Agriculture: De grands défis au Sud - Une grande coresponsabilité au Nord

Communiqués de presse - octobre 13, 2011
Luxembourg, 13 octobre 2011 – Au point de presse cet après-midi dans le locaux de l’ASTM, l’Initiative «Luxembourg sans OGM» (1), SOS-Faim et leur invité Souleymane Keita, maraîcher et membre du bureau de la Coordination des Organisations Paysannes (CNOP) du Mali, ont fait le point sur des problèmes majeurs auxquels les agriculteurs du Sud sont actuellement confrontés. Le phénomène de l’accaparement des terres (2) et la promotion des cultures OGM par de grandes multinationales posent de graves problèmes environnementaux et socio-économiques au Sud. L’Initiative «Luxembourg sans OGM» demande au gouvernement, d’intégrer systématiquement dans la politique de la coopération du Luxembourg, des mécanismes et mesures qui permettent de développer une agriculture durable dans le Sud et qui protègent les agriculteurs du Sud des effets négatifs des phénomènes tels que l’accaparement des terres, le brevetage du vivant et les OGM.

Cet automne les discussions autour de la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) entrent dans une phase décisive. Les orientations de la PAC vont définir en premier lieu l’avenir de l’agriculture européenne, mais auront inévitablement des répercussions sur l’agriculture mondiale et notamment du Sud. Changement climatique, souveraineté alimentaire, OGM, brevets sur le vivant, accaparement des terres, répartition équitable des ressources, des thématiques et défis auxquelles l’agriculture familiale se voit confrontée, aussi bien dans les pays du Nord que dans les pays du Sud. La politique pro-OGM de Commission européenne et le modèle d’agriculture qui y est lié, et qui se base sur l’utilisation de grandes quantités de pesticides et de fertilisants synthétiques, accélère le changement climatique, dégrade les ressources naturelles (sols, eau, biodiversité) et, par le jeu des brevets, met les petits paysans dans une situation de dépendance. Cette politique de la Commission européenne favorise également la concentration des moyens de productions dans les mains d’un nombre réduit d’entreprises agroalimentaires. Cela a notamment mené à une accélération du phénomène du «landgrabbing», c'est-à-dire de l’achat d’énormes surfaces arables dans les pays du Sud par des investisseurs étrangers, qui aggrave davantage la problématique de l’accès à la terre pour les petits paysans.

À travers des structures comme la CNOP (un des partenaires de SOS Faim), le mouvement paysan du Mali a par exemple décidé d’entamer des actions de mobilisation contre l’accaparement des terres. «Nous demandons à la Ministre de la Coopération, Marie-Josée Jacobs, de vérifier systématiquement que le Luxembourg mène une politique de coopération en faveur des petits agriculteurs au Sud. Ce serait inacceptable que le Luxembourg contribue, même indirectement, à des phénomènes d’accaparement des terres ou encore à l’introduction d’OGM dans les champs du Sud», déclare Linda Ortolani d’SOS-Faim Luxembourg. «Les exploitations familiales agricoles, représentées par les organisations paysannes, sont le pilier de l’économie malienne avec au moins 40% du PIB; pourvoyeuses à 80% de main d’œuvre nationale, elles doivent être au centre des politiques agricoles des gouvernements», souligne Souleymane Keita de la CNOP.

Le rapport sur la situation et l’avenir de l’agriculture mondiale (IAASTD – International Assessment of Agricultural Science and Technology for Development, 2008) est un des plus importants documents de référence en matière d’agriculture. Le rapport tire la conclusion que la seule option permettant de nourrir à l’avenir, sous des conditions climatiques changeantes une population mondiale croissante, est une répartition équitable des ressources et un modèle d’agriculture qui respecte le travail des agriculteurs et qui protège les ressources naturelles, notamment la biodiversité, l’eau et les sols. Le modèle d’avenir est une agriculture sans brevets sur le vivant, sans OGM et sans intrants chimiques.

«Les choix de la politique au niveau national ont aussi des répercussions sur le Sud. En soutenant la production de matières fourragères régionales et sans OGM nous pouvons contribuer à réduire les importations de matières fourragères, notamment du soja OGM, du Sud. Le label ‘sans OGM’ pour le lait, la viande et les œufs contribuera aussi à empêcher les cultures OGM dans le Sud. C’est aussi dans cette optique-ci que nous encourageons le gouvernement à conclure les travaux préparatifs du label ‘sans OGM’» déclare Maurice Losch, de l’Initiative Luxembourg sans OGM.

Contact:                       

Maurice Losch, coordinateur Initiative «Luxembourg sans OGM»

Tel.: 621 215 024 ; Email :

Linda Ortolani, Responsable éducation et développement, SOS Faim Luxembourg

Tel. 4909 9627; Email :

Notes:

(1) Les 30 organisations de l’Initiative «Luxembourg sans OGM»: Aide à l’enfance de l’Inde, Association Solidarité Luxembourg Nicaragua, ASTM, Attac Luxembourg, Bauerenallianz, bioLABEL Lëtzebuerg, BIONA, Caritas Luxembourg, Demeter Bond Lëtzebuerg, Église Catholique à Luxembourg, Ëmweltberodung Lëtzebuerg asbl. (EBL), FCPT – SYPROLUX, FNCTTFEL – Landesverband, Fondation Hëllef fir d’Natur, Frères des Hommes, CTF - Gaart an Heem, GREENPEACE Luxembourg, Haus vun der Natur / natur&ëmwelt, Initiativ Liewensufank, LCGB, Lëtzebuerger Natur- a Vulleschutzliga / natur&ëmwelt, Lëtzebuerger Landesverband fir Beienzuucht, Life asbl., Mouvement Écologique, OGBL, Slow Food Lëtzebuerg, SOS Faim Luxembourg, Stroossekanner Sao Paulo a.s.b.l., TransFair – Minka a.s.b.l., Union Luxembourgeoise des Consommateurs (ULC)

(2) Dans le cadre de l’édition 2011 du Cinéma du Sud, l’ASTM, Greenpeace Luxembourg et SOS Faim Luxembourg invitent à une soirée sur l’avenir de l’agriculture et notamment sur le phénomène de l’accaparement des terres au Sud, le jeudi 13 Octobre 2011 à 19h au Cinéma Utopia à Luxembourg-Limpertsberg. Le documentaire «Planète à vendre» (90 min. VO français) d’Alexis Marant montre à travers trois exemples sur trois continents, l’urgence d’agir. Pour plus d’information sur le festival «Cinéma du Sud», visitez www.cinemadusud.com.