Lettre ouverte du directeur d’un club quelconque à Monsieur François Biltgen, ministre de Travail et de l’Emploi

Actualité - décembre 7, 2007
Monsieur le ministre, Permettez moi de réagir à vos propos tenus sur les ondes de la radio 100,7, ce mardi 4 décembre 2007. J’attendais de votre formation en droit et de votre ancienne carrière d’avocat une lecture plus objective et moins partisane de la loi du 25 novembre 2005 concernant l’accès du public en matière d’information environnementale.

Transparence à la Biltgen

Car si nul n'est sensé ignorer la loi et ne peut se placer au dessus d'elle, à plus forte raison, un ministre ne peut interpréter la loi suivant son bon vouloir.

Ainsi, en déclarant que vous étiez prêt à faire preuve de transparence envers les citoyens, votre mansuétude ne déniait cependant pas étendre cette largesse aux associations et autres organisations pourtant reconnues dans notre pays. Et surtout pas à celle qui avait commis le droit de lèse-majesté de vous adresser quelques impertinentes questions sur les sites classés Seveso.

Je vous rappelle donc que la Convention d'Aarhus ratifiée par le Luxembourg et transposée en droit national (loi du 31 juillet 2005 resp. loi du 1er décembre 2006) prévoit à son article 3 §4. que: «Chaque Partie (les Etats signataires) accorde la reconnaissance et l'appui voulus aux associations, organisations ou groupes qui ont pour objectif la protection de l'environnement et fait en sorte que son système juridique national soit compatible avec cette obligation.»

Ne vous en déplaise, il est loisible à mon «iergend engem Veräin» de vous poser les questions concernant des sujets environnementaux auxquelles nous souhaitons avoir une réponse et malheureusement pour vous, vous devez nous fournir les informations demandées. Sans compter que la Convention d'Aarhus prévoit aussi (…) que les  personnes qui exercent leurs droits conformément aux dispositions de la présente Convention ne soient en aucune façon pénalisées, persécutées ou soumises à des mesures vexatoires en raison de leur action (Art. 3 §8).

Monsieur le Ministre, laissez-moi vous donner un dernier conseil: lorsqu'une loi ne vous convient pas vous avez peut-être le pouvoir de proposer qu'on la change (bien qu'en l'espèce tout effort de votre part serait vain, la loi qui vous dérange étant la transposition d'une Directive européenne, elle-même reposant sur une Convention internationale) mais, en attendant vous avez le devoir de l'appliquer sans interprétation farfelue de votre part.

Dans l'attente d'un comportement plus digne et responsable de votre part, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l'expression de mes salutations les plus distinguées.

Paul Delaunois

Directeur de Greenpeace Luxembourg