Pour éviter tout débat au
sein de la Commission européenne, le Commissaire à la santé, M.
Dalli, en accord avec le Président Barroso a préféré utiliser en
catimini une démarche qui manque tout à fait de transparence, la
procédure dite « écrite », pour permettre l'autorisation de cette
pomme de terre. C'est-à-dire que chaque Commissaire avait trois
jours pour apporter ses objections par écrit contre l'autorisation
de la culture de la pomme de terre OGM en Europe. Apparemment,
aucun Commissaire européen n'a réagi dans les courts délais
impartis, ce qui a permis à M. Dalli de prononcer l'autorisation
avant la période d'ensemencement.
Madame la Vice-présidente, les organisations de l'Initiative
«Luxembourg sans OGM» sont stupéfaites et fortement déçues par
votre manque de réaction dans ce dossier. Vous ne vous êtes pas
prononcée publiquement contre la pomme de terre OGM et, d'après nos
informations, vous n'avez pas insisté auprès des autres
Commissaires, notamment auprès de M. Dalli, pour qu'ils refusent de
donner l'autorisation à la culture de cette pomme de terre OGM très
controversée. Que vous annonciez, deux jours après l'autorisation
de «Amflora», dans un courrier-réponse à une lettre qui vous été
envoyée le 11 février 2010 par une des organisations de
l'Initiative «Luxembourg sans OGM»: «...ma position sur la question
(des OGM) ne diffère pas de celle du Président José Manuel Barroso»
est incompréhensible. Il est inacceptable que la Commissaire
européenne proposée par le Gouvernement luxembourgeois - qui, lui
refuse les OGM - accepte de jouer le jeu des lobbies pro-OGM à
Bruxelles et soutient en connaissance d'évidences scientifiques
alarmantes relatives aux OGM et contre l'opinion des citoyennes et
citoyens la politique résolument pro-OGM du Président Barroso.
Dans la Charte «Luxembourg et Grande Région 2009 sans OGM» les
organisations de l'Initiative «Luxembourg sans OGM» demandent
notamment l'application du principe de précaution et l'adoption
d'un moratoire sur les nouvelles autorisations d'organismes
génétiquement modifiés au niveau de l'Union européenne. Nous tenons
à vous rappeler, Madame la Vice-présidente, qu'au Luxembourg 83%
des citoyennes et citoyens se sont prononcés contre l'utilisation
des OGM dans l'agriculture et la chaîne alimentaire, que déjà 86
communes se sont déclarées «commune sans OGM» suite à un vote dans
leurs conseils communaux et que le programme gouvernemental se
prononce clairement contre les OGM. Le gouvernement soutient toutes
les démarches en faveur de zones sans organismes génétiquement
modifiés et adopte le principe de précaution en matière d'OGM. Il
affirme aussi son soutien à l'Initiative «Luxembourg et Grande
Région sans OGM». En 2009, les citoyennes et citoyens du Luxembourg
vous ont exprimé leur confiance sur la base d'un programme
électoral qui se prononce contre les OGM et pour la protection de
la biodiversité. Votre décision à Bruxelles renie l'engagement que
vous avez pris sur ce point.
Que vous souteniez en tant que Vice-présidente de la Commission
européenne une politique résolument pro-OGM va à l'encontre du
choix des consommateurs de l'Union européenne qui refusent en
grande majorité les OGM. Il en est de même pour la plupart des
Etats membres, à commencer par le Luxembourg. Les ministres
luxembourgeois se battent avec engagement depuis des années dans
les différents conseils des ministres européens pour protéger les
consommateurs, les agriculteurs et l'environnement contre les
effets négatifs des OGM. L'Initiative «Luxembourg sans OGM»
encourage d'ailleurs le Gouvernement luxembourgeois à poursuivre
ses efforts au niveau européen.
Vous n'êtes pas sans savoir que la pomme de terre génétiquement
modifiée que vous venez d'autoriser à la culture partout en Europe
contient des gènes marqueurs résistants à certains antibiotiques.
L'Organisation Mondiale de la Santé et l'Agence européenne des
médicaments se sont toutes deux prononcées contre les marqueurs
utilisés dans la pomme de terre «Amflora» qui a recours à des
«antibiotiques d'importance critique» pour la santé humaine et
animale. La dissémination d' «Amflora» dans l'environnement
pourrait accroître la résistance des bactéries aux antibiotiques
notamment utilisés dans le traitement de maladies comme la
tuberculose. Bien que destinée à un usage industriel, il ne faut
pas être naïf. Les risques de dissémination incontrôlée, comme
vient de le montrer encore récemment le cas de la contamination OGM
du lin, existent aussi pour la pomme de terre OGM. En cas de
contamination OGM de cette filière agricole et alimentaire, les
conséquences économiques et sanitaires seraient dramatiques.
Madame la Vice-présidente, au cours des dernières semaines les
organisations de l'Intiative «Luxembourg sans OGM» vous ont fait
parvenir tous ces éléments et études relatifs à cette plante OGM.
D'après nos informations, c'est donc probablement en connaissance
de cause que vous avez soutenu le Président Barroso dans sa
poltique irresponsable en matière d'OGM et que vous avez contribué
à ce que la Commission européenne autorise la pomme de terre OGM
qui comporte d'énormes risques pour l'environnement, la santé des
consommateurs et l'avenir de l'agriculture. Face aux études qui
démontrent les effets négatifs à long terme des OGM sur la santé et
l'environnement, la politique affichée par la Commission européenne
d'autoriser de plus en plus d'OGM est un acte irresponsable. La
Commission n'a pas le droit de léser les agriculteurs et les
consommateurs européens au profit de quelques multinationales
productrices d'OGM.
Nous vous demandons instamment de respecter vos engagements et
de vous prononcer publiquement contre l'autorisation de nouveaux
OGM dans l'Union européenne et d'agir en conséquence. Nous vous
demandons également de communiquer dorénavant en toute transparence
et de vous concerter avec le Gouvernement luxembourgeois sur la
politique en matière d'OGM que vous allez défendre à l'avenir à
Bruxelles.
Les 29 organisations de l'Initative «Luxembourg sans OGM»:
Aide à l'Enfance de l'Inde, Association Solidarité Luxembourg
Nicaragua, ASTM, Attac Luxembourg, Bauerenallianz, bioLABEL
Lëtzebuerg, BIONA, Caritas Luxembourg, Demeter Bond Lëtzebuerg,
Église Catholique à Luxembourg, Ëmweltberodung Lëtzebuerg asbl.
(EBL), FCPT - SYPROLUX, FNCTTFEL - Landesverband, Fondation Hëllef
fir d'Natur, Frères des Hommes, GREENPEACE Luxembourg, Haus vun der
Natur, Initiativ Liewensufank, LCGB, Lëtzebuerger Natur- a
Vulleschutzliga, Lëtzebuerger Landesverband fir Beienzuucht, Life
asbl., Mouvement Écologique, OGBL, Slow Food Lëtzebuerg, SOS Faim
Luxembourg, Stroossekanner Sao Paulo a.s.b.l., TransFair - Minka
a.s.b.l., Union Luxembourgeoise des Consommateurs (ULC).