleure grâce à l'existence de réserves marines. Par exemple, le parc national Ras Mohammed est devenu un des lieux de plongée les plus courus au monde et son réseau de réserves marines, où les coraux et ses habitants y sont préservés, a permis une augmentation considérable des revenus liés au tourisme et à la pêche.

Mer de l'Inde: le bénéfice des réserves marines

Comme dans les ports de Barcelone et d'Hurghada (Egypte), l'Esperanza a reçu aussi pendant les journées porte-ouverte dans le port de Chennai (Inde) une grande affluence de centaines de visiteurs qui souhaitent s'associer à l'expédition.

Lors d'une conférence de presse à bord de l'Esperanza, Greenpeace a présenté un rapport intitulé 'Ecosystèmes côtiers et marins en Inde - Plans pour le futur' ('Indian Coastal and Marine Ecosystem - Planning for the Future'). Ce rapport, qui est le premier du genre à paraître en Inde, appelle à augmenter la protection de la diversité marine indienne et plus particulièrement les mangroves. Il insiste également sur l'importance du rôle joué par les écosystèmes côtiers et marins au niveau planétaire, et la vulnérabilité des communautés qui en dépendent.

Le but est d'inciter le gouvernement indien à prendre les mesures nécessaires afin de protéger légalement un large pourcentage d'habitats côtiers et marins, en collaboration avec les communautés de pêche locales.

Pendant tout ce trajet, Dorothée Herr s'est investie comme matelot bénévole à bord de l'Esperanza et a effectué différents travaux (lire son blog). Pendant les périodes de transit et sans programme d'action, le maintien du bateau était sa tâche principale: peindre, nettoyer, visser, fraiser,… "Un changement très radical mais bienvenu après cinq ans d'études à l'université", dit la jeune géographe diplômée. A part ces travaux d'entretien, l'entraînement aux actions en mer était aussi une toute nouvelle expérience pour elle. "Si on se trouve derrière la direction d'un des zodiacs, même si on n'est pas en action, le pouls bat un peu plus vite", explique Dorothée. Après plus de trois mois sur l'Esperanza, le maniement et la mise à l'eau des bateaux gonflables, la manœuvre d'atterrissage du grand navire ou la préparation des bannières d'action deviennent une routine. Certainement ce trajet était une expérience pour la vie, mais aussi une expérience qui lui a montré l'absolue nécessité de s'engager à défendre l'environnement et plus précisément nos océans.

Pour plus d'informations: Dorothée Herr: 661 198 141 Roger Spautz: 54 62 52 27 ou 621233361

Devenez Défenseur des Océans

Rejoignez-nous dans notre voyage et agissez pour défendre les océans!

Thèmes