Le sommet de Cancun s’est achevé samedi. Il aura permis de sauver le processus de négociation multilatéral et international, mais pas encore le climat.
«On pouvait s’attendre au pire à Cancún, y compris la mort du processus international, si le scénario de Copenhague se répétait. Heureusement, les gouvernements ont montré qu’ils pouvaient coopérer et avancer ensemble. Même s’il s’agit ici d’un tout petit pas, c’est un petit pas dans la direction d’un accord mondial» a déclaré Paul Delaunois, directeur de Greenpeace Luxembourg. «Un accord mondial est désormais possible à Durban, en Afrique du Sud, dans un an. Mais nous aurons besoin de décisions courageuses qui aident les pays à construire une économie verte et tienne les pollueurs pour responsables.»
Activist throw delegates a lifeline as the Cancun climate talks enter their final day
La question clé du financement a progressé
Cet enjeu majeur est en progrès : les gouvernements ont mis en
place un fonds destiné à transférer les milliards dont les pays en
développement ont besoin pour lutter contre les changements
climatiques et la déforestation. Mais si le fonds est validé, le
mécanisme pour fournir l'argent nécessaire n'a pas été décidé.
C'est donc pour le moment une coquille vide!
Une volonté de réduire les émissions liées à la destruction des
forêts tropicales
Un mécanisme a été adopté: c'est la bonne nouvelle du sommet de
Cancún. Ce mécanisme prend en compte la préservation de la
biodiversité et les droits des populations vivant dans les forêts.
Mais, en l'état, le texte n'offre cependant pas toutes les
garanties d'efficacité et d'intégrité environnementales: une
disposition de l'accord pourrait permettre aux pays abritant les
grands massifs forestiers de ne sélectionner que certaines de leurs
forêts, au lieu d'une approche au niveau nationale, comme le
réclamaient les ONG environnementales. Cette disposition risque
donc de permettre de déplacer le problème de la déforestation d'une
région à l'autre du pays!
«Mais le meilleur aspect de cette décision est la suppression à
la référence au marché carbone, bien que les lobbyistes américains
et ceux des énergies fossiles se sont battus jusqu'au bout pour
maintenir ce point. À Cancún, ils ont perdu, ce qui est bon pour
les forêts et le climat!» poursuit Paul Delaunois.
Les grands pollueurs refusent de prendre leurs
responsabilités
«Des progrès plus significatifs auraient pu être réalisés, sans
le jeu néfaste des Etats-Unis, du Japon et de la Russie. Les
déclarations des japonais et des russes contre la prolongation du
protocole de Kyoto ont plombé le déroulement des négociations, et
les Etats-Unis sont arrivés à Cancún, comme à Copenhague, avec des
engagements faibles, alors que ce sont eux qui sont,
historiquement, responsables de la majorité des émissions ! Ces
trois pays ont constamment tiré vers le bas de nombreux volets des
négociations et jeté le doute sur le potentiel de la conférence»,
analyse Paul Delaunois.
Et le Luxembourg?
Le doute persiste toujours quant à la position du Luxembourg sur
l'objectif européen de réduction des émissions de gaz à effet de
serre. Bien que Jean-Claude Juncker s'était prononcé l'an dernier
en faveur des -30% en 2020, Claude Wiseler, ministre du
Développement durable et des Infrastructures, présent à la
conférence, s'est fait beaucoup plus discret que ses homologues
espagnol et portugais qui ont annoncé leur soutien au passage de
20% à 30%. Par cette annonce ces deux pays rejoignent le
Royaume-Uni, le Danemark et le Parlement européen, mais aussi plus
d'une quarantaine d'acteurs économiques majeurs tels qu'Unilever,
Allianz, Danone ou Google.
«Il est plus que temps que le Luxembourg annonce clairement ses
intentions. Il serait intolérable, alors que le Partenariat pour
le climat entre dans une phase cruciale, que le gouvernement décide
de freiner les ambitions climatiques de l'Europe. Nous ne voyons
qu'une alternative: le Luxembourg doit soutenir l'initiative du
passage de -20% à -30% de manière inconditionnelle!» ajoute
Martina Holbach, en charge de la campagne climat/énergie pour
Greenpeace Luxembourg.
Other contacts:
Paul Delaunois, tél. 621493014
Martina Holbach, tél. 621233362