Luxembourg: très mauvaise note sur l´index de performance climatique

Le „Partenariat pour le climat“ n´a toujours pas apporté de percée dans la politique climatique nationale

Communiqués de presse - décembre 8, 2010
Les piètres performances de la politique du Luxembourg en matière de protection du climat sont à nouveau épinglées dans le rapport „Climate Change Performance Index 2011“ (1). Ce rapport qui compare les politiques climatiques des 57 pays qui sont responsables pour plus de 90 pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre, a été présenté hier à Cancún par les organisations Germanwatch et Climate Action Network Europe. Le Luxembourg figure au rang 51 (sur 57) de l´index et fait partie d´un groupe de 13 pays dont la politique climatique est considérée comme «très mauvaise». Ce groupe comprend également deux autres membres de l'UE, la Pologne et la Bulgarie, ainsi que les grands pollueurs comme les États-Unis, la Chine et la Russie. Fin novembre, dans l´étude „Climate Policy Tracker“ du WWF, le Luxembourg avait déjà été identifié comme un des pays de l’UE dont la politique climatique est la plus en retard.

Greenpeace flies a hot air balloon over Chichen Itza © Luis Pérez / Greenpeace

"L'écart de perception en termes de politique climatique nationale ne pourrait pas être plus grand. Alors que des études indépendantes donne de très mauvaises notes au Luxembourg en ce qui concerne sa politique climatique, les deux ministres en charge du développement durable Claude Wiseler et Marco Schank ont exprimé, dans une interview (3) leur conviction que le "Partenariat pour le Climat" fonctionnait "très bien"", a déclaré Martina Holbach, chargée de la campagne climat et énergie de Greenpeace Luxembourg. «Malheureusement, nous estimons qu'il existe un risque très élevé que le Partenariat pour le Climat n'aboutisse qu'à la justification de la poursuite de la politique climatique actuelle, alors que les ONG attendaient de ce processus qu'il déclenche les réformes urgentes et nécessaires qui permettent de guider le Luxembourg vers un avenir sans combustibles fossiles."

Si Greenpeace approuve l'idée du Partenariat pour le Climat, -un processus dans lequel les ministères, les municipalités, les ONG, les syndicats et les fédérations patronales discutent ensemble sur la future politique climatique et énergétique du pays- l'organisation de protection de l'Environnement désapprouve l'orientation des débats menés dans les différents groupes de travail : bâtiment/logement, transport/mobilité et énergie/éco-technologies, qui se limitent, pour l'instant, à la mise en place de mesures "ponctuelles" en vue d'établir le deuxième "plan national d'action CO2". D'après Greenpeace, il serait préférable de définir en premier lieu une vraie stratégie climatique et énergétique fixant des objectifs contraignants à moyen et à long terme.

Pour répondre aux exigences du GIEC pour limiter l'augmentation de la température mondiale en dessous du seuil critique de 2°C, les pays industrialisés doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020 de 25-40% et d'ici 2050 de 80-95%.

"Depuis que le Partenariat pour le climat a démarré en juin dernier, les ONG n'ont cessé d'interpeller le gouvernement pour qu'il propose des chiffres concrets : combien de millions de tonnes de gaz à effet de serre doivent être réduites par les actions menées au niveau national d'ici 2020, respectivement d´ici 2050? Mais nous ne sommes pas entendu. Pourtant, ceci aurait permis aux groupes de travail de développer des stratégies sectorielles axées sur des objectifs clairement définis», a précisé Martina Holbach. "Nous ne savons pas quel sera l´effet "climatique" des mesures en cours de discussion. En outre, quelques sujets sont toujours tabous, tels que le tourisme à la pompe et les industries à forte intensité énergétique, même si ces deux secteurs sont les deux plus gros émetteurs de CO2 du pays et responsables pour plus de 60% des émissions. Sans compter qu'un coup d'oeil au budget de l'Etat pour les années 2010-2014 nous donne toutes les raisons de craindre que le gouvernement luxembourgeois a l´intention de continuer avec sa politique d´achat des crédits d'émission. Le Luxembourg envisage de dépenser dans les quatre prochaines années plus qu'un demi milliard d'euros à l´étranger. Ce qui veut dire que cet argent ne sera tout simplement plus disponible pour des investissements et la mise en oeuvre de mesures de protection du climat au Luxembourg."

Greenpeace demande qu´en matière de protection du climat, le gouvernement ne se limite pas à la préparation d´un deuxième plan d'action CO2. Le Partenariat pour le Climat devrait obtenir un mandat pour trancher sur les questions fondamentales à savoir définir comment le pays peut se développer face aux changements climatiques et à une pénurie prévisible des ressources énergétiques, dans une société moderne et pauvre en carbone.

Other contacts:

Martina Holbach, tél. 54625224 / 621233362

Notes:

(1) www.germanwatch.org/ksi (en langue allemande) ou http://www.germanwatch.org/ccpi.htm (en langue anglaise)
(2) www.climatepolicytracker.eu
(3) Luxemburger Wort du 4 décembre 2010, page 7, interview avec les ministres Wiseler et Schank