Le Groupe Intergouvernemental d'experts sur l'Evolution du
Climat (GIEC) réuni à Paris a finalisé son dernier rapport
d'évaluation sur la science du changement climatique. Le rapport
conclut que la continuation de la tendance «business-as-usual»
conduira probablement à une augmentation des températures moyennes
globales de 1,1 à 6,4 degrés Celsius d'ici 2095 par rapport aux
niveaux de 1900-1999, causant plus de sécheresses, de vagues de
chaleur, d'ouragans plus violents, la fonte accélérée des calottes
glaciaires et l'augmentation rapide du niveau de la mer.
«La bonne nouvelle est que notre connaissance du système
climatique et de notre impact sur celui-ci s'est considérablement
améliorée. La mauvaise nouvelle est que plus nous en savons, plus
le futur apparaît précaire. Le message envoyé aux gouvernements ne
peut être plus clair, et le laps de temps pour agir se restreint
rapidement. Si le précédent rapport du GIEC était une sonnette
d'alarme, celui-ci est une sirène hurlante», commente Roger Spautz
de Greenpeace Luxembourg.
Les principaux résultats sont:
• Le niveau de confiance quant à l'influence humaine sur le
climat est désormais de 90%, soit bien plus que dans le précédent
rapport d'évaluation, et ce pour l'ensemble des régions du monde.
• La «sensibilité» du climat, c'est-à-dire comment le système
climatique répond à un doublement des émissions de gaz à effet de
serre (GES) dans l'atmosphère par rapport aux niveaux pré-
industriels a été revue à la hausse. Auparavant, la meilleure
estimation de réchauffement associé à un doublement des GES était
de 2,5°C, elle a été portée à 3°C.
• La fourchette de réchauffement attendue d'ici 2100 si les
émissions ne sont pas réduites a été largement confirmée: 1,8°C à
6,4°C d'ici 2095 au-dessus des niveaux de 1900 à 1999 (1).
• Il est probable d'avoir des cyclones tropicaux plus intenses,
un résultat qui n'avait pas pu être atteint dans le troisième
rapport d'évaluation. Les augmentations de l'intensité observées
sont fortement corrélées à l'augmentation de la température des
autres surfaces, comme prévu.
Les calottes glaciaires de l'Antarctique et du Groenland
contribuent substantiellement (environ 15%) à l'élévation observée
du niveau de la mer sur la période 1993-2003. Néanmoins, les
modèles disent que la calotte glaciaire de l'Antarctique devrait en
fait augmenter sous l'effet d'un accroissement des précipitations
sur ce continent. Cela signifie que les modèles ne peuvent
expliquer l'accroissement de la perte des glaces spécialement en
Antarctique et ne prennent pas complètement en compte la fonte
rapide et la décharge des glaces du Groenland. Donc, bien que nous
sachions que l'élévation du niveau de la mer va être probablement
plus important, il est très difficile de la quantifier pour
l'heure.
Un réchauffement de 1,9 à 4,6°C au-dessus des niveaux pré-
industriels aboutirait à la disparition de fait de la calotte
groenlandaise, si la tendance se poursuit sur une période de mille
ans ou davantage. Le niveau de la mer s'élèverait alors de 6 à 7
mètres. Le rapport conclut également que les prévisions de
températures au Groenland sont comparables à celle de la période de
réchauffement d'il y a 125 000 ans, quand le niveau des mers était
4 à 6 mètres plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui.
«Nous devons maintenir l'augmentation moyenne de la température
globale en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré- industriels
pour éviter des impacts climatiques catastrophiques. Pour cela, les
émissions globales doivent atteindre leur pic avant 2020 pour
décroître ensuite rapidement», ajoute Roger Spautz.
La semaine dernière Greenpeace avait publié un nouveau rapport,
"
[R]évolution énergétique", un scénario détaillé visant à
diminuer les émissions de C02 mondiales de près de 50% d'ici 2050
tout en permettant l'augmentation de la consommation d'énergie et
la croissance économique.
Other contacts:
Roger Spautz; tel: 54625227 ou 621233361
Notes:
(1) Cette fourchette est comparable à celle énoncée dans le troisième rapport d’évaluation du GIEC pour les mêmes scénarios, soit 1,4 à 5,6°C d’ici 2100 au-dessus des niveaux de 1990. Néanmoins, elle ne peut être comparée directement avec la nouvelle fourchette, car les méthodes utilisées sont différentes de même que la période de temps considérée. La nouvelle fourchette couvre l’augmentation des températures pour la décennie 2090-2099 au-dessus des niveaux moyens de la période 1900-1999, alors que le troisième rapport d’évaluation compare l’élévation des températures en 2100 aux niveaux de 1990.