Apparaissant au Canada pour la première fois en 1971, Greenpeace
est aujourd'hui une des ONG les plus puissantes au monde. A son
tout premier combat, la protestation contre les essais nucléaires,
toute une série de campagnes se sont ajoutées : de la protection
des baleines et des océans, à la préservation des forêts et de la
biodiversité, de la dénonciation des pollutions chimiques à
l'application du principe de précaution. Greenpeace est aussi
devenu un acteur important de la protection du climat et de la
promotion du développement durable.
40 ans après le premier exploit d'un groupe d'idéalistes
Nord-américains qui s'étaient embarqués sur le Phyllis Cormack, un
petit navire de pêche, pour empêcher des essais nucléaires des
Etats-Unis au large de l'île d'Amtchika dans la mer de Bering,
Greenpeace est sur tous les fronts de la préservation de notre
environnement. Avec 28 bureaux nationaux ou régionaux, présente
dans plus de 40 pays sur les cinq continents, avec près de 2000
employés et un budget annuel mondial de 200 millions d'€,
uniquement réunis grâce au soutien de ses 2,8 millions de membres
donateurs, Greenpeace est un acteur incontournable et respecté des
questions environnementales globales.
A côté de ses stratégies «coup de poing médiatiques» et de la
justesse de ses combats, pour comprendre l'envergure planétaire
qu'a pu acquérir cette organisation, il faut remonter au milieu des
années quatre-vingt. Il y a eu bien sûr, l'attentat contre le
Rainbow Warrior, en 1985, qui a été un choc énorme dans l'opinion
publique et aussi au niveau de l'organisation. «Il y a eu cette
prise de conscience que Greenpeace avait le pouvoir et les moyens
de déranger vraiment» précise Paul Delaunois, directeur de
Greenpeace Luxembourg. Et puis l'année suivante, l'accident de
Tchernobyl a été un autre choc, tout aussi énorme dans l'opinion
publique. «Après Tchernobyl, les gens ont enfin reconnu, peut être
pour la première fois, du moins à ce niveau de conscience
collective, que nous avions raison de critiquer la sécurité
nucléaire».
Dans le cadre de cet anniversaire, Greenpeace Luxembourg a
invité Manuel Pinto, qui participe depuis plus de 20 ans aux
actions que Greenpeace mène dans le monde. Il est devenu depuis
quelques années, le responsable des opérations maritimes auprès de
Greenpeace international.
«J'ai participé en tant qu'activiste à un très grand nombre de
campagnes et d'actions sur le terrain, comme p.ex. à Moruroa contre
les essais nucléaires français, au Brésil pour la protection de la
forêt amazonienne, et bien sûr en Europe» expose Manuel Pinto.
«J'adhère depuis toujours et complètement aux valeurs de
Greenpeace: les actions directes, spectaculaires et non violentes
et la désobéissance civile qui est justifiée par la destruction de
notre environnement. Ces actes, menés par des volontaires ont
permis de développer un contre-pouvoir qui est vraiment très
important».
Greenpeace peut se féliciter d'un grand nombre de victoires et
d'être à l'origine de nombreuses lois, réglementations et traités
environnementaux: du moratoire sur la chasse commerciale à la
baleine votée par la Commission Baleinière Internationale en 1982
à l'interdiction des filets dérivants en 1989 en passant par
l'interdiction de l'immersion des déchets industriels et
radioactifs dans les océans en 1993. A la suite de l'occupation de
la plateforme de forage Brent Spar pendant plusieurs semaines,
Greenpeace a imposé, en 1995, à Shell de modifier son projet de la
couler en Mer du Nord.
Son impact sur les sociétés et les gouvernements est donc bien
réel.
En 40 ans, Greenpeace a aussi diversifié ses moyens d'actions.
L'organisation agit aussi régulièrement au niveau juridique et
parvient à faire évoluer la jurisprudence. Par exemple, il y a deux
ans, Greenpeace a remporté une victoire significative devant les
tribunaux de la Grande-Bretagne. A l'origine, six activistes
avaient escaladé la cheminée d'une centrale électrique à Kingsnorth
pour protester contre la construction d'une nouvelle centrale au
charbon sur le site. Dix mois plus tard, en octobre 2009, les
activistes ont été acquittés de toutes les charges qui étaient
retenues contre eux. Le jugement fait état que leurs actions
étaient justifiées pour empêcher les dommages dus au changement
climatique qui seraient bien supérieurs à ceux qu'ils avaient causé
à la société Eon Energy. À la suite de cette décision, la société
Eon Energy a déclaré qu'elle abandonnait son plan d'extension de la
centrale.
Et si les actions spectaculaires continuent d'être la marque de
fabrique de Greenpeace, les nouveaux moyens de communication comme
Internet font aussi partie du portfolio des outils de campagne de
l'organisation. En mars de l'année dernière, Greenpeace visait la
multinationale Nestlé pour lui demander de renoncer à acheter de
l'huile de palme à une société reconnue comme responsable de la
destruction de la forêt tropicale en Indonésie. Une vidéo publiée
sur YouTube illustrait une personne dont la barre de chocolat Kit
Kat qu'elle dégustait se transformait en un doigt d'orang-outan. Ce
canular a fait un buzz, surtout à partir du moment où Nestlé a
demandé de l'enlever du réseau de vidéos en ligne. Les @ctivistes
on-line de Greenpeace l'ont alors répercutée sur la toile,
entraînant des millions de visionnages. Résultat, Nestlé a plié. La
semaine dernière, Greenpeace a lancé une nouvelle attaque sur le
web. Cette fois, c'est l'entreprise Mattel, fabricant de Barbie qui
est sous les feux de l'organisation, toujours pour la même raison,
la déforestation de l'Indonésie.
Cependant après 40 ans d'engagement, Greenpeace a encore du pain
sur la planche. «Le changement climatique est une menace très
grande et très réelle pour la planète. Nous avons besoin de
développer rapidement une solution à l'échelle mondiale et cette
solution passera par le développement des énergies renouvelables au
Luxembourg, en Europe et partout dans le monde» expose Paul
Delaunois. Si convaincre les gouvernements, les investisseurs et
les entreprises à l'argument des renouvelables sera probablement le
plus grand défi de Greenpeace de la prochaine décennie, c'est loin
d'être le seul. Du contrôle de la surpêche, à l'éradication des
produits toxiques utilisés dans l'industrie, de la protection des
forêts, à l'interdiction des cultures OGM, les atteintes à
l'environnement sont si importantes que Greenpeace n'est pas prête
de se retrouver au chômage.
«D'ailleurs, quand les gouvernements ou les grandes
multinationales font jour après jour des déclarations sur leurs
politiques soit disant environnementales, il faut bien qu'il y ait
quelqu'un pour les confronter avec la réalité de leurs actions.
Nous avons tous besoin d'une organisation indépendente qui est bien
informée et qui est capable d'analyser cette réalité devenue très
complexe, mais qui surtout n'aura pas peur de s'exprimer haut et
fort et de se faire entendre. Quand nous pensons à une telle
organisation, nous ne pouvons penser qu'à Greenpeace» conclut
Manuel Pinto.
Other contacts:
Manuel Pinto, Greenpeace International, GSM (+31) 6 2900 1147
Paul Delaunois, Greenpeace Luxembourg, Tél. 54 62 52 22 ou GSM 621 49 30 14
Daniela Pichler, chargée de communication, Tél. 54 62 52 28 ou GSM 621 25 21 99