Au Luxembourg, on n’a pas de pétrole mais on a Jeannot Krecké!

Communiqués de presse - octobre 10, 2007
«Ce gouvernement mène-t-il encore une politique cohérente pour protéger le climat?» se demande Greenpeace suite à l’annonce par le Ministre de l’Economie et du Commerce extérieur de l’installation au Luxembourg de la société "Young Energy Prize", spécialisée dans la prospection du pétrole et du gaz.

Les émissions des gaz à effet de serre produits par les industries polluent l'atmosphère et réchauffent le climat de la planète.

La conférence de presse donnée avant-hier par Monsieur Jeannot Krecké en compagnie de l'homme d'affaires russe Nikolay Bogachev est une preuve supplémentaire de la capitulation du Luxembourg face à la lutte contre les changements climatiques. S'il n'est pas nouveau que le Luxembourg refuse de réduire sa dépendance financière vis-à-vis du pétrole en continuant de favoriser le tourisme à la pompe, il est particulièrement choquant d'apprendre que ce gouvernement soutient ouvertement l'exploitation de  nouveaux champs de pétrole et de gaz en Afrique, Amérique latine ou au Moyen-Orient.

En effet, comment peut-on expliquer aux citoyens luxembourgeois à qui le gouvernement demande de faire des efforts pour réduire leur consommation en énergie et diminuer les émissions de gaz à effets de serre, à coup de plan national de réduction des émissions de CO2 (1), de campagne publicitaire et d'effets d'annonce, si dans le même temps, ce même gouvernement tient à favoriser des sociétés comme "Young Energy Prize", dont le seul objet est de mettre encore plus d'énergies fossiles sur le marché et donc d'émettre en final des gaz à effet de serre responsables des changements climatiques.

«Il faut clairement se demander quelle est encore la crédibilité de ce gouvernement en matière climatique. Pourquoi Jean-Claude Juncker signe-t-il encore des engagements internationaux et européens que son ministre de l'Economie s'évertue à ignorer?»  ajoute Paul Delaunois, directeur de Greenpeace Luxembourg.

En mars dernier, les 27 états membres de l'Union européenne, dont le Luxembourg, se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 20% et à porter la proportion d'énergie  renouvelable à 20% d'ici 2020.

Quel sera le discours de Monsieur Lucien Lux, dans quelques semaines à Bali, lors de la conférence des parties sur les suites à donner au protocole de Kyoto? Se ralliera-t-il comme son collègue Krecké, à la thèse du nouveau chouchou de la diversification économique luxembourgeoise, Monsieur Bogachev, qui prétend que les énergies alternatives ne représenteront que 6% en 2030, ou bien racontera-t-il une belle histoire sur le prétendu engagement sans faille du Luxembourg pour la protection du climat?

Le rapport «Energy (R)evolution - A sustainable World Energy Outlook» (2) présenté par Greenpeace au début de l'année a démontré que les énergies renouvelables pourraient satisfaire jusqu'à 35% des besoins énergétiques mondiaux d'ici 2030, pour peu qu'il y ait une volonté politique de promouvoir leur déploiement à grande échelle au niveau mondial dans tous les secteurs, combinée à des mesures d'efficacité énergétique de grande ampleur. Le rapport a souligné que l'évolution future des énergies  renouvelables dépendra fortement des choix politiques de la communauté internationale et de chaque gouvernement.  

Visiblement, le gouvernement luxembourgeois a décidé de ne pas faire ce choix et de tourner le dos aux solutions pour sauver le climat. Quoi qu'il fasse dorénavant, maintenant que le Luxembourg a troqué sa vertu climatique, qui ne pesait déjà pas bien lourd, contre quelques pétrodollars sonnants et trébuchants, ces ministres n'auront plus guère de crédibilité sur la scène internationale.

«Quand un gouvernement n'a pas de morale, on ne peut en attendre la moindre cohérence» conclut Paul Delaunois.

Other contacts:

Paul Delaunois; tel: 54 62 52 22 ou 621 49 30 14
Roger Spautz; tel: 54 62 52 27 ou 621 23 33 61

Notes:

(1) Le Plan national de réduction des émissions de CO2 prévoit entre autre une augmentation de diverses taxes sur les carburants routiers et sur les automobiles.

(2)Rapport complet en allemand: http://www.greenpeace.org/luxembourg/press/reports/globale-energie-r-evolution; version abrégée en farnçais: http://www.greenpeace.org/luxembourg/press/reports/r-evolution-energetique-vers